Au cœur du quartier industriel de Brossard, un laboratoire clandestin de « wax », cire de cannabis à haute concentration de THC, a été démantelé de mardi à jeudi par le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).

Dans un bâtiment ayant l’apparence d’un entrepôt, rue Isabelle, plusieurs agents du SPAL s’affairaient encore jeudi. Depuis mardi, la police de Longueuil, accompagnée de la Sûreté du Québec, procédait au démantèlement de l’« important » laboratoire clandestin.

Il était toutefois trop tôt jeudi pour déterminer la quantité de stupéfiants saisie par les policiers. « Pour le moment nous pouvons confirmer qu’il s’agit d’une importante usine de production de “wax” avec une grande quantité de marijuana saisie », pouvait-on lire sur la page Facebook du SPAL.

La « wax » peut se décliner en une multitude de produits, soit de l’huile, des bonbons ou des bâtonnets qui peuvent être fumés.

De l’équipement a également été saisi. Sous des abris dressés près du bâtiment, de longs appareils cylindriques étaient inspectés par les policiers. Un bilan sera présenté par le SPAL vendredi matin.

Selon nos informations, tout aurait débuté lorsqu’un homme d’environ 25 ans qui lançait des projectiles sur le bâtiment de la rue Isabelle a été arrêté.

Après vérification, les policiers ont découvert une serre qui servait vraisemblablement de laboratoire de « wax ». Des enquêteurs se sont rendus sur les lieux le matin du 29 juin.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Abris érigés par les policiers près du bâtiment où a été découvert un laboratoire clandestin de cire de cannabis, à Brossard

Vivian Bettran, employée chez Influence Design depuis un mois, n’a jamais pensé que des activités illicites pouvaient se dérouler à proximité des locaux de son employeur. « C’est super tranquille. Il y a toujours le bruit des camions parce que c’est industriel, c’est tout », a-t-elle déclaré.

L’intervention policière est réalisée dans le cadre d’Accès Cannabis, un programme du gouvernement québécois coordonné par la Sécurité publique qui « vise à intensifier la répression d’approvisionnement du cannabis illicite afin d’en diminuer l’accessibilité sur le marché québécois, particulièrement chez les jeunes », selon le SPAL.

Une découverte « préoccupante », selon une médecin

La « wax » consiste en de la résine de cannabis extraite avec du butane, un combustible. Ce procédé permet d’obtenir du THC (un composé du cannabis) « extrêmement pur », a expliqué la Dre Marie-Ève Morin, spécialiste du traitement des dépendances à l’alcool et aux drogues.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La Dre Marie-Ève Morin, spécialiste du traitement des dépendances à l’alcool et aux drogues

Les teneurs en THC de cette cire peuvent s’élever à 90 % et même jusqu’à 98 %. « C’est du THC au plus haut niveau », a résumé la médecin de famille, qui travaille à la clinique La Licorne, à Montréal.

« Ce qui me préoccupe, c’est qu’il y a des adolescents qui consomment ça au secondaire », a dit la Dre Morin. Des « wax pen » sont vendus dans les cours d’école, a-t-elle affirmé. Il s’agit de bâtonnets aromatisés que l’on fume.

Les adolescents vont être particulièrement une cible pour cette substance-là, pour laquelle ils peuvent développer une tolérance rapidement. Puis ils vont toujours vouloir racheter ça, parce qu’une fois qu’on atteint une tolérance aussi élevée, c’est difficile de revenir en arrière.

La Dre Marie-Ève Morin

La spécialiste indique que cette drogue peut avoir des conséquences chez les personnes sujettes aux psychoses, en raison de sa teneur élevée en THC. Ce composant du cannabis a « tendance à déclencher des psychoses », a mis en garde la Dre Morin.