En durcissant la peine d'un videur de bar qui a gravement blessé un client au visage, la Cour d'appel veut dissuader ceux qui exercent le même métier d'abuser de leur pouvoir.

Marc Dagenais, gaillard de six pieds cinq pouces, a été condamné à 90 jours de prison à purger de façon discontinue l'été dernier, après avoir été déclaré coupable de voies de fait graves à l'endroit d'un client. La Cour d'appel vient de hausser sa peine à 12 mois de prison ferme.

L'événement pour lequel M. Dagenais a été reconnu coupable s'est produit le soir du 25 mars 2009 au Faucon Bleu, bar de danseuses nues de Maple Grove, dans la région de Valleyfield. Un homme au début de la vingtaine et un ami y ont consommé de l'alcool et de la cocaïne achetée sur place. À un certain moment, l'ami a fait danser une femme. Au moment de payer, il lui manquait 5$. Il a tenté d'obtenir les 5$ de son ami, mais ce dernier a refusé. La danseuse est allée se plaindre au portier, Marc Dagenais, qui est intervenu auprès des deux hommes. Ces derniers étaient très éméchés.

Le portier a évincé l'ami qui ne pouvait payer, et est revenu dans le bar pour réclamer, de façon non équivoque, les 5$ à l'autre ami. Mais les choses ont vite dégénéré et M. Dagenais a asséné plusieurs coups au visage de la victime avant de le lancer, inconscient, à l'extérieur. Alors que la victime gisait par terre, M. Dagenais a pris 5$ dans ses poches.

Multiples blessures

La victime a subi une double fracture du nez et six autres fractures du visage qui ont nécessité l'installation de plaques de métal dans les joues et le front. Il garde des séquelles psychologiques et physiques. Un de ses yeux est légèrement tombant, il a subi une perte de vision partielle, son nez a été déplacé et il a des cicatrices.

Au moment de rendre sentence, en juillet dernier, le juge de la Cour du Québec Michel Mercier avait tenu compte de plusieurs facteurs, dont le fait que M. Dagenais, père de famille, avait décidé de réorienter sa carrière dans le commerce des portes et fenêtres.

Les juges Pierre J. Dalphond, Benoît Morin et Jacques A. Léger, de la Cour d'appel, estiment néanmoins que la peine était déraisonnable, d'autant plus que M. Dagenais avait été condamné deux fois auparavant, en 2007 et 2008, pour des actes de violence commis contre des clients du bar où il travaillait. La Cour impose 12 mois de prison, «la peine la plus clémente possible», et maintient la probation, de même que les 140 heures de travaux communautaires que le juge Mercier avait ordonnées.