Vous rêvez de visiter l'Inde, mais vous redoutez un choc des cultures trop brutal? Il y a une solution pour vous: le Kerala.

Le pays des cocotiers

Cet État de l'Inde, moins connu des Québécois, se situe à la pointe sud du pays, baigné par la mer d'Arabie. Des cocotiers, des plages, mais aussi un arrière-pays fabuleux et une ville historique, Fort Cochin. Le tout avec une douceur de vivre qui ne tient pas seulement à la gentillesse des Kéralais, mais à une certaine harmonie sociale: les politiques de gauche ont donné le plus bas taux d'analphabétisme du pays et une espérance de vie au-dessus de la moyenne nationale. C'est l'Inde pour débutants, mais pas seulement. Parce que le dépaysement est total et que c'est une belle façon de découvrir le pays, sa culture, ses traditions. Sans stress et sans insécurité.

La plage de Varkala

Après 22 heures dans les avions et les aéroports, avec 10,5 heures de décalage horaire, c'est l'endroit idéal où poser ses valises. Un sentier longe une falaise bordée de cocotiers, de petites boutiques de touristes, de restaurants et d'hôtels. Bon à savoir: le Coffee Temple, tenu par un Anglais, offre le meilleur café au lait du Kerala! La longue plage, au pied de la falaise, est accessible par des marches creusées dans le roc (et jonchées de déchets). La mer est belle et le poisson frais, abondant. Varkala Cliff se trouve à 20 minutes de la ville de Varkala en tuk-tuk, un tricycle motorisé qui sert de taxi, et à une heure de voiture de l'aéroport de Thiruvananthapuram. Le climat? Tropical et humide. Il fait 31 degrés Celsius le jour, avec du soleil, et 23 la nuit. C'est Montréal en juillet! 

Balade sur les Backwaters

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La longue plage de Varkala, au pied de la falaise, est accessible par des marches creusées dans le roc.

Après trois heures de route assez dures pour les nerfs (bus, camions, autos, vélos, tuk-tuk...), on comprend pourquoi on déconseille fortement aux touristes de conduire. Il y a du monde: 33 millions de Kéralais, pratiquement la population du Canada, sur un territoire à peine plus grand que la Gaspésie. Et soudainement, on passe de la frénésie au calme à Allepey, notre destination, qui est la porte d'entrée d'un énorme réseau intérieur de centaines de kilomètres de canaux, de lagunes et de marais, désigné site mondial de l'UNESCO. On embarque sur une péniche où, pendant 24 heures, on voguera doucement le long des rizières et des maisons accessibles seulement par l'eau. Ces péniches traditionnelles sont tout confort : des modèles à une, deux ou trois chambres, chacune avec sa salle de bains, une salle à manger sur le pont, une terrasse couverte sur le toit, d'où on observe le paysage. Et un personnel qui nous traite aux petits oignons. Expérience inoubliable.

Épices et éléphants sauvages

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Dans les Backwaters. Ces péniches traditionnelles sont tout confort.

Après l'eau, la montagne. Cinq heures de route où on grimpe vers les sommets des Ghats. Le trajet vaut la peine pour les paysages. On arrive à Thekkady, une petite ville près du parc national du Periyar, qui vante ses tigres et ses éléphants sauvages. Oubliez les tigres, vous ne les verrez jamais. Mais ce n'est pas tant le parc qui nous a plu (quoiqu'on puisse y faire des excursions en bateau ou à pied) que ce premier vrai contact avec la vie urbaine, grouillante, bordélique, où les touristes étaient surtout des hindous pieds nus en pèlerinage. Et c'est là qu'on a découvert les épices. Les fameuses épices que Jacques Cartier cherchait. On était au pays de la cardamome. Et du poivre du Malabar, connu depuis l'Antiquité. C'est l'endroit pour acheter des épices, mais aussi pour découvrir d'où elles viennent. Il y a des fermes familiales bios où l'on apprend que le poivrier est une plante grimpante, le curcuma, une racine, et que la cardamome se cueille sur de petites pousses au pied d'une plante de deux mètres.

Les plantations de thé

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Thekkady, une petite ville près du parc national du Periyar, vante ses tigres et ses éléphants sauvages.

Munnar: retenez ce nom. L'endroit est difficile d'accès en raison de l'abondante circulation dans des routes étroites en lacets, mais vaut largement le détour. De Thekkady, il faut compter cinq heures de route de plus. Munnar se trouve à 1500 m d'altitude dans la plus grande région productrice de thé du sud de l'Inde. Tout autour, les montagnes sont tapissées de plantations de thé vert émeraude, taillées comme des haies ornementales d'une grande beauté. L'hôtel Spice Tree, où nous avons séjourné, est situé à une vingtaine de kilomètres de la ville. C'est un lieu de rêve d'où l'on ne veut pas bouger: piscines, cours de yoga et de cuisine, dégustation de thé, excursion dans la vallée et sur les collines où dominent les dolmens, balade dans les plantations de poivre et de cardamome. Sans parler du spa, où l'on peut recevoir un massage à l'huile chaude, une spécialité de la médecine traditionnelle ayurvédique. Ommmm...

La cuisine kéralaise

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Une femme cueille des feuilles de thé

Premier choc. Le mot curry n'apparaît jamais dans les menus! Ce sont les British qui parlent de curry. En Inde, chaque mélange d'épices a son nom. Et dans le sud de l'Inde, les déclinaisons sont beaucoup plus douces, plus parfumées, avec une cuisine qui repose beaucoup sur le lait de coco, le poisson et le riz. La cuisine végétarienne est très présente, généreuse et épicée. Et comme le Kerala est bordé par la mer, partout les restaurants proposent des poissons et des fruits de mer grillés, en sauce ou en tandoori.

La beauté de Fort Cochin

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Dans le sud de l'Inde, les déclinaisons d'épices sont beaucoup plus douces, plus parfumées, avec une cuisine qui repose beaucoup sur le lait de coco, le poisson et le riz.

Fort Cochin, c'est la plaque tournante du commerce des épices, là où les Européens se sont installés au XVIe siècle. Les Portugais, suivis des Hollandais, puis des Britanniques. Tout ça paraît encore dans cette ville en partie moderne, bruyante et désordonnée de 2,1 millions d'habitants. Une promenade à pied s'impose dans la partie historique, avec ses églises, sa synagogue, ses bazars, son architecture coloniale anglaise et ses restaurants au fil de l'eau. C'est le plus gros port de l'Inde, et c'est l'endroit parfait pour assister à un spectacle de kathakali, une danse indienne traditionnelle et impressionnante. En prime, jusqu'au 29 mars, on peut y voir la Biennale d'art contemporain Kochi-Muziris, la plus importante en Asie!

Pratico-pratique

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La cathédrale Sainte-Croix de Cochin

Combien ça coûte? En gros, prévoyez 150 $ par personne, par jour, pour dormir (dans de beaux hôtels), manger (comme des rois) et se déplacer avec un chauffeur privé, de l'aéroport de Thiruvananthapuram à celui de Cochin, en passant par Allepey, Thekkady et Munnar. Mais c'est sans compter les billets d'avion. La meilleure période pour y aller est entre la mi-novembre et la fin de mars. Visa obligatoire (et cher) et vaccins recommandés. Un mot en terminant sur la tenue vestimentaire. Si vous êtes une femme, oubliez les shorts et les bretelles spaghetti! Les Indiennes portent encore largement des vêtements traditionnels qui dévoilent parfois le ventre, mais cachent les épaules et les jambes.

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Danse Kathakali, de la danse classique du Kerala, Inde