Si la reconnaissance de Réjean Genois était égale à son héritage pour le tennis québécois, il pourrait se passer de présentation. Ce héros de l’ombre a contribué à l’essor du tennis d’ici, mais surtout à l’affirmation des joueurs québécois sur la scène internationale. Après 33 ans à la présidence du conseil d’administration de Tennis Québec, Genois accroche sa raquette une fois pour toutes.

Avant d’accepter la présidence de Tennis Québec en 1989, Réjean Genois était déjà une figure importante du tennis québécois. Il a montré la voie. C’est ce qui définit les pionniers.

Il a été l’un des premiers athlètes du Québec, en compagnie de son grand ami Richard Legendre, à étudier dans une université américaine. En fait, l’université d’État de Floride a été la seule à répondre favorablement aux nombreuses lettres envoyées par les deux jeunes hommes de 17 ans de la région de Québec, au tournant des années 1970.

Quelques années plus tard, à la fin de la décennie, Genois est devenu le premier Canadien classé dans le top 100 mondial.

PHOTO ARMAND TROTTIER, ARCHIVES LA PRESSE

Réjean Genois

Le gamin qui frappait sur un mur d’école à Loretteville aura finalement réalisé son rêve de représenter le Canada à la Coupe Davis. Et ce, à neuf reprises. En plus de participer aux tournois de Wimbledon et de Roland-Garros et aux Internationaux des États-Unis.

Même si sa carrière de joueur a pris fin, il a voulu continuer à s’impliquer. Il a donc accepté le poste de président de Tennis Québec par intérim en 1989. L’intérim aura finalement duré plus de trois décennies.

Bien plus qu’un travail

À la fin du mois de juin, Tennis Québec a tenu une cérémonie pour célébrer la carrière de l’homme de 69 ans. « Je l’ai vécu avec beaucoup d’honneur, mais avec beaucoup d’humilité aussi », a souligné Genois.

Pour lui, c’est l’équipe avant tout. Un mot qui est revenu de nombreuses fois au cours de l’entretien. Tout comme le mot famille. Marié depuis près de 50 ans, aujourd’hui grand-père, Genois avait trouvé une autre famille chez Tennis Québec.

C’est une grande famille qui est tissée serré. Le tennis a construit ma vie, donc j’ai été touché.

Réjean Genois

Une famille dont il est très fier. Les artisans du tennis québécois ont dû travailler d’arrache-pied pour faire gagner ses lettres de noblesse à cette discipline. Leur fédération sportive est au troisième rang des plus populaires au Québec après celles du hockey et du soccer. « J’ai toujours dit que Tennis Québec, c’était une toute petite équipe passionnée qui a relevé de gigantesques défis et qui continue d’accomplir un travail extraordinaire. »

À ce sujet, la nouvelle directrice générale de Tennis Québec, Andréanne Martin, a souligné à quel point l’apport de son ami avait été grandiose. Elle a aussi souligné que son règne chez Tennis Québec s’est fait dans la discrétion, mais surtout dans l’efficacité. « Réjean est extrêmement humble et il ne veut pas trop de visibilité. Justement, quand on lui a préparé notre petit hommage, il était très touché et il ne voulait pas qu’on fasse ça trop gros. »

La traversée des époques

Réjean Genois est l’un des rares artisans ayant assisté et contribué à la révolution tranquille du tennis québécois.

S’il a été le premier Canadien à intégrer le top 100, il a aussi été témoin de la présence en finale des Internationaux des États-Unis de Leylah Annie Fernandez et de la percée dans le top 10 mondial de Félix Auger-Aliassime. Deux époques, un point commun : Réjean Genois. Il a précisé qu’il y a toujours eu une grande tradition tennistique au Québec. Il est fier d’avoir pu participer à la continuité de cette grande histoire.

Il ne l’a pas eue facile et il est resté impliqué toute sa vie. C’est sa longévité et sa passion qui m’impressionnent le plus.

Andréanne Martin, directrice générale de Tennis Québec

Passer 33 ans à la barre d’une même fédération est un exploit immense. Genois aurait pu déserter. Il en avait fait assez. Cependant, chaque année était une occasion d’embrasser l’un des plus grands amours de sa vie. « Je suis un homme fidèle, un homme passionné et un homme qui avait du plaisir à le faire. Le tennis, c’est toute ma vie. »

Sa plus grande fierté aura certainement été de permettre aux joueurs d’ici de rêver. De faire en sorte que le Québec soit reconnu sur la planète tennis. « Je me trouve comblé, chanceux et privilégié. »