Le service des poursuites criminelles de la Colombie-Britannique corrige un problème qui avait été dénoncé par plusieurs critiques et une enquête publique: ceux-ci avaient fait valoir que s'il avait été réglé avant, il aurait pu mettre fin aux meurtres du tueur en série Robert Pickton au moins cinq ans plus tôt.

Avant que Pickton ne soit arrêté pour de bon en 2002, il avait été accusé en 1997 de tentative de meurtre sur une prostituée. Elle s'était enfuie de la ferme de Port Coquitlam de Pickton après avoir été menottée et attaquée au couteau, subissant de graves blessures qui ont fait craindre pour sa vie. Mais un procureur de la Couronne avait ensuite décidé d'abandonner la poursuite criminelle, ne voulant pas utiliser le témoignage de cette femme car elle était toxicomane. Le procureur a déterminé qu'elle ne serait pas un témoin fiable et les accusations contre Pickton ont été retirées en 1998.

Par la suite, au moins 19 femmes sont disparues du quartier défavorisé Eastside du centre-ville de Vancouver.

Environ 16 ans après que cette poursuite eut été abandonnée, la Colombie-Britannique tente de régler le problème avec une nouvelle politique pour soutenir les témoins vulnérables - plutôt que de les écarter.

La branche de justice criminelle de la province a fait savoir qu'elle met en oeuvre une série de nouvelles directives visant à donner suite à des recommandations-clés formulées il y a deux ans par l'enquête publique qui se penchait sur la disparition des femmes vulnérables de Vancouver.

Il est nécessaire d'encourager les femmes, même les plus vulnérables, de rapporter et de témoigner sur le mal qui leur a été fait, a souligné le commissaire Wally Oppal, après que la politique eut été dévoilée mardi.

M. Oppal a présidé les huit mois de l'enquête et a offert 63 recommandations.

La Cour suprême du Canada avait confirmé en 2010 la culpabilité de Pickton de six accusations de meurtres non prémédités. Il avait originalement été accusé d'avoir tué 26 femmes d'un quartier défavorisé de Vancouver, mais les autres accusations avaient été retirées.

La nouvelle politique du gouvernement met l'accent sur les causes impliquant des allégations de blessures corporelles graves, insistant sur le fait que les victimes vulnérables doivent avoir un soutien constant et que leur participation dans le système de justice criminelle doit être encouragée.

Ces directives incluent une identification rapide des personnes - victimes ou témoins - qui ont besoin de soutien, mais aussi une réduction du nombre de procureurs en charge des dossiers de personnes vulnérables, une exigence de mesures de protection appropriées pour encourager leur participation et l'obtention du soutien des agences gouvernementales pour aider les personnes vulnérables.

Un porte-parole de la branche de justice criminelle de la Colombie-Britannique a déclaré que les procureurs de la Couronne vont recevoir des formations au sujet de la nouvelle politique et que le budget actuel va couvrir ces frais.

M. Oppal a fait valoir que la politique allait «droit au but». Il avait relevé que l'un des problèmes majeurs avec le dossier de Pickton était que les femmes vulnérables ne faisaient pas confiance à la police et que cela faisait en sorte que certaines informations cruciales leur avaient échappé.