La saison d'alpinisme sur le mont Everest semble plus menacée que jamais après l'échec, jeudi, d'une rencontre entre des représentants du gouvernement népalais et des guides sherpas.

Plusieurs entreprises qui avaient organisé des expéditions vers le sommet ont annulé leurs projets quand de nombreux sherpas ont décidé de rentrer chez eux, dans la foulée d'une avalanche qui a emporté 16 de leurs camarades.

La saison n'a pas encore été officiellement annulée, mais il semble de plus en plus improbable que des assauts vers le sommet seront lancés depuis le Népal cette année.

«Nous sommes plusieurs à croire que cette année n'est pas propice à l'alpinisme et que personne ne devrait aller sur la montagne», a dit le sherpa Tenzing, qui utilise un seul nom. Il a qualifié 2014 «d'année noire» pour l'Everest.

«C'est un mauvais début pour la saison d'alpinisme et on ne devrait pas l'aggraver davantage», a-t-il ajouté.

L'avalanche de vendredi dernier a étalé au grand jour l'insatisfaction des sherpas face à leurs salaires, à leur traitement et aux risques démesurés qu'ils courent pour permettre à des touristes d'atteindre le toit du monde. Des dizaines de sherpas ont plié bagage et sont redescendus de la montagne, affirmant qu'ils veulent rendre hommage aux disparus, mais aussi faire pression sur le gouvernement pour l'obliger à protéger leurs droits.

Le fondateur et guide principal d'Alpenglow Expeditions, Adrian Ballinger, a indiqué que lui et plusieurs de ses collègues ont décidé de quitter les lieux.

«Nous avons tous décidé qu'il ne vaut pas la peine d'aller à l'encontre du désir des sherpas», a-t-il dit.

Au moins six voyagistes qui avaient organisé des expéditions ont annulé leurs projets pour 2014. Des alpinistes pourraient toujours tenter d'atteindre le sommet de l'Everest depuis la Chine.

Une délégation gouvernementale a rencontré des représentants des sherpas jeudi, au camp de base de l'Everest, pour tenter de les convaincre de reprendre le boulot. Les deux camps ont admis que la rencontre a su calmer les esprits, mais rien ne permet toutefois de croire que la saison sera sauvée.

Plusieurs sherpas accordent des pouvoirs mystiques à la montagne. Les décès et le fait que trois corps n'ont pas encore été retrouvés les portent à croire que les expéditions doivent être annulées.

«Les signes nous disent de ne pas continuer», a dit Tenji Sherpa, un guide de 30 ans, depuis le camp de base. Il a ensuite témoigné de la confusion qui règne chez les sherpas.

«Nous sommes plusieurs à être toujours indécis, a-t-il dit par téléphone. Rentrer chez nous voudrait dire que nous n'aurons pas beaucoup d'argent pour faire vivre nos familles durant le reste de l'année. Mais de continuer serait aussi difficile, avec ce qui vient de se produire.»

La plupart des assauts vers le sommet de l'Everest sont lancés en mai, lors d'une brève période de temps plus clément. Sans l'aide des sherpas, des guides aguerris qui transportent aussi des tonnes d'équipement, il devient presque impossible pour les alpinistes de rejoindre le toit du monde.

Le Népal avait annoncé, mardi, la création d'un fonds d'aide pour appuyer les sherpas blessés lors d'accidents et les familles de ceux qui sont tués, et pour défrayer les coûts d'opération de sauvetage en montagne.

Le Népal augmentera également à 15 620 $ US les paiements d'assurance effectués à ceux qui sont tués en montagne; les sherpas réclamaient 20 800 $ US.