De retour à New York, Leylah Fernandez rêve à un match contre Serena Williams, entre autres

(New York) Leylah Fernandez n’est plus tout à fait l’ingénue qui, durant une fin d’été palpitante, a conquis le cœur des New-Yorkais, de Gayle King, animatrice de l’émission matinale de CBS, à Eric Adams, actuel maire de New York, en passant par quantité de citoyens moins connus.

Mais c’est avec les yeux d’une enfant que la Québécoise de 19 ans dit avoir renoué avec le site des Internationaux du tennis des États-Unis, où elle s’est inclinée en finale l’an dernier devant Emma Raducanu, jeune sensation issue des qualifications, après avoir liquidé les Naomi Osaka, Angelique Kerber et Elina Svitolina, entre autres grandes raquettes féminines.

« Wow ! C’est tellement gros ! », a-t-elle pensé en se présentant au Centre national de tennis Billie-Jean-King, dominé par la masse gigantesque du stade Arthur-Ashe, pour une séance d’entraînement matinal.

J’avais l’impression d’être à nouveau une petite enfant dans sa propre cour de récréation, essayant de trouver son chemin, d’explorer les courts.

Leylah Fernandez

« Je m’amusais tellement », a-t-elle plus tard déclaré en souriant lors d’une conférence de presse très courue.

Comme l’autre star du tennis québécois, Félix Auger-Aliassime, qui fera son entrée médiatique dimanche, Leylah Fernandez, 14e tête de série, entamera lundi la dernière levée annuelle du Grand Chelem du tennis. Elle affrontera en soirée sur le court du stade Louis-Armstrong la Française Océane Dodin, 99joueuse au monde.

Auger-Aliassime, lui, se mesurera à un joueur issu des qualifications sur le court du Grandstand. Sixième tête de série, il pourrait renouer avec le Russe Daniil Medvedev, premier joueur au monde et champion en titre à New York, en quarts de finale.

« C’est ici que j’ai retrouvé le sourire »

De même que Raducanu, Fernandez n’a pas été mesure de prolonger cette année le conte de fées dont elle a partagé la vedette à New York en septembre dernier. Une fracture de stress au pied droit subie à Roland-Garros lui a fait notamment rater deux mois de compétition – et Wimbledon.

« Je pensais que tout allait être parfait », a déclaré la Lavalloise en revenant sur ce qui lui est arrivé depuis la finale new-yorkaise. « En même temps, je savais qu’il y aurait quelques obstacles sur la route et que j’allais devoir trouver des solutions, passer à travers ces moments difficiles. »

PHOTO SETH WENIG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Leylah Fernandez a atteint la finale des Internationaux des États-Unis, l’an dernier.

Je pense que cela a été une excellente expérience d’apprentissage, non seulement pour apprendre à jouer au tennis, ce que je fais constamment, mais aussi pour apprendre à me connaître, à savoir ce que j’aime faire, ce qui m’a aidée, dans ces moments-là, à essayer de m’améliorer en tant que personne et à profiter de mon temps sur le circuit.

Leylah Fernandez

Un an plus tard, Leylah Fernandez n’est donc plus tout à fait la même, mais il est difficile d’échapper à l’impression qu’elle est faite sur mesure pour New York, pour son tournoi de tennis et sa foule « électrique », pour reprendre un de ses mots.

« C’est ici que j’ai retrouvé le sourire sur un court », dira-t-elle d’ailleurs en français lors de sa conférence de presse.

Sur le chemin de Serena

Et le monde du tennis s’est déjà mis à rêver, avant même le premier échange entre Leylah Fernandez et Océane Dodin, a un affrontement symbolique qui mettrait en scène la Québécoise à l’aube de ses 20 ans et une Américaine ayant atteint le cap des 40 ans.

Car, si les dieux du sport étaient aussi généreux que l’an dernier à New York, ils s’arrangeraient pour que Leylah Fernandez retrouve en huitièmes de finale Serena Williams, qui fera ses adieux à la Grosse Pomme comme joueuse de tennis.

« À quoi cela ressemblerait-il ? », a demandé un journaliste à la Québécoise.

« Wow ! Je n’avais pas vu le tirage. Je ne savais pas qu’elle était dans ma partie de tableau », a-t-elle répondu.

PHOTO SETH WENIG, ASSOCIATED PRESS

Serena Williams, à l’entraînement, plus tôt cette semaine

Une précision, avant d’aller plus loin sur ce sujet. Le tableau principal des Internationaux des États-Unis a été annoncé jeudi. Tous les mordus du tennis l’ont scruté pour connaître les affrontements possibles. Mais, à l’entendre, Leylah Fernandez laisse ces détails à son entraîneur, qui se serait contenté de lui dévoiler l’identité de sa première rivale. Les athlètes évoluent vraiment dans une autre dimension, élevant le cliché « un match à la fois » au rang de mantra.

Ou ils nous mènent parfois en bateau.

Une chose est certaine : l’idée d’avoir une chance de participer à un match historique séduit Fernandez. D’autant qu’elle n’a jamais joué contre celle qu’elle qualifie d’« icône » et de « légende ».

Je suis juste tellement excitée de savoir que je pourrais potentiellement rencontrer Serena ici à New York. Ce pourrait être un rêve qui se réalise pour moi. Vous rêvez toujours de jouer contre les légendes, les plus grandes joueuses de tous les temps que vous admirez depuis si longtemps.

Leylah Fernandez

Leylah Fernandez nourrit aussi le rêve de réaliser les plus grands exploits sur les plus grandes scènes du monde, ce qu’elle dit avoir réussi l’an dernier. C’est le message qu’elle dit retenir de la finale à laquelle elle a participé contre Raducanu.

« Le message est que rien n’est impossible et que les rêves se réalisent, a-t-elle dit. Je pense que le faire ici à New York était encore mieux parce que New York est l’endroit où tous les rêves se réalisent, où vous avez l’impression que de grandes choses arrivent. »

Eric Adams, le maire de New York, pourrait ajouter, comme le font les politiciens américains à la fin de leurs pubs télévisées : « Et j’approuve ce message. »