Quelques heures avant leur déportation ce dimanche, le ministre de l'Immigration Jason Kenney a accordé un sursis à la famille Keita Mansaré. Ils pourront rester au Canada le temps que des fonctionnaires étudient leurs craintes quant à l'excision, le mariage forcé et les autres drames qu'ils craignent dans leur Guinée natale.

Les Keita Mansaré devaient se livrer aux autorités à 14 h aujourd'hui. La mère, Kankou Keita Mansaré, devait être renvoyée en Afrique avec ses deux plus jeunes garçons. Son fils aîné et ses deux filles devaient suivre mardi.

Mais leur avocat, Me Salif Sangaré, a reçu un appel qui a tout changé peu après 9 h ce matin.

«C'est le superviseur de l'Agence des services frontaliers qui m'a appelé pour me dire que le renvoi prévu aujourd'hui n'aurait pas lieu, parce que le ministre a exercé son pouvoir discrétionnaire. La déportation sera reportée jusqu'à ce qu'on ait fini d'étudier leur demande d'Évaluation des risques avant renvoi (ERAR) et leur demande de considérations humanitaires», explique Me Sangaré.

Jeudi dernier, la famille s'était conformée à un ordre de déportation en se présentant à l'aéroport. Elle avait toutefois été refoulée parce que les enfants n'avaient pas de passeports valides.

Son incapacité à produire les documents de voyage nécessaires l'avait également empêchée de partir lors d'une première convocation le 8 avril. Lors d'une autre tentative, l'état de santé de l'une des filles avait obligé les autorités à repousser le départ.

Leurs conditions de libération en attente de renvoi obligent les membres de la famille à habiter chez la personne qui a versé leur cautionnement à Lasalle. Leur avocat va toutefois demander dès demain qu'ils puissent retourner vivre chez eux à Laval afin que les enfants puissent terminer leur année scolaire à leur école.

Kankou Keita Mansaré et ses cinq enfants âgés de 9 à 20 ans sont arrivés au Québec en 2007. La demande de statut de réfugiée de la mère a été refusée, car son témoignage a été jugé peu crédible. Toute sa famille fait donc face à l'expulsion.

Mais la mère craint que ses filles soient excisées de force si elles retournent en Guinée, un pays où la pratique est courante. La famille craint aussi qu'elles soient soumises à un mariage forcé. Elle invoque aussi comme motif humanitaire le fragile état de santé de la jeune Zenab Mansaré, 17 ans, qui souffre d'hyperthyroïdie, une maladie potentiellement mortelle.