(Montréal) Il aurait sans doute fallu une raison vraiment importante pour que Sylvain Bruneau ne soit pas à Vancouver, où s’amorcera vendredi le duel de qualification de la Coupe Billie-Jean-King — l’équivalent féminin de la Coupe Davis — entre le Canada et la Belgique. Car ce sera l’occasion pour l’homme de tennis québécois de joindre l’utile à l’agréable.

Celui qui a contribué aux plus beaux moments de la jeune carrière de Bianca Andreescu dans le rôle d’entraîneur, il y a environ quatre ans, se trouve à l’autre extrémité du pays dans ses fonctions de consultant principal, tennis féminin, à Tennis Canada. Mais au même moment, il aura l’occasion de baigner dans l’atmosphère d’un rendez-vous qu’il affectionne.

« C’est un gros évènement. C’est une opportunité pour les filles qui jouent toujours, à longueur d’année, juste pour elles-mêmes sur le circuit. Oui, elles représentent le Canada, mais elles sont quand même là pour elles-mêmes. Là, tu joues vraiment pour le Canada. Tu joues au Canada. Je trouve que c’est un autre gros évènement de tennis. On essaie d’augmenter la popularité du tennis, et je pense que c’est important d’avoir des évènements tels que celui-là à Vancouver », a d’abord énuméré Bruneau, qui a vécu ses premiers moments à la Fed Cup — l’ancien nom de la Coupe Billie-Jean-King — en 2004.

Aussi, selon Bruneau, un évènement comme la Coupe Billie-Jean-King amène une dynamique complètement différente pour les athlètes qui y participent, et aussi pour les amateurs de tennis qui y assistent.

« Tu as la foule qui se range derrière les joueuses, l’atmosphère est toute autre que ce que l’on vit durant l’année. C’est une compétition par équipe avec la capitaine qui est sur le terrain, qui “ coache ” la joueuse. Tu as le banc qui est complètement en feu derrière chacune des joueuses, qui s’implique sur chacune des frappes, sur chacun des points. Je trouve que c’est une dynamique différente. Je trouve que pour les “ fans ” de tennis, c’est un beau moment. On te demande toujours de regarder le tennis, de ne rien dire, d’applaudir. Là, c’est une ambiance survoltée. Tu mets tout ça ensemble et c’est gagnant comme formule. »

Bruneau décrit une sensation que le Canada a vécue et ressentie il n’y a pas si longtemps. En novembre en Espagne, la crème du tennis masculin au pays, incluant le Québécois Félix Auger-Aliassime et l’Ontarien Denis Shapovalov, a uni ses efforts pour ramener en terre canadienne la prestigieuse coupe Davis pour la première fois de son histoire.

Bruneau est fier de ce résultat sans précédent et il souhaite voir l’équipe féminine réaliser un exploit semblable, un jour pas trop lointain, à la Coupe Billie-Jean-King, dont les Finales auront lieu en novembre.

Toutefois, il y a une première étape à franchir, et elle s’amorcera vendredi avec deux matchs en simple, sur surface dure, dans l’enceinte du Pacific Coliseum.

Le Canada se présentera à ce duel avec deux athlètes classées à l’intérieur du top 100 en simple en Leylah Fernandez (50e) et Rebecca Marino (81e), et avec l’une des meilleures joueuses au monde en double en Gabriela Dabrowski, comme le témoigne sa septième place au classement mondial de la discipline.

Par ailleurs, la capitaine Heidi El Tabakh ne pourra compter sur la présence d’Andreescu, 27e joueuse au monde, victime d’une blessure à une cheville lors du tournoi de Miami, il y a environ trois semaines. Katherine Sebov, 136e au monde, a été appelée en renfort.

« Évidemment, j’ai été très déçu. Clairement. C’est notre joueuse numéro 1 », a admis Bruneau au sujet de l’absence de son ancienne protégée, dont la carrière continue d’être parsemée d’embûches.

« Mais je sais aussi que la joueuse qui remplace Bianca, Katherine Sebov, joue de l’excellent tennis présentement. C’est une fille qui monte. Je sais que le meilleur est à venir pour elle. C’est une grande travaillante et je suis aussi content qu’elle ait cette chance-là. Quand Katherine m’a dit qu’elle accepterait l’invitation et qu’elle serait ici pour défendre les couleurs du Canada, c’était plus facile à prendre », a renchéri Bruneau.

À l’instar du Canada, la Belgique ne comptera pas sur tous ses meilleurs atouts. Élise Mertens, 29e au monde en simple, ne sera pas à Vancouver. Sa meilleure joueuse en simple sera Ysaline Bonaventure, actuellement 86e au monde.

Toutefois, dans le camp canadien, on ne prendra certainement pas Bonaventure à la légère, elle qui a tour à tour éliminé Marino et Fernandez lors de la Classique ASB d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, en janvier dernier sur la surface dure.

Tennis Canada a d’ailleurs révélé en fin de journée jeudi les résultats du tirage au sort.

Fernandez affrontera d’abord en simple Yanina Wickmayer, et ce duel sera suivi de celui entre Marino et Bonaventure.

« Je l’ai affrontée (Bonaventure) en début d’année. Ça ne s’est pas passé comme je le voulais, mais j’ai beaucoup appris de ce match, a expliqué Fernandez. Je connais son jeu. Je connais ses habitudes et ce sera un match palpitant. »

Si tout se déroule comme prévu, la Lavalloise aura rendez-vous avec Bonaventure en lever de rideau samedi, tandis que Marino croisera le fer avec Wickmayer.

Et, si nécessaire, ces matchs seront suivis samedi d’un double ultime opposant Dabrowski et Fernandez à Kirsten Flipkens et Greet Minnen.

Par ailleurs, selon les classements publiés en novembre dernier, le Canada occupait le sixième rang dans la hiérarchie du tennis féminin, huit échelons devant la Belgique.

Le Canada fait donc figure de favori, sur papier. Confiant, Bruneau est aussi un homme sage. Pour cette raison, il rappelle que tout va se jouer sur le court.

« Je ne prends rien pour acquis ; ça va se jouer sur le terrain. J’ai confiance en nos filles, nos filles jouent bien. On a une bonne préparation, les choses se passent exactement comme on le souhaitait. De ce côté-là, tout va. Mais je pense qu’elles (les Belges) vont tout donner et que ça ne sera pas une rencontre facile », a-t-il conclu.