Le Conseil de discipline du Barreau du Québec vient d'infliger un revers à Me Anne-France Goldwater, accusée d'avoir violé le secret de la médiation familiale entre Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder.

Fin 2016, l'avocate et animatrice de télévision est intervenue à la radio pour expliquer les motifs qui l'avaient poussée à accepter de représenter M. Péladeau. Or, une entente de confidentialité liait alors les ex-conjoints.

C'est le camp Snyder qui a déposé une plainte auprès de l'ordre professionnel.

Au début de l'été, Me Goldwater a tenté de faire rejeter les procédures disciplinaires contre elle avant même que la plainte ne soit étudiée sur le fond.

« Seule une audition sur culpabilité permettra au Conseil de discipline de prendre la pleine mesure des motifs de contestation de la plainte de Me Goldwater et de déterminer si ses propos violent les principes de moralité et d'éthique propres à la profession d'avocat », lui a répondu la présidente du Conseil dans une décision qui vient d'être rendue publique.

L'avocate plaidait que l'entente de confidentialité du couple « n'interdi[sait] pas de mentionner l'existence de la médiation » et que, « dans le pire des cas, [elle] aurait fait une erreur de jugement en s'adressant au public, mais non une faute déontologique ».

La syndique chargée du dossier faisait plutôt valoir que c'est lors d'une audition sur le fond de l'affaire que ces questions pourraient être débattues, pas avant. Elle a eu gain de cause.

« Je n'ai pas dit un mot quant au contenu du "différend", a réagi hier Me Goldwater dans un courriel à La Presse. Je ne peux pas imaginer qu'il y a un citoyen dans toute la province qui ne savait pas tous ces faits avant, pendant et après. »

PÉLADEAU, « UN EXEMPLE EN OR »

Les propos au centre du dossier ont été tenus le 15 septembre 2016, dans une entrevue au 98,5 FM. Me Anne-France Goldwater, surtout connue pour défendre des femmes, y expliquait que c'était en voyant les circonstances de la démission de M. Péladeau de la tête du Parti québécois (PQ) qu'elle avait accepté de le défendre.

« Je me suis dit : voilà un exemple en or à mettre devant la place publique, devant les tribunaux - si ça devrait être là, parce que, bien entendu, nous sommes en médiation -, [pour] mettre en relief quels sont les défis dans l'ère moderne, pour les femmes, de se retrouver à la tête de leur pays et patrie », a-t-elle dit. « Il n'avait pas le choix s'il voulait maintenir son rôle parental. Le choix était peut-être cruel, mais voilà. Il a fait le genre de sacrifice que des femmes font depuis le début des temps. »

Le même jour paraissait une entrevue avec l'avocate sur le site d'un média spécialisé en affaires juridiques, dans laquelle elle reprenait essentiellement le même message.

Le camp Snyder a ensuite déposé une plainte contre l'avocate. La plainte a d'abord été refusée par le Bureau du syndic du Barreau du Québec, avant d'être acceptée en révision.

Me Goldwater et Pierre Karl Péladeau ont eux-mêmes eu maille à partir dans la foulée de la séparation, alors que l'avocate a poursuivi son ex-client pour 92 000 $ d'honoraires en litige. Une entente a été conclue dans cette affaire.

L'avocate n'en est pas à sa première apparition devant le Comité de discipline du Barreau du Québec. En 2013, elle avait été réprimandée pour avoir dit à un autre avocat de « manger de la marde », en plus d'ajouter que son « client [avait] un zizi trop petit pour satisfaire sa femme et qu'en plus, il [était] trop cheap ».