De Steven Spielberg à Justin Bieber ou Bill Gates, des centaines de célébrités américaines se sont amusées à relever le «défi du seau d'eau», un jeu et un appel au don pour une association caritative devenu mondial grâce à internet.

Des dizaines de milliers de personnes, connues ou inconnues, se sont jetées depuis juillet et continuent à le faire; un seau d'eau glacée sur la tête, dont ils mettent en ligne la vidéo sur les réseaux sociaux, en défiant d'autres de faire de même contre un don de 100 dollars.

L'ALS Ice Bucket Challenge («Le défi du seau d'eau glacé») a pour but de soutenir l'association ALS, qui lutte contre la maladie de Charcot - ou maladie de Lou Gehrig, ou sclérose latérale amyotrophique (SLA) - une maladie neurodégénérative.

De nombreuses vedettes du show-business se sont mouillées: Steven Spielberg, Justin Bieber, Lady Gaga, Britney Spears, Justin Timberlake, Taylor Swift, James Franco, Ben Affleck, Lena Dunham, Oprah Winfrey, entre autres.

Des politiciens, des équipes entières de sportifs, des figures du monde de l'entreprise ont joué le jeu, dont le patron de Facebook Mark Zuckerberg ou le fondateur de Microsoft Bill Gates.

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La veuve du sénateur Robert Kennedy, Ethel Kennedy, 86 ans, tête mouillée, a interpellé le président Barack Obama qui a décliné l'offre, selon la Maison-Blanche, mais promis un don.

«Militantisme du click» 

Le défi, amusant à faire, qui demande peu de matériel et dont le but est charitable, s'est répandu à une rapidité extraordinaire.

Parti des États-Unis et particulièrement de Boston, après notamment une vidéo mise en ligne par un malade et ancien athlète, Pete Frates, le jeu touche depuis quelques jours la Grande-Bretagne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada ou l'Allemagne.

Le footballeur britannique David Beckham s'y est collé, comme plusieurs de ses collègues, le Portugais Cristiano Ronaldo, le Brésilien Neymar ou l'Argentin Lionel Messi.

Même le controversé maire de Toronto Rob Ford s'est mouillé ce week-end.

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En Australie, le footballeur Brad Ebert a même défié... la reine d'Angleterre!

Selon Facebook, du 1er juin au 17 août, plus de 28 millions de personnes ont évoqué le défi «qui a touché à peu près tous les pays du monde», et 2,4 millions de vidéos ont été mises en ligne.

Lundi, plus de 4,2 millions de tweets lui avaient été consacrés depuis le 29 juillet, avec un record de 1887 tweets par minute lundi, a indiqué Twitter à l'AFP.

Mardi, l'association ALS se félicitait de «l'incroyable afflux de soutien». A ce jour, 22,9 millions de dollars ont été collectés (contre 1,9 million l'an dernier pour la même période, du 29 juillet au 19 août).

«Nous devons bien étudier la façon dont nous allons dépenser cet argent pour que dans 10 ou 20 ans, les gens voient que le Ice Bucket Challenge a été un tournant pour la maladie», a déclaré la présidente de l'ALS Barbara Newhouse.

Quelque 5600 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année aux États-Unis, où quelque 30 000 personnes sont touchées par cette maladie qui détruit progressivement les cellules nerveuses contrôlant les muscles moteurs, engendrant affaiblissement et paralysie graduelle.

De 6000 à 8000 personnes sont atteintes en France, dont l'ex-joueur de tennis Jérôme Golmard, qui a été diagnostiqué en début d'année.

Internet «permet de faire jeu égal à l'appel de dons, même pour les plus rares des maladies», se réjouissait mardi Mary Dunkle, porte-parole de NORD, association dédiée aux maladies rares, interrogée par le Wall Street Journal.

Mais d'autres mettent en doute l'efficacité du défi.

«C'est une façon très égocentrique de promouvoir ce qu'il y a déjà de narcissique dans les médias sociaux», indiqué à l'AFP la sociologue Jen Schradie, doctorante à l'université de Berkeley, en Californie.

Il s'est répandu «car il mélange célébrités, simplicité et jeu mais je doute que la plupart des participants sachent ce qu'est l'ALS. C'est le problème avec le militantisme du "click"», dit-elle, «il n'aide pas à comprendre en profondeur une cause».