Accusé d’avoir volé des tableaux d’un grand peintre québécois valant 3,5 millions de dollars, le courtier immobilier Nasir Mahboobi a été acquitté sur toute la ligne vendredi au palais de justice de Montréal. Un jugement qui suscite la colère de la plaignante, la sœur du peintre Armand Tatossian.

« Honnêtement, je trouve ça ridicule ! Je suis sous le choc ! Je suis très déçue », s’est insurgée Mary Tatossian, à la sortie de la salle d’audience vendredi. Son frère, Armand Tatossian, mort il y a une dizaine d’années, est un peintre réputé dont les œuvres ont été exposées dans le monde entier.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La plaignante Mary Tatossian

Nasir Mahboobi était accusé d’avoir volé 19 peintures d’Armand Tatossian en 2006. À l’époque, Mary Tatossian avait fait entreposer les œuvres de son frère dans un entrepôt pour les « cacher » à un marchand d’art en litige avec le peintre. L’entrepôt était loué par Nasir Mahboobi, ami de longue date du mari de Mary Tatossian. Celle-ci payait toutefois l’entreposage.

Mary Tatossian a ensuite découvert que les œuvres avaient disparu de l’entrepôt. Elle s’était plainte à la police à l’époque, mais aucune enquête n’avait été menée, comme l’espace avait été loué par M. Mahboobi. Sauf qu’en 2018, certaines peintures ont refait surface en ligne, menant à l’arrestation de Nasir Mahboobi sur des chefs de vol et de trafic d’œuvres d’art.

  • Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

    PHOTO FOURNIE PAR MARY TATOSSIAN

    Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

  • Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

    PHOTO FOURNIE PAR MARY TATOSSIAN

    Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

  • Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

    PHOTO FOURNIE PAR MARY TATOSSIAN

    Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

  • Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

    PHOTO FOURNIE PAR MARY TATOSSIAN

    Toiles du peintre québécois Armand Tatossian. Ces œuvres ne sont pas liées au dossier.

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La preuve de la Couronne n’a pas convaincu le juge Pierre E. Labelle, bien au contraire. « Je termine en ayant plus de questions que de réponses », conclut-il, en faisant ainsi bénéficier l’accusé du doute raisonnable.

Nasir Mahboobi assurait avoir acheté de façon légitime toutes les peintures auprès de la famille Tatossian et avoir payé comptant. Il disait s’en être procuré deux du peintre lui-même et avoir acheté les autres auprès de Mary Tatossian pour quelques centaines de dollars.

Le juge Labelle écorche à plusieurs reprises la crédibilité de Mary Tatossian dans son jugement. Le juge estime notamment « étrange » [odd] le fait qu’il n’existait aucune liste des toiles entreposées.

Ce l’est encore plus [étrange], sachant que les peintures n’étaient pas assurées et qu’elles valaient environ 3,5 millions, selon la plaignante. Comme j’ai dit, je trouve ça étrange.

Le juge Pierre E. Labelle

Une liste des toiles a finalement été produite, mais seulement 12 ans plus tard, et celle-ci contenait plusieurs différences, ce qui nuit également à la force de la preuve, selon le juge. De plus, Mary Tatossian changeait régulièrement les toiles dans sa résidence en utilisant des œuvres entreposées. Et à plusieurs occasions, Mary Tatossian a vendu des œuvres de son frère comptant à des personnes, relève le juge.

« Finalement, je ne peux pas comprendre pourquoi aucune mesure n’a été prise par la plaignante pour récupérer les peintures quand elles sont disparues », conclut le juge.

En entrevue, Mary Tatossian est scandalisée par les conclusions du juge, puisqu’à l’époque, elle n’avait pas la santé pour poursuivre ses recours. De plus, elle s’insurge à l’idée qu’elle ait pu vendre à l’accusé des portraits d’elle-même. « Pourquoi je lui aurais donné des peintures de ma figure ? Pourquoi je les lui aurais données ? », insiste-t-elle.

MLouis-Phillipe Meek-Baillot représente le ministère public, alors qu’Alan Guttman défend l’accusé.