Larry Vance se souvient de s'être senti bouleversé lorsqu'il est arrivé en Nouvelle-Ecosse au lendemain de l'écrasement de l'appareil de Swissair effectuant le vol 111, à Peggy's Cove. C'était le 3 septembre 1998.

L'avion au grand fuselage avait pris feu lors d'un vol à destination de Genève et avait piqué du nez vers St. Margarets Bay, avant de se désintégrer en d'innombrables pièces éparpillées dans les eaux de l'océan.

Et quelque part à l'horizon, aussi difficile à trouver qu'une aiguille dans une botte de foin, se trouvait la réponse à la question: qu'est-ce qui a provoqué la chute de l'apareil du vol 111?

Au cours des quatre années et demi qui ont suivi, Larry Vance et plusieurs autres personnes ont travaillé sur l'une des enquêtes les plus dispendieuses et les compliquées de toute l'histoire des accidents aériens.

«Si nous avions su l'énormité de la tâche lorsque nous sommes arrivés, nous aurions tous probablement rebroussé chemin», a dit Larry Vance, un enquêteur du Bureau de la sécurité des transports du Canada.

«C'était probablement l'enquête posant les plus grands défis technologiques qui ait jamais été menée. C'était énormément complexe.»

Parti de New York, l'appareil de type MD-11 volait depuis 53 minutes en direction de Genève lorsque le pilote Urs Zimmerman et le copilote Stephan Loew ont annoncé qu'il y avait de la fumée dans la cabine de pilotage.

Quelques minutes plus tard, alors que les pilotes tentaient de diriger l'avion vers Halifax, le feu s'est propagé et a détruit les systèmes de pilotage. L'avion est tombé dans l'océan, tuant les 229 passagers qui se trouvaient à bord de l'appareil.

Durant les jours et les semaines qui ont suivi, des centaines de membres d'effectifs militaires, d'équipes de garde côtières, de policiers et de bénévoles ont ratissé les eaux et le littoral dans le cadre d'un travail sinistre et compliqué pour retrouver deux millions de pièces d'avions détruites.

Le USS Grapple, un navire de la marine américaine muni d'un aspirateur géant, a été dépêché pour retirer les débris du fond de l'océan et trouver le moindre petit élément.

Les pièces retrouvées ont été transférées dans un hangar d'avion à l'extérieur d'Halifax, où des enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports les ont reconstituées avec soin.

Dans un rapport de 337 pages publié en 2003, les auteurs étaient arrivés à la conclusion que le feu avait commencé lorsqu'un fil de maintien d'arc avait enflammé un revêtement couvrant le plafond de l'avion.

Le feu s'est propagé et les systèmes électriques de l'aéronef se sont arrêtés de fonctionner tout comme les deux boîtes noires de la cabine de pilotage. Les six dernières minutes avant l'écrasement n'ont pas été enregistrées.

Le Bureau de la sécurité des transports a consacré 60 millions $ à cette enquête. Le rapport final comprenait 23 recommandations dont la principale était de retirer le revêtement isolant couvrant le plafond de l'avion et qui pouvait s'enflammer facilement. Depuis ce temps, toutes les compagnies aériennes ont retiré ce recouvrement de leurs appareils.

Points saillants du rapport final d'enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada sur l'écrasement du vol 111 de Swissair en 1998:

- l'incendie qui a mené à l'écrasement de l'avion a probablement été déclenché par un arc électrique survenu dans des fils au-dessus du toit sur le côté droit de la cabine de pilotage;

- les enquêteurs ont découvert les traces d'un arc électrique dans des fils reliés au système de divertissement, mais n'ont pas été en mesure d'établir qu'il s'agit de la cause définitive de l'écrasement;

- l'arc électrique a enflammé le recouvrement de matériau d'isolation acoustique et thermique, tout près, et le feu s'est rapidement propagé. Le Bureau a conclu que les normes de certification pour l'inflammabilité de ce matériau étaient inadéquates;

- le Bureau a blanchi les pilotes de tout blâme. Les enquêteurs ont déterminé que les pilotes n'auraient pas été en mesure d'effectuer un atterrissage sécuritaire même s'ils avaient procédé immédiatement après avoir donné l'alarme.