Profitant de la campagne électorale fédérale qui bat son plein, les maires de grandes villes canadiennes revendiquent un nouveau partage des responsabilités entre les trois ordres de gouvernement, mais le tout sans rouvrir le débat constitutionnel.

Les maires de Toronto, Montréal, Sherbrooke et Kitchener ont rencontré la presse, mardi à Montréal, pour réitérer leurs revendications traditionnelles d'un meilleur partage des responsabilités entre le fédéral, le provincial et le municipal, ainsi que l'octroi d'une nouvelle source de revenus pour les villes, plus rentable que l'impôt foncier.

Ils ont également revendiqué une véritable stratégie nationale de transport, qui mettrait notamment l'accent sur le transport en commun.

«Les affaires municipales ne connaissent pas de répit, même pas en période d'élection fédérale», a lancé le président de la Fédération canadienne des municipalités et maire de Sherbrooke, Jean Perrault.

«La pauvreté et l'itinérance ne sont certainement pas un problème local. Les routes et les ponts en mauvais état et les conduits d'aqueduc rouillés ne le sont certainement pas non plus. Les bouchons de circulation et le smog non plus. Les crimes violents commis avec des armes à feu et les gangs organisés ne sont pas des enjeux locaux non plus. Ce sont des enjeux nationaux», a-t-il ajouté.

Les villes revendiquent donc plus d'argent, des sources de revenus plus stables et plus rentables. Leurs maires ont invité les partis politiques fédéraux en campagne électorale à s'engager sur ces questions et à traiter les villes comme de véritables partenaires.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, croit possible d'établir un nouveau partage des responsabilités sans rouvrir le débat constitutionnel. Il rappelle que lorsque le fédéral s'est délesté de ses responsabilités vers le palier provincial et que le palier provincial a fait de même avec le palier municipal, il y a quelques années, il n'y a pas eu de débat constitutionnel.

Le maire Tremblay a reconnu que ces revendications des villes datent d'il y a plusieurs années, mais croit que cette fois-ci, les maires pourraient être entendus par les partis fédéraux. «Il y a une conjoncture économique qui est favorable», estime-t-il.

Les maires évaluent à 123 milliards $ le déficit des infrastructures municipales.

«Les gouvernements locaux sont responsables de plus de la moitié des infrastructures publiques du pays, mais ne reçoivent que huit cents de chaque dollar de taxes et d'impôts perçus au Canada», déplorent les maires dans leur communiqué conjoint. Le déséquilibre fiscal existe donc encore, selon les maires. «Il est encore bien d'actualité dans nos villes», a souligné le maire de Toronto, David Miller.