On connaît ses plages idylliques, ses temples envoûtants et ses nuits interlopes. Mais la réputation de la Thaïlande souffre aujourd'hui de réalités moins reluisantes faites aussi de vols, agressions, et autres arnaques en tous genres.

De plus en plus inquiets des crimes commis contre leurs ressortissants, des gouvernements étrangers ont même demandé au royaume, qui se fait appeler le «pays du sourire», de faire plus pour les protéger.

Quelque 22 millions de visiteurs, un record, y sont entrés l'an dernier. Et si la majorité n'a pas rencontré de graves problèmes, d'autres ont été moins chanceux, en particulier à Phuket, haut lieu touristique de la mer Andaman, dans le sud du pays.

Élodie Triche et sa famille ont débarqué sur l'île en mai, sans passer à leur sortie de l'aéroport par les services de l'immigration, par erreur.

Quand ils sont retournés de leur plein gré pour tenter de faire tamponner leurs passeports, ils ont été interpellés.

Photo, empreintes, garde à vue de 12 heures, et libération sous caution, raconte la Française. Avant une condamnation le lendemain, sans avocat, à un an de prison avec sursis et 2000 bahts (50 euros) d'amende chacun.

«Un tel traitement est inacceptable. Notre petite fille de 21 mois cloisonnée au poste de police et au tribunal aurait préféré passer ses vacances à la plage!», insiste-t-elle, parlant de vacances «gâchées».

Mais leur sort aurait pu être bien pire, alors que nombre de touristes se retrouvent dépouillés après avoir été drogués à leur insu, souligne Wal Brown, bénévole qui travaille en lien avec la police dans les rues de Patong, principale ville de Phuket.

«Il y a deux ans, deux Italiens sont sortis de la forêt. Ils ne se sont souvenus de rien pendant trois jours. Tout leur argent et leurs vêtements avaient été volés. Ils n'avaient plus que leur slip», raconte l'Australien.

Les visiteurs sont également mis en garde contre les rabatteurs offrant une entrée gratuite dans des spectacles pour adultes, où une bière peut valoir jusqu'à 40 euros. «L'an dernier, un gars a été frappé avec un marteau. Il ne voulait pas payer», poursuit Brown.

Les chancelleries étrangères ont donc réclamé des mesures drastiques pour protéger les touristes. Une quinzaine d'ambassadeurs européens se sont récemment rendus à Phuket pour faire part de leurs craintes aux autorités de l'île.

«Je ne pense pas que la situation s'améliore et c'est pour cela que nous voulions vraiment insister sur cette question», a expliqué à l'AFP David Lipman, chef de la délégation de l'Union européenne en Thaïlande.

«racket»

La police de Phuket, elle, assure faire de son mieux avec des ressources limitées.

«Nous avons mis en place un programme ''zone sûre de Patong'' pour protéger les touristes», explique le lieutenant-colonel Nikorn Chootong. «Le public peut aussi aider à prendre soin des touristes, vu que malgré plus de 100 policiers à Patong, ce n'est pas suffisant».

Les plaintes des touristes sont variées, de l'absence de transport public à la harangue agressive des chauffeurs de tuk-tuk, en passant par les vols ou les extorsions par la police.

Sans oublier une arnaque répandue sur les plages de sable fin: faire payer pour des dommages aux jet-skis de location qui existaient bien avant, utilisant les menaces contre ceux qui rechigneraient à sortir leur porte-monnaie.

«C'est du racket», lance David Lipman. «La même chose existe avec les motos. Les gens louent une moto, au milieu de la nuit, elle est volée par ceux qui vous l'ont louée».

Les amendes imposées par la police pour «stationnement au mauvais endroit» posent également problème. «Nous attendons de véritables règles de conduite de la part des fonctionnaires», insiste l'ambassadeur. «Regardons la réalité en face, il y a un peu de corruption et nous espérons que cela pourra être évité».

Mais parfois, le cauchemar peut être mortel. Ainsi en juillet, à Bangkok, un Américain a été tué par un chauffeur de taxi apparemment après un différend sur le prix de la course.

Si ce genre de violences contre les étrangers est plutôt rare, les victimes d'accidents de la route et de noyade sont, elles, nombreuses.

La Thaïlande a enregistré en 2012 le plus important nombre d'Australiens morts, avec 111 décès sur près d'un million de visiteurs. Et 88 Français sont décédés l'an dernier dans le pays qui avait accueilli 600 000 touristes de l'Hexagone.

Alors les diplomates espèrent que leur message sera entendu. «J'espère vraiment que la situation va s'améliorer», indique ainsi Lipman.

«Beaucoup de gens vont à Phuket pour passer des vacances merveilleuses et ne rencontrent aucun problème», note-t-il. «Mais ils peuvent (en) rencontrer plein».