Un adolescent de 16 ans jugé pour le meurtre prémédité d’un ami de 15 ans pendant une bagarre qui aurait dégénéré en janvier 2020. C’est un procès rarement vu qui s’est ouvert lundi en Chambre de la jeunesse à Laval. L’accusé avait un couteau dans son manteau et présentait une coupure à la main lors de son arrestation, selon plusieurs policiers.

Maintenant âgé de 18 ans, l’accusé doit subir pendant les prochaines semaines son procès pour meurtre au premier degré au palais de justice de Laval. Il est rarissime au Québec qu’un adolescent soit jugé pour l’accusation la plus grave au Code criminel. Comme il était mineur au moment du crime, nous ne pouvons l’identifier en vertu de la loi. Nous devons également taire l’identité des nombreux adolescents impliqués dans ce drame.

Peu de détails sur les circonstances du meurtre ont été révélés lundi à l’ouverture du procès présidé par la juge Catherine Perreault de la Cour supérieure du Québec. Les premiers témoins du ministère public ont principalement détaillé les circonstances de l’arrestation de l’accusé, le 1er janvier 2020.

C’est que la défense s’oppose à admettre en preuve la déclaration de l’adolescent aux policiers après son arrestation, puisque ses droits auraient été bafoués. Selon la défense, l’enquêteur a « abusé de sa position de force » pendant l’interrogatoire de trois heures. Trois policiers ont de plus « omis d’informer adéquatement » l’accusé de ses droits, plaide la défense dans une longue requête.

Les témoignages ont permis d’apprendre que l’accusé avait été arrêté dans des rues résidentielles de Laval quelques minutes après la découverte d’un « individu poignardé » au parc Marc-Aurèle-Fortin, dans le quartier Fabreville. Comme les policiers soupçonnaient que le suspect était armé, ils l’ont mis en joue dans le cadre d’une interception « à haut risque ».

« Je vais dégainer mon arme. [Le suspect] va collaborer, il va lever les mains dans les airs, s’avancer un peu et se mettre à genoux », a décrit Marc-Antoine Duchesne, du Service de police de Laval. Pendant l’arrestation, l’adolescent « pleure » et a des « tremblements », indique le policier. Il avait l’air « apeuré », selon un autre policier.

Selon trois policiers présents lors de son arrestation, l’adolescent de 16 ans avait un couteau dans une poche intérieure de son manteau. « C’était un couteau de 5 à 6 pouces avec un manche bleu d’environ 3 pouces et une lame d’environ 2,5 pouces », a déclaré l’agent Duchesne.

Les trois témoins policiers ont ajouté avoir observé une coupure à la paume gauche du suspect et la présence de sang sur sa main. Le policier qui lui a posé les menottes, l’agent Michael Boucher, a aussi observé « quelques contusions [et] quelques égratignures au visage » de l’adolescent.

En contre-interrogatoire, l’avocat de la défense, MGuy Poupart, a questionné les policiers sur l’état de santé du suspect, dont la présence de possibles « bosses » sur son visage. « Le suspect nous informe qu’il a reçu des coups au visage et qu’il est étourdi », a déclaré l’agent Boucher.

L’agent Boucher assure avoir procédé à la lecture standard de la « carte des droits » au suspect pour une accusation de tentative de meurtre. Il l’a d’ailleurs lue en salle d’audience. Les policiers sont tenus d’informer un suspect de son droit au silence et de son droit à l’assistance d’un avocat dès le moment de son arrestation.

Dans le cas présent, l’agent Boucher a aussi informé l’adolescent de son droit à contacter un proche, de même qu’il pourrait être assujetti à une peine pour adulte. « Les réponses [du suspect] étaient oui, oui, et oui, je comprends », a expliqué le témoin.

Dans les instants qui ont suivi la lecture des droits, l’agent Boucher a appris que la victime avait succombé à ses blessures. Il a ainsi avisé le suspect qu’il était maintenant arrêté pour meurtre. Il ne lui a toutefois pas relu ses droits, a-t-il précisé en contre-interrogatoire.

D’ailleurs, MGuy Poupart a beaucoup insisté en contre-interrogatoire sur la lecture de la carte des droits. L’avocat a notamment demandé aux policiers si la lecture avait été « mécanique » et si des « explications » avaient été données à l’adolescent. La question du droit à l’avocat a aussi été soulevée par la défense.

Le procès se poursuit ce mardi. MMarie-Ève Vautier et MMarie-Ève Dubeau représentent le ministère public.