Le psychopathe Evgueni Mataev devra rester dans un pénitencier canadien pendant encore au moins deux ans. La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) refuse d’accorder la libération conditionnelle au dangereux criminel, même s’il semble assuré d’être renvoyé dans sa Russie natale.

« La Commission ne peut perdre de vue que les armes à feu, le contrôle et les menaces sont banals à vos yeux et que le plaisir instantané et l’argent facile sont des éléments d’une importance capitale à votre vie. Compte tenu de la gravité de vos crimes, la Commission doit user de prudence », ont conclu jeudi les commissaires.

Détenu depuis 2011, l’homme de 48 ans purge depuis 2016 une peine à durée indéterminée comme délinquant dangereux. Cette peine rarissime est réservée aux pires criminels du pays. Criminel de carrière, Evgueni Mataev avait été reconnu coupable en 2014 de proxénétisme et de voies de fait graves. Il avait toutefois été acquitté de traite de personnes et de tentative de meurtre.

Ses crimes sont particulièrement sordides. Le psychopathe a soumis une jeune Américaine à d’immondes sévices sexuels pendant des mois en 2010 et 2011 à Montréal. La jeune femme, qu’il traitait comme son esclave sexuelle, a notamment été violée par 30 à 40 hommes dans un viol collectif.

Un soir, Evgueni Mataev a poignardé un homme dans le cou parce qu’il était furieux qu’il ait eu une relation sexuelle avec la victime. « Tu vois ce que je fais quand on me fait quelque chose ? Tu vois ce dont je suis capable ? », hurlait alors Mataev. C’est la jeune femme qui a dû nettoyer la flaque de sang.

Mercredi, lors de sa première audience de libération depuis des années, Evgueni Mataev a nié que la victime avait été violée. « Non », a-t-il répondu, avec un rictus moqueur. « J’ai fait de mauvais choix. J’ai fait des erreurs. Mon état d’esprit n’était pas bon à ce moment-là », s’est-il vaguement justifié.

Réfugié tchétchène, Evgueni Mataev est arrivé au Canada à 21 ans en 1997. Depuis, il a adopté une « vie parasitaire » basée sur la drogue et la criminalité, selon les commissaires. Selon les archives de La Presse, Mataev a été accusé de meurtre en 1998 à la suite d’une cavale de deux mois. Nous n’avons toutefois trouvé aucune trace de cette affaire au plumitif judiciaire.

Même en détention, Evgueni Mataev a poursuivi ses activités illégales. Il est un « joueur important », voire le « chef de bande » (ringleader) d’un groupe de détenus impliqués dans la contrebande de drogue et de cellulaire par drone. En plus d’être sanctionné à une trentaine de reprises pour des activités illégales, il a été impliqué dans trois évènements violents derrière les barreaux.

Selon son avocat, MPierre Tabah, il est « certain à 100 % » que Mataev sera expulsé du Canada s’il obtient sa libération conditionnelle. Visé par une mesure d’expulsion depuis 2003, Mataev n’a pas été renvoyé pendant toutes ces années parce que Moscou refusait de le reconnaître comme un citoyen russe. Ce n’est plus le cas, selon MTabah.

Or, Evgueni Mataev présente un risque toujours indu pour la société, selon les commissaires, et ne peut ainsi être mis en liberté. La CLCC souligne sa « violence persistante » et son risque de récidive comme facteurs pertinents pour justifier sa détention.

Mataev pourra faire une nouvelle demande en novembre 2023.