Il y a encore dix ans, les voyageurs asiatiques, même aisés, devaient se résigner à être bringuebalés pendant des heures sur de mauvaises routes. Mais l'explosion des compagnies aériennes à bas coût a grandement facilité les déplacements et favorisé le tourisme sur le continent.

«Maintenant, tout le monde peut voler» est la devise d'AirAsia, une des pionnières de ces compagnies «à bas prix», qui ont désormais essaimé dans le sud-est asiatique. «Tout à coup, des gens qui n'avaient jamais pris l'avion, qui vivaient dans des villages et étaient habitués à douze heures d'autocar pour aller rendre visite à leur famille, ont pu voler», explique Sean Lee, directeur de la communication en Asie du constructeur européen Airbus. «Si la même chose se produit dans l'avenir en Chine, en Inde et en Indonésie, avec leurs immenses populations, imaginez le potentiel colossal», ajoute-t-il.

Un potentiel si énorme qu'Airbus prévoit qu'un tiers des nouveaux avions fabriqués au cours des 20 prochaines années seront vendus dans la région, soit plus de 8500 appareils et un marché de 867 mds d'euros.

Un pays de cocagne pour les constructeurs. Aux côtés de leur tout nouveau concurrent chinois Comac, qui n'a pourtant encore aucun avion dans le ciel, l'européen Airbus et l'américain Boeing vont se disputer ce marché appelé à dépasser les marchés américain et européen.

Airbus doit livrer plus de 1000 appareils dans la région. Sur ce total, AirAsia a placé 175 commandes fermes d'Airbus A320 avec une option pour 50 supplémentaires, a indiqué le constructeur.

Les compagnies «low cost» ont placé sur la carte des lignes aériennes des endroits inaccessibles jusque-là et contribué à développer de nouveaux centres touristiques. Onze ans après son décollage, l'ambitieuse AirAsia, basée à Kuala Lumpur, continue à étendre son maillage. La compagnie a inauguré des liaisons long-courriers entre Kuala Lumpur et Paris et Londres et ouvert trois nouveaux «hubs» à Kuching (Malaisie), Chiang Mai (Thaïlande) et Medan (Indonésie).

«En 2011, nous prévoyons de desservir de nouvelles destinations et de renforcer celles que nous desservons déjà», a indiqué à l'AFP Tony Fernandes, directeur général de la compagnie.

AirAsia devrait ainsi lancer au second semestre 2011 des vols aux Philippines, devenu un eldorado touristique à cause de ses bas prix et de ses plages de rêve. «Nous estimons que le marché philippin représente un énorme potentiel. Nous prévoyons aussi d'être plus agressifs en pénétrant le marché indien et d'étendre notre présence en Chine», a ajouté M. Fernandes.

La compagnie IndiGo, lancée en 2006, est la plus jeune des huit «low cost» indiennes, mais occupe déjà le 3e rang national, avec 8,4 millions de passagers transportés en 2010, soit une part de marché de 16,5%.

La compagnie a passé cette année avec Airbus le plus gros contrat de l'histoire, pour l'achat de 180 A320, soit l'équivalent de six mois de travail pour l'avionneur européen.

Première compagnie «low cost» philippine, Cebu Pacific prévoit de son côté d'investir un milliard de dollars dans 21 nouveaux Airbus et d'engager 2.000 employés supplémentaires au cours des quatre prochaines années.

De son côté, la Singapourienne Tiger Airways va prendre livraison de 26 appareils, a indiqué son directeur de la communication, Charles Sng.

Si la hausse du prix du pétrole ne leur coupe pas les ailes: «Nous prévoyons que les turbulences dans le secteur énergétique vont avoir un impact sur les compagnies à bas prix, étant donné leur capacité limitée à compenser la hausse du prix du carburant», estime Shukor Yusof, spécialiste du secteur à l'agence de notation Standard and Poor's.