Un fournisseur de cannabis de Vancouver peine à répondre au tsunami de commandes provoqué par ses calendriers de l'avent contenant de la marijuana, une nouvelle version d'un classique du temps des Fêtes qui suscite toutefois de l'inquiétude chez certains experts de la santé.

Lorilee Fedler, la propriétaire de Coast to Coast Medicinals, a affirmé avoir été surprise par la réaction du public au lancement du calendrier plus tôt en novembre.

En entrevue, Mme Fedler a raconté qu'elle avait voulu faire quelque chose d'amusant pour les adultes et qu'elle avait eu l'idée après avoir vu des calendriers de l'avent remplis de bières.

L'entreprise, qui ne possède pas de permis, a jusqu'ici vendu 150 calendriers. Trois cents commandes sont prêtes à être traitées et quelque 1500 autres sont en attente.

Les calendriers de l'avent de Coast to Coast Medicinals peuvent être remplis seulement de fleurs de cannabis, seulement de cannabis comestible présenté sous différentes formes comme des bonshommes en pain d'épices ou des biscuits, ou les deux. Ils coûtent entre 200 et 230 $.

Même si le produit est illégal, Lorilee Fedler ne craint pas de faire l'objet d'une opération policière et assure que les autorités n'ont pas communiqué avec elle.

Le gouvernement fédéral n'a pas encore finalisé le projet de loi visant à encadrer le marketing de la marijuana en prévision de la légalisation de la substance le 1er juillet 2018.

La semaine dernière, Santé Canada avait dévoilé une série de règles qui limiteraient, entre autres choses, les couleurs et les dessins pouvant être utilisés pour les emballages de cannabis et exigeraient la présence d'avertissements bien visibles comme ceux que l'on retrouve sur les produits du tabac.

Rebecca Jesseman du Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances a déclaré que l'apparition de calendriers de l'avent contenant de la marijuana mettait en évidence les lacunes de la loi actuelle.

«Le produit réglementé n'est pas la plus grande source d'inquiétude, a-t-elle indiqué. Nous parlons d'un produit qui n'a pas passé de test de qualité, alors il n'y a aucun moyen de connaître avec certitude les taux de THC et d'autres cannabinoïdes présents et donc le degré d'intoxication que provoquera le produit.»

Mark Haden, qui enseigne à l'école de la santé de la population et de la santé publique de l'Université de Colombie-Britannique, a pour sa part estimé que le Canada devait permettre l'accès à l'industrie du cannabis sans la promouvoir et que les calendriers de l'avent remplis de marijuana n'étaient pas un pas dans la bonne direction.

«Nous ne voulons pas le criminaliser. Nous ne voulons pas en faire la promotion. Nous voulons le rendre ennuyant, a-t-il expliqué. Et ce n'est pas en fabriquant des calendriers de l'avent que nous le rendrons ennuyant.»

M. Haden a également dit craindre que ce type de produit n'attire les enfants ce qui, selon lui, n'est pas une bonne idée.