Une cinquième adolescente confiée au centre jeunesse de Laval est portée disparue. Vanessa Ticas, 17 ans, ne donne plus de nouvelles à sa famille ou à ses amis depuis tôt dimanche matin.

«Vanessa aurait dû retourner au centre jeunesse de Laval dimanche, et elle ne l'a pas fait», explique en entrevue sa mère, Rosanna Ticas.

Mme Ticas note que sa fille a souvent fugué dans le passé, mais que ses mauvaises fréquentations étaient de l'histoire ancienne, selon ce qu'elle croyait. «Sa vie allait de mieux en mieux, elle avait un emploi, de bons amis... Je suis vraiment surprise par sa disparition. Je suis très nerveuse.»

La police de Laval craint pour la sécurité de la jeune fille, a indiqué hier la porte-parole du Service de police de Laval, Évelyne Boudreau. «Des éléments nous laissent croire, en raison de ses fugues précédentes, qu'elle aurait rejoint des gens liés au proxénétisme.»

En fin de journée, le Comité des usagers du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval a demandé au premier ministre Couillard de lancer une enquête publique visant à expliquer les fugues répétées d'adolescentes rapportées au centre jeunesse récemment. «Devant une telle situation, pour le moins alarmante, le Comité des usagers demande instamment au premier ministre la tenue d'une enquête publique pour bien comprendre la situation et identifier les solutions à mettre en place», a déclaré l'organisme dans un communiqué.

Carte SIM

Selon sa mère, Vanessa Ticas a été vue pour la dernière fois vers 1 h du matin, dimanche, dans un Tim Hortons de l'avenue Atwater à Montréal, où elle se trouvait avec des amis.

«Elle devait entrer dans un taxi avec des amis et elle n'est jamais arrivée, confie-t-elle. D'habitude, elle est en contact constant avec nous, mais depuis dimanche matin, les textos que je lui envoie ne se rendent pas, les appels non plus. Je crois qu'ils ont enlevé la carte SIM de son téléphone.»

Mme Ticas dit que les méthodes de fonctionnement du centre jeunesse de Laval ne lui inspirent pas confiance. Vanessa Ticas est la cinquième adolescente confiée au centre jeunesse de Laval à disparaître en un peu plus d'une semaine (les quatre autres ont été retrouvées saines et sauves depuis, notamment grâce à la médiatisation de leur disparition).

«Au début, quand les jeunes arrivent au centre, ils n'ont pas le droit de sortir, dit Mme Ticas. Mais au bout d'un ou deux mois, ils ont le droit. Ils peuvent fuguer comme ils veulent...»

«Comme parent, je n'ai aucun sentiment de sécurité. Je dors mieux quand ma fille est à la maison, car quand elle est au centre, je ne sais jamais si elle est rentrée le soir. Ce n'est pas un vrai encadrement, c'est un semi-encadrement.»

Vanessa Ticas travaillait dans un restaurant McDonald's de Montréal. Sur sa page Facebook, l'adolescente a écrit, à la section travail: «Je ne travaille pas je suis une princesse.»

Jeune fille de race blanche, Vanessa Ticas parle français. Elle mesure 1 m 65 (5' 5'') et pèse 54 kg (120 lb). Elle a les cheveux et les yeux bruns.

«Toute information permettant de retracer cette jeune fille sera traitée confidentiellement via la ligne info 450 662-INFO (4636) ou via le 911 en mentionnant le dossier LVL 160207056», a indiqué la police de Laval dans un communiqué.

- Avec la collaboration de Caroline Touzin

Le PLQ a fragilisé le réseau des centres jeunesse, accuse le PQ

Le gouvernement du Québec a fragilisé le réseau des centres jeunesse en réduisant de 20 millions leur budget annuel de fonctionnement il y a deux ans et en ignorant un vaste rapport sur la prostitution juvénile commandé par le gouvernement péquiste, accuse Jean-François Lisée, député de Rosemont et porte-parole de l'opposition officielle en matière de protection de la jeunesse. «[Les libéraux] ont mis ce rapport-là sur une tablette, il n'y ont plus jamais touché.» Le SPVM voulait aussi créer une unité mixte d'intervention et un centre intégré sur la question de la prostitution juvénile, mais le gouvernement a refusé de financer le projet, note M. Lisée. «La crise n'a pas été créée par les libéraux, mais ce gouvernement a non seulement cassé l'élan que nous avions impulsé, il a fait le contraire de ce qu'il fallait faire», dit Jean-François Lisée.

Martin Coiteux a recontré le SPVM et le SPVL

Le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a rencontré des membres de la direction du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ainsi que le directeur du Service de police de la Ville Laval (SPVL), hier, pour obtenir un portrait de la problématique du proxénétisme et de l'exploitation sexuelle de mineures dans la grande région de Montréal, selon nos informations. Les rencontres ont eu lieu en personne, nous dit-on. Vendredi dernier, le nouveau ministre de la Sécurité publique a contredit sa collègue déléguée à la Santé, Lucie Charlebois, en soutenant qu'aucune preuve ne démontre l'infiltration d'un «réseau» de prostitution au centre jeunesse de Laval, d'où plusieurs adolescentes ont fugué depuis un peu plus d'une semaine. 

- Caroline Touzin et Kathleen Lévesque