Il fallait rester concentré sur la route. Garder les deux yeux droit devant – et les deux roues, en équilibre. Mais le paysage montagneux du nord du Viêtnam, qui ne cessait de se dévoiler, en voulait autrement. Chacun des nombreux virages en épingle que nous devions négocier à motocyclette nous récompensait d’un nouveau point de vue, d’un nouveau panorama à admirer… en nous arrêtant au bord de la route.

La boucle de Ha Giang (ou « Ha Giang loop », en anglais), ville située à une trentaine de minutes de la frontière avec la Chine, est devenue depuis une dizaine d’années une activité prisée de voyageurs qui ont le goût de l’aventure. On y propose des circuits de trois jours et deux nuits (ou quatre jours et trois nuits), au cours desquels on sillonne les vallées, les rizières et les routes sinueuses de ce décor pittoresque. On roule à motocyclette semi-automatique, le véhicule le plus utilisé par les Vietnamiens. Ou alors on se laisse guider par des easy riders, ces pilotes locaux qui vous conduisent sur leurs bolides à deux roues, du début à la fin du parcours.

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Vue de haut sur le canyon Tu San

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Le fameux « col en M »

Les trois jours de notre périple, à la mi-avril, ont été remplis de paysages imprenables.

Mais certains d’entre eux ont été particulièrement mémorables. Il y a eu le « col en M », où l’on a aperçu la route en zigzag que nous nous apprêtions à emprunter. Il y a eu la vue de haut sur le canyon Tu San – aucune photo ne peut rendre justice à son véritable charme. Il y a eu le col de Tham Ma, qui donne l’impression de rouler dans un circuit de Mario Kart. Ou alors cette visite dans le très joli village de Meo Vac, où réside une communauté de l’ethnie H’Mong.

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Nos fidèles easy riders

« Happy water » et karaoké

Mais ce ne sont pas seulement les montagnes s’étendant à l’infini qui vous resteront en tête au retour de la boucle de Ha Giang. C’est aussi l’expérience que vous feront vivre les easy riders. Le soir venu, lorsque les moteurs sont éteints, que votre groupe est attablé dans une maison d’hôtes rustique et que le généreux repas vietnamien est servi, les sympathiques pilotes viendront vous voir pour que vous partagiez avec eux leur fameux « happy water ». Vous dégusterez (ou enfilerez, c’est selon) alors plusieurs verres de ce vin de riz artisanal, qui porte très bien son surnom.

« MOT, HAI, BA, YO ! », lanceront-ils, vous encourageant à répéter ces mots à gorge déployée avant de porter le petit verre à vos lèvres. Un cri de ralliement que nous pourrions traduire par : « Un, deux, trois, santé ! ».

Une fois les assiettes vidées de leur savoureux contenu, préparez vos cordes vocales : le karaoké, cette grande passion vietnamienne, s’en vient.

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Les easy riders nous proposent de nombreux arrêts pour prendre des photos le long de la route.

Vigilance !

Le lendemain matin, on déguste le petit-déjeuner, et on repart. Au menu : encore plus de vues se révélant au tournant de flancs de montagnes, mais peut-être aussi quelques kilomètres de route en construction.

Parce que si la boucle de Ha Giang est tout à fait accessible aux motos et aux voitures – on y croise même quelques vélos ! –, elle nécessite tout de même une certaine maîtrise de son bolide.

Différentes options sont offertes pour parcourir le trajet. Les plus courageux le feront de manière 100 % autonome, c’est-à-dire sans agence organisatrice, sans guide, pilotant eux-mêmes leur moto. De l’autre côté du spectre, on fait affaire avec une entreprise qui s’occupe de tout (repas, hébergements, location de motocyclette, essence, guides ou easy riders). Vous vous assoyez donc derrière votre pilote, et vous n’avez qu’à vous délecter du paysage.

Ma conjointe et moi avons opté pour un entre-deux, soit une conduite autonome au sein d’un groupe de cinq autres personnes transportées par leurs fidèles accompagnateurs.

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Difficile de dire adieu à ces paysages…

Cela dit, on suggère fortement de vérifier combien d’autres voyageurs feront partie de votre groupe. Nous avons été heureux de nous retrouver avec seulement cinq autres participants ; il y avait sur la route des groupes d’une trentaine de personnes, et donc autant de véhicules un à la suite de l’autre. L’entreprise Jasmine Tours, notamment, organise ces expéditions à grand déploiement. Autant les soirées doivent être amusantes en si grand nombre, autant le peloton de deux-roues dans les allées sinueuses peut mener à des enjeux de sécurité, surtout pour des conducteurs autonomes moins expérimentés. Nous avons vu des gens aux jambes et aux bras éraflés à la suite de chutes, et même un bouchon de circulation lié à un accident plus grave lors de notre dernière journée. La prudence est de mise en tout temps.

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L’agence Jasmine Tours, notamment, organise des expéditions à grand déploiement.

Vous avez déjà visité les Rocheuses de l’Alberta, chers lecteurs ? Vous savez, ce sentiment de nostalgie qui vous assaille lorsque vous quittez les montagnes pour retrouver le terrain plat des plaines canadiennes ? Nous avons vécu la même chose en quittant les vallées de la boucle de Ha Giang, et en éteignant le moteur de notre bolide pour l’ultime arrêt.

Combien ça coûte ?

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Nous avons fait affaire avec l’agence Hanoi Old Quarter Travel, établie dans la capitale du pays. Elle s’est occupée d’organiser notre transport vers Ha Giang, l’activité en soi, ainsi que le retour. Pour environ 185 $ CAN par personne, nous avons donc eu le bus aller et retour de Ha Giang, la location de la motocyclette semi-automatique, l’essence, les guides, ainsi que tous les repas et les nuits inclus. On nous proposait d’ajouter à ce prix environ 20 $ CAN par personne, par jour, si on décidait de rouler avec un easy rider. Avec Jasmine Tours, le même combo en coûte 230 $ CAN par personne. Il y a d’innombrables agences de tourisme à Hanoï, qui offrent toutes à peu près la même chose. Vous pourriez donc tenter votre chance pour négocier un prix qui vous satisfait.

Compléter son périple dans le Nord

  • Une dame transporte sa cargaison de légumes verts à vélo à travers la circulation à Hanoï.

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    Une dame transporte sa cargaison de légumes verts à vélo à travers la circulation à Hanoï.

  • Cat Ba, près de la baie d’Ha Long

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    Cat Ba, près de la baie d’Ha Long

  • Tam Coc, fort pittoresque, à ne pas manquer

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    Tam Coc, fort pittoresque, à ne pas manquer

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Le nord du Viêtnam a beaucoup à offrir. Déjà, Hanoï possède un charme inégalé : de beaux petits cafés, des rues bondées de motos, ces dames transportant leurs lourdes cargaisons de fleurs à vélo, ce moderne qui se mélange au traditionnel. À quelques heures à l’est de la capitale, il y a aussi la très populaire baie d’Ha Long (ou sa petite sœur, Cat Ba) et sa dizaine de milliers de petites îles autour desquelles naviguer en croisière. Dans le nord-ouest du pays, une visite à Sa Pa et ses montagnes s’impose. Par une journée ensoleillée, le mont Fansipan, soit « le sommet de l’Indochine », offre l’un des plus beaux panoramas du Viêtnam. Ninh Binh, et sa petite voisine pittoresque Tam Coc, surnommés la « baie d’Ha Long terrestre », sont aussi à ne pas manquer.