Quatre personnes sont mortes, quatre sont dans un état grave et des élèves ont été blessés, vers 9h mercredi matin, dans une violente collision entre un autobus d'écoliers et une camionnette, à l'intersection des routes 158 et 345 à Sainte-Geneviève-de-Berthier, dans Lanaudière.

L'autobus, dans lequel se trouvaient une douzaine d'élèves, a été heurté de plein fouet par la fourgonnette, qui circulait dans la voie opposée mais a dévié. Elle transportait huit travailleurs de la firme Pigeon 2006, une entreprise familiale de Saint-Côme spécialisée dans le transport de volailles.

Les travailleurs venaient de terminer leur quart de travail de nuit et retournaient vers Saint-Côme, où habitent plusieurs d'entre eux. L'autobus filait pour sa part en direction de l'école secondaire Pierre-de-Lestage, à Berthierville.

La Sûreté du Québec enquête sur les causes de l'accident, mais la chaussée avait des allures de patinoire en matinée. Il se pourrait aussi que le conducteur de la fourgonnette se soit endormi au volant. «Pour nous, c'est la thèse la plus plausible», a dit en soirée le propriétaire de Pigeon 2006.

Trois de ses employés sont morts sur les lieux de l'accident: Sébastien Cormier, 30 ans, Pierre-Luc Martel, 22 ans et Jocelyn Beauchamp, 28 ans. Les deux premiers vivaient à Saint-Côme et le troisième, à Joliette. En début d'après-midi, un quatrième, Steeve Larochelle, 32 ans, a succombé à ses blessures à l'hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal. Il était originaire de Saint-Côme.

Au moment d'écrire ces lignes, quatre de leurs collègues étaient toujours hospitalisés. Deux d'entre eux étaient à l'unité de traumatologie de l'hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal. Les deux autres se trouvaient au centre hospitalier de Lanaudière, près de Joliette.

Les deux jeunes hommes hospitalisés à Joliette ont subi des interventions chirurgicales. Mercredi après-midi, ils se trouvaient dans un état grave, mais stable. «Dans l'immédiat, on ne craint pas pour leur vie», a indiqué le chirurgien Jean-Jacques Klopfenstein lors d'un point de presse à l'hôpital. Ils ont subi des traumatismes crâniens et diverses blessures internes.

Le bilan est moins funeste chez les passagers de l'autobus scolaire. «L'impact a été nettement moins important», a précisé le Dr Klopfenstein. Des élèves ont subi des blessures mineures, d'autres un choc nerveux. Six des treize adolescents de 14 à 16 ans admis à l'hôpital avaient pu ressortir en milieu d'après-midi. Les autres devaient pouvoir rentrer chez eux en soirée.

Impact violent

Sur les lieux de l'accident, la scène donnait froid dans le dos. L'avant de la fourgonnette encastré dans l'autobus en disait long sur la violence de l'impact. Au moins un corps était allongé sur la chaussée, un autre était coincé dans le véhicule.

Les autorités ont érigé un vaste périmètre de sécurité et la route a été fermée dans les deux directions pendant une bonne partie de la journée. En retrait, un autobus d'urgence a été dépêché sur place pour permettre aux élèves de se protéger du vent sec et glacial. Certains d'entre eux ont été examinés par les ambulanciers de Joliette.

Alain Charlebois travaillait dans une entreprise de distribution de pneus située en face du lieu de l'accident quelques secondes avant le drame. «J'ai entendu un méchant bang! Je suis allé voir, une vision d'horreur m'attendait», raconte, ébranlé, l'homme de 53 ans.

Il a d'abord vu le corps d'un travailleur qui pendait au travers du pare-brise et plusieurs hommes inertes dans la fourgonnette. «Une seule personne répétait: «À l'aide, à l'aide! Je ne sens plus mes bras.» Je me sentais impuissant», a ajouté M. Charlebois, qui a dirigé la circulation en attendant l'arrivée des secours. Il n'aurait jamais imaginé avoir à jouer un rôle dans une histoire aussi horrible.

À l'école secondaire Pierre-de-Lestage, il y a eu plus de peur que de mal: «On était au départ très anxieux à l'idée de savoir ce qui se passait, puis soulagés d'apprendre que tout allait finalement bien», a indiqué Diane Fortin, responsable des communications à la commission scolaire des Samares.

Une intersection ciblée

L'intersection où s'est produit l'accident est actuellement inscrite dans la liste des «sites à potentiel d'amélioration en sécurité routière» de Transports Québec. Sur le site du ministère des Transports, on apprend en effet que l'aménagement d'un rond-point à l'intersection des routes 158 et 345 est «en préparation» pour l'année 2010-2011.

Un «site à potentiel d'amélioration», selon le Ministère, est un endroit qui a été le théâtre d'un accident mortel, d'accidents graves ou d'un nombre élevé d'accidents «susceptibles d'être réduits de manière efficace par une intervention sur l'infrastructure».