Les femmes d'une localité du sud des Philippines ont ramené la paix dans leur village en menaçant de faire une «grève du sexe» si leurs hommes continuaient à se battre, a rapporté vendredi un représentant des Nations unies.



Cette menace lancée par les femmes de Dado, un village de l'île de Mindanao (sud) a permis de mettre fin en juillet aux tensions et a apporté un une certaine prospérité aux 102 familles qui vivent sur un territoire où règne l'anarchie, a déclaré Rico Salcedo représentant local du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR).

«L'idée est venue des femmes elles-mêmes» lassées par les conflits familiaux et les querelles autour de la propriété foncière fréquents dans cette région, a expliqué Rico Salcedo à l'AFP.

Ces femmes, qui vivent de leurs travaux de couture, ne pouvaient plus livrer leurs ouvrages à cause des fusillades régulières entre hommes le long de la route de leur village, a-t-il précisé.

«Il y a eu des conflits entre clans. Certains hommes s'en prennent à une famille et provoquent des incidents en tirant les uns sur les autres,» a ajouté un responsable du HCR, Tom Temprosa.

L'une des meneuses du groupe de couturières, Hasna Kandatu, raconte comment elles ont mis au pas leurs maris bagarreurs en menaçant de les priver de rapports sexuels, dans une vidéo publiée sur le site web du HCR.

Kandatu raconte qu'elle a prévenu son mari : «Si tu vas là-bas (te battre), ce n'est pas la peine de revenir. Je ne te reprendrai pas», dit-elle.

Son mari, Lengs Kupong, se souvient lui de ces mots de son épouse: «Si tu te conduis mal, je vais te la couper», raconte-t-il.

Les querelles entre clans musulmans à propos de terrains, d'argent ou d'influence politique sont à l'origine de conflits violents qui agitent le sud des Philippines, et alimentent des soulèvements séparatistes et des crimes, ont expliqué des défenseurs des droits de l'homme et des universitaires.

Les membres d'un puissant clan musulman sont actuellement au centre d'un procès, soupçonnés d'avoir tué 57 personnes d'une famille rivale pour les empêcher de se présenter à des élections locales en 2009.