Giovanni Bucchianico a été tué devant sa famille lors d’une attaque « sauvage » menée par une meute de jeunes hommes en 2019 à Montréal. L’un des assaillants, Tanvirul Haque, devrait-il être condamné à cinq ans de prison pour son rôle « clé », ou devrait-il bénéficier de la clémence de la cour en raison de sa réhabilitation « complète » ?

La Couronne et la défense ont présenté jeudi des positions diamétralement opposées aux observations sur la peine de Tanvirul Haque, un Montréalais de 22 ans qui a plaidé coupable à une accusation d’homicide involontaire en mars dernier. Le jeune homme a été impliqué dans la mort brutale d’un père de six enfants, le 20 juillet 2019 dans le quartier Villeray.

Ce soir-là, Johnny Hachey Bucchianico, 24 ans, a été passé à tabac par d’autres jeunes hommes. Venu en renfort, son père Giovanni Bucchianico s’est présenté avec un bâton de baseball à un party BBQ où se trouvaient les assaillants. Mais le père et le fils n’ont pas eu le temps de réagir alors qu’ils étaient attaqués par plusieurs hommes sur le trottoir.

C’est Tanvirul Haque qui a fait trébucher Giovanni Bucchianico, alors que ce dernier reculait. Le jeune homme a ensuite frappé de quatre à cinq fois la victime au sol. Dans la minute qui a suivi, Giovanni Bucchianico a été piétiné, brutalement battu avec un bâton et poignardé à 14 reprises. Une vidéo présentée jeudi montre l’extrême brutalité de l’attaque.

Le « principal acteur », Noah Pépin, a été condamné en juillet dernier à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans pour meurtre au second degré. Les autres assaillants ont écopé de diverses peines de prison selon le degré de leur implication.

Aux yeux de la Couronne, Tanvirul Haque est un « joueur clé de cette attaque de groupe », puisqu’il a fait trébucher la victime. « C’est lui qui place la victime dans une position de complète vulnérabilité, alors qu’il sait que les autres sont en mode attaque », a plaidé MMathieu Locas. D’ailleurs, à ce moment-là, Noah Pépin crie qu’il va « tuer » la victime.

Ainsi, Tanvirul Haque était clairement « en train d’attaquer » et ne se « défendait pas ». Ses coups étaient « puissants » et « sans modération », a fait valoir le procureur, qui suggère une peine de cinq ans d’emprisonnement.

« Désarmement »

Selon la défense, le « seul objectif » de Tanvirul Haque était de « désarmer » la victime. « Ce qu’il voit, c’est deux hommes qui les chargent agressivement en criant », a plaidé MMaya Amar, en insistant sur le contexte de « provocation ». De plus, il ne pouvait savoir que le père serait ensuite poignardé.

Depuis, Tanvirul Haque a complètement changé sa vie, a soutenu MAmar. C’est pourquoi une peine de détention ne devrait pas être imposée à l’accusé, qui a déjà passé deux mois en prison. Et si une peine de détention devait être imposée, elle devrait être de moins de deux ans. « La société gagne à avoir M. Haque », a plaidé MAmar. « Il a déjà payé chèrement. »

Tanvirul Haque s’implique au sein de sa mosquée, a coupé les ponts avec toutes ses mauvaises fréquentations et présente de profonds remords, a énuméré son avocate.

« Ce que j’ai fait est complètement mauvais [wrong]. […] Je suis dégoûté par moi-même. J’ai agi de façon complètement mauvaise en raison de la peur », a témoigné M. Haque. Il assure avoir « changé sa vie » et mettre ses énergies sur la religion, l’école et le travail.

La juge Karine Giguère rendra sa décision en mars prochain.