Les étudiants qui ont voté pour la grève ne peuvent paralyser une université, tranche le juge Robert Mongeon, en accordant à l'UQAM l'injonction demandée.

L'injonction empêche les étudiants et toute autre personne ayant connaissance de l'injonction de bloquer l'accès à l'université et d'empêcher la tenue des cours et des activités de l'établissement. Le harcèlement, l'intimidation, les menaces et la provocation font évidemment partie des gestes qui sont proscrits.

« Les étudiants se réclament d'un droit qu'ils n'ont pas et l'UQAM doit composer avec une prise de contrôle hostile de ses locaux et de son personnel en plus de se voir contrainte de ne pas prodiguer l'enseignement qu'elle s'est engagée de par son existence à fournir. Il serait donc contraire au droit applicable et à la logique et au bon sens de refuser l'injonction demandée », a noté le juge Mongeon, dans sa décision qu'il a rendue un peu avant 18 h, mercredi.

La demande d'injonction visait particulièrement cinq associations étudiantes et 34 de leurs membres. Dans la foulée de votes de grève, depuis le 23 mars, l'UQAM leur reprochait d'avoir lancé des moyens de pression allant au-delà de la libre expression. Notamment, les étudiants, dont certains encagoulés et masqués, ont bloqué l'accès à l'UQAM au moyen de piquets de grève. Ceux qui désiraient entrer à l'université étaient harcelés et intimidés, et parfois même bousculés ou frappés. Il y a eu échange de coups. Des individus faisaient irruption dans les salles de cours pour forcer l'arrêt des cours. L'UQAM déplorait aussi du vandalisme.

Le juge Mongeon a pu visionner deux DVD et d'autres éléments de preuve fournis par l'UQAM. Me Giuseppe Sciortino, qui représente les étudiants, soutenait qu'aucun d'entre eux ne pouvait être relié aux actes reprochés. Le juge reconnaît que les comportements filmés par les caméras de sécurité ne permettent pas d'identifier leurs auteurs. Mais il considère que les faits sont « suffisamment clairs, précis et concordants », pour qu'il faille y mettre fin « dans un contexte social, politique et judiciaire qui se veut civilisé et respectueux des droits et libertés de tous les intervenants en l'instance ».

Me Sciortino rejetait la responsabilité sur l'UQAM, soutenant qu'elle avait « les mains sales », parce qu'elle n'avait pas suivi la mobilisation étudiante. « L'UQAM n'a rien à se reprocher », rétorque le juge Mongeon.

L'injonction provisoire est valide pour une durée de dix jours, soit jusqu'au 13 avril (le 11 tombant un samedi).