Le samedi 14 octobre à midi, une éclipse partielle sera visible au Québec. Les astronomes amateurs profiteront de cet évènement pour se préparer à l’éclipse totale qui aura lieu en avril prochain – un phénomène que Montréal n’a pas connu depuis 1932.

Éclipse partielle

L’éclipse de samedi verra 15 % du Soleil caché par la Lune à Montréal. « Ça arrive très souvent, mais on s’en sert comme répétition générale pour l’éclipse totale d’avril », indique Jasmin Robert, directeur de la Fédération des astronomes amateurs du Québec (FAAQ). « Ce sera quand même un beau spectacle samedi, comme ça survient à un moment où les gens sont en congé. » Comme à l’habitude, il faut utiliser des lunettes de protection pour ne pas endommager ses yeux si on veut regarder l’éclipse partielle.

Éclipse totale

L’éclipse du 8 avril prochain sera totale dans la moitié sud de Montréal, et visible dans son entièreté dans les Cantons-de-l’Est. La bande où l’éclipse sera totale mesurera 200 km. « Pendant une demi-heure, il fera nuit », explique Marc Jobin, astronome au Planétarium de Montréal. « C’est impressionnant, la faune change de comportement. » M. Jobin a été témoin de 10 éclipses totales dans sa vie, la dernière en 2012 au Nouveau-Mexique. « Je devais aller en voir une en 2020 en Argentine, mais il y a eu la pandémie. »

Éclipse annulaire

Contrairement à celle d’avril, l’éclipse de samedi sera annulaire, c’est-à-dire que la Lune ne couvrira pas tout le Soleil. « Il faut que la Lune soit assez proche de la Terre pour cacher le Soleil », dit M. Jobin. Ce ne sera pas le cas samedi. L’orbite lunaire est en effet légèrement elliptique, ce qui fait qu’il y a une différence de 50 000 km entre le moment où la Lune est la plus proche de la Terre et le moment où elle en est le plus loin. Et comme la Lune s’éloigne de la Terre de 38 millimètres par année, d’ici un demi-milliard d’années, il n’y aura plus d’éclipse totale, note M. Jobin. Ce qui est quand même un tantinet long…

PHOTO TIRÉE DU SITE DU PLANÉTARIUM

Marc Jobin, astronome au Planétarium de Montréal

Christophe Colomb

En 1504, Christophe Colomb a utilisé ses connaissances astronomiques pour prédire une éclipse lunaire et impressionner ses hôtes autochtones en Jamaïque. Le stratagème a été repris en littérature, notamment par Mark Twain dans A Connecticut Yankee in King Arthur’s Court et Hergé (pour une éclipse solaire) dans Le temple du Soleil.

Application

La FAAQ a lancé une application pour téléphone, Mon Éclipse, qui pourra être utilisée pour mieux planifier l’observation de l’éclipse partielle de samedi. « En avril, on va avoir trois sites pour observer l’éclipse, on va pouvoir accueillir des milliers de personnes », indique M. Robert. Le Planétarium de Montréal prévoit distribuer un demi-million de lunettes d’observation pour l’éclipse d’avril. « Quand la Lune cache complètement le Soleil, on n’a pas besoin de lunettes, mais au début et à la fin, il faut en avoir », dit M. Jobin. Le 8 avril, la Lune recouvrira entièrement le Soleil un peu plus de 3 minutes au centre du passage de l’éclipse totale.

Hôtels

En Estrie, les hôtels directement situés sous l’éclipse d’avril ont des réservations inhabituelles. Le Manoir Hovey, à North Hatley, affiche ainsi déjà complet pour le dimanche 6 et le lundi 7 avril, selon son directeur général, Jason Stafford. « On est souvent complet même la semaine, mais les réservations sont arrivées très tôt, dit M. Stafford. Il faut dire qu’on s’était préparés, on va avoir des lunettes pour nos clients. »

NASA

Pendant l’éclipse de samedi, la NASA lancera trois fusées dans l’atmosphère pour mesurer sa perturbation par l’éclipse. Cette mission est nommée Perturbations atmosphériques dans le sillage de l’éclipse, ou APEP, ce qui est en anglais le nom du dieu égyptien de la nuit, Apophis.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

Des ingénieurs préparent l’une des trois fusées qui seront lancées par la NASA pour étudier l’impact de l’éclipse de samedi sur l’atmosphère.

Une version précédente de cet article indiquait que Christophe Colomb avait prédit en 1504 une éclipse solaire.

Consultez le programme de samedi au campus MIL
En savoir plus
  • 1972
    Dernière éclipse totale au Québec, visible à Baie-Comeau et à Cap-Chat
    SOURCE : Planétarium de Montréal
    1963
    Avant-dernière éclipse totale au Québec, visible à Trois-Rivières
    SOURCE : Planétarium de Montréal