Arden McCann, résidant de Saint-Bruno-de-Montarville, sur la Rive-Sud de Montréal, sera extradé aux États-Unis pour y être accusé de complot pour trafic de fentanyl et d’autres drogues.

Le juge Yvan Poulin, de la Cour supérieure, en a décidé ainsi vendredi dernier, car ce crime est punissable au Canada et parce qu’il a eu la preuve que McCann est bien celui que les Américains veulent traduire devant les tribunaux.

McCann, qui a célébré ses 34 ans en fin de semaine, a été arrêté en février 2020 par les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui ont aussi perquisitionné dans sa résidence, à la demande de Justice Canada et de ses homologues américains.

Selon un document judiciaire américain, McCann a commencé à exporter du fentanyl, un opioïde 40 fois plus puissant que l’héroïne, du carfentanil, de l’alprazolam – qu’il faisait passer pour des comprimés de Xanax – et d’autres drogues aux États-Unis à la fin de 2015.

Il utilisait des pseudonymes et offrait ces drogues sur la plateforme de l’internet clandestin AlphaBay, démantelée à la suite d’une opération policière en 2017.

Lisez « Un Québécois aurait exporté pour 18 millions de drogues »

McCann achetait les drogues et des produits précurseurs de la Chine, de la Corée du Sud ou d’ailleurs et les faisait livrer à des clients américains devenus relayeurs.

Ceux-ci traitaient la drogue et l’envoyaient par la poste aux consommateurs américains. Toutes les transactions étaient effectuées en cryptomonnaie.

Trahi par la technologie et des complices

Des relayeurs ou associés, devenus témoins collaborateurs, ont aidé la police à coincer McCann et témoigneront éventuellement contre lui. L’un d’eux a même célébré le passage de la nouvelle année en visite chez McCann le 31 décembre 2015 et a permis à la police de l’identifier.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Arden McCann

Les analyses des serveurs du site AlphaBay et de trois disques durs cryptés et des appareils électroniques saisis par la GRC chez McCann ont également permis d’étoffer la preuve.

Selon la police américaine, McCann aurait effectué, sur ses différents sites de vente, plus de 10 400 commandes pour des sommes totalisant plus de 13 millions US – 16,6 millions CAN – entre novembre 2015 et juillet 2017.

La justice américaine soutient que la drogue exportée par McCann vers les États-Unis est à l’origine d’une surdose mortelle et d’une autre non mortelle survenues en Caroline du Sud.

L’homme de 34 ans sera jugé dans l’État de la Géorgie. Il est passible d’une longue peine s’il est reconnu coupable.

Aussitôt que le juge Poulin a ordonné son extradition, McCann a été placé en détention.

Il ne sera pas extradé avant 30 jours, ce qui représente le délai durant lequel il pourra en appeler de la décision de la Cour supérieure s’il veut éviter l’extradition. Il pourrait aussi s’adresser au ministre de la Justice du Canada.

« Pour l’heure, nous sommes en réflexion sur la suite des choses », nous a dit son avocat, MPierre Poupart.

MLaurent Brisebois et MFrédéric Hivon, de la poursuite fédérale, ont représenté Justice Canada dans ce dossier.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.