Même si Gabrielle Dufresne-Élie avait pris ses distances, Jonathan Mahautière appelait chez sa copine de 10 à 15 fois par jour dans les semaines précédant sa mort. « Leur relation était assez mouvementée. Elle avait commencé à s'éloigner de lui », a raconté mercredi la mère de l'adolescente de 17 ans, étranglée par l'accusé dans un motel de la rue Sherbrooke il y a quatre ans.

« Jonathan Mahautière », souffle Marlène Dufresne, la voix tremblante, en nommant pour la première fois l'accusé au début de son témoignage. « Elle voulait l'aider... elle l'aimait beaucoup », résume-t-elle. Au troisième jour du procès pour meurtre non prémédité de l'homme de 22 ans, la mère de Gabrielle Dufresne-Élie a dépeint sa fille comme une adolescente studieuse et « inséparable » de sa soeur jumelle.

« Je reviens, ce sera pas long », a lancé Gabrielle à sa mère, le matin du 7 juin 2014. Marlène Dufresne ne se doutait pas alors qu'elle ne reverrait plus jamais sa fille en vie. Ce soir-là, Jonathan Mahautière a étranglé l'adolescente de ses mains vers 23 h dans une chambre du motel Chablis, un fait admis par la défense. Selon la théorie de la Couronne, Gabrielle avait annoncé à l'accusé en pleine thérapie de couple quelques heures plus tôt qu'elle voulait mettre fin à leur relation.

En fin de soirée, Marlène Dufresne a commencé à s'inquiéter de l'absence de sa fille, alors que celle-ci respectait toujours son couvre-feu de 22 h 30. Elle a signalé la disparition de sa fille aux policiers et leur a indiqué qu'elle était avec son « ex » et qu'il était « perturbé ». Les policiers ont fini par se présenter chez elle en lui montrant une photo qui a fait chavirer sa vie. « Je ne la reconnaissais même pas, elle était gonflée... c'était pas ma fille. C'est peut-être une erreur ? », raconte-t-elle en pleurant.

PROBLÈMES D'ANXIÉTÉ

Deux jours plus tôt, Jonathan Mahautière avait fait une scène à la fin de la collation des grades de sa copine. Il avait alors « tassé » Chloé, la jumelle de Gabrielle, pour s'asseoir dans la même voiture que sa petite amie. « [Gabrielle] n'était pas contente. Elle lui a demandé de partir parce qu'elle avait un examen », se remémore Marlène Dufresne.

Marlène Dufresne a remarqué dès janvier 2014 que Jonathan Mahautière semblait avoir des problèmes d'anxiété. Ce dernier lui avait d'ailleurs demandé de l'accompagner pour voir un thérapeute quelques semaines avant le meurtre. Comme elle se remettait d'une opération, elle avait décliné l'invitation. Elle avait toutefois contacté des établissements de « crise » et d'aide aux adolescents dans la région de Lanaudière. Vers la même période, Marlène Dufresne avait appris par hasard que l'accusé, même à 17 ans, était en fait en première secondaire.

Dès le début de sa relation, à l'automne 2012, le jeune couple a vécu une épreuve difficile. À seulement 15 ans, Gabrielle a dû se faire avorter, a révélé Marlène Dufresne. Seuls sa mère, ses deux soeurs et l'accusé étaient au courant de ce secret, explique-t-elle.

Son contre-interrogatoire se poursuit ce matin.

Photo tirée de Facebook

La victime Gabrielle Dufresne-Élie

Photo La Presse

Jonathan Mahautière, accusé de meurtre non prémédité