(Zhangjiakou) L’équipe canadienne de sauts acrobatiques a remporté une médaille de bronze dans l’épreuve par équipes, présentée pour la toute première fois aux Jeux olympiques. Un podium pour commencer les Jeux, voilà une excellente manière de se donner confiance en vue des épreuves individuelles, ont déclaré tout sourire Marion Thénault, Miha Fontaine et Lewis Irving.

« C’est incroyable ! J’ai de la misère à réaliser que je suis une médaillée olympique. Je suis tellement fière de nous, de notre équipe. On a tellement travaillé fort, on est tellement bons, je suis juste fière », a dit Marion Thénault, qui sautillait partout lorsqu’elle a réalisé que le Canada mettait la main sur le bronze.

PHOTO DYLAN MARTINEZ, REUTERS

Lewis Irwing après son saut

Parmi les six pays en compétition dans l’épreuve, le Canada n’a pas eu de difficulté à se qualifier pour la grande finale. Lors de cette ultime course vers le podium, Marion Thénault a toutefois eu de la difficulté avec l’atterrissage de son double périlleux arrière avec trois vrilles. Le Canada est arrivé troisième (290,98 points) derrière les États-Unis (338,34) et la Chine (324,22).

« C’est sûr que ça ajoute une pression qui est différente de concourir en équipe. On ne veut pas décevoir [nos coéquipiers]. Mais les gars, they have my back. Ils sont là pour moi et je suis là pour eux. C’est ça, la beauté d’une équipe. On peut faire une erreur et on se rattrape ensemble », a expliqué l’athlète originaire de Sherbrooke. Près d’elle, Lewis Irving et Miha Fontaine acquiesçaient à ses paroles.

On veut se [soutenir], on est tellement proches, on s’aime tellement qu’on veut être capables de s’aider les uns les autres.

Lewis Irving

Irving, qui participe à ses deuxièmes Jeux olympiques, vétéran de l’équipe de sauts acrobatiques, a d’ailleurs été le dernier membre de l’équipe canadienne à s’élancer sur la rampe. À ce moment, il était bien conscient que son saut pouvait le maintenir en 3e position ou le faire glisser en bas du podium. Son expérience olympique à PyeongChang l’a aidé à demeurer calme.

« Pendant la compétition, je regarde les sauts de tout le monde, je vois ce qui se passe. Je savais que si j’atterrissais, on restait sur le podium. Je m’entraîne et je vis pour cette pression-là et visiblement, ça a bien fonctionné », a-t-il souligné.

L’athlète de Québec a traversé la zone de médias en portant un drapeau du Canada suspendu à un bâton de hockey. « Je ne sais pas d’où vient le bâton. On me l’a mis entre les mains et je ne veux plus le lâcher parce que je le trouve cool », a dit le skieur en riant.

De père en fils

Avant de s’envoler vers la Chine, le père de Miha Fontaine, le quadruple champion du monde en sauts acrobatiques Nicolas Fontaine, lui a dit : « Prends cette compétition comme les autres, mais profites-en ! Ce sont les Jeux olympiques ! » Nicolas Fontaine a aussi remporté une médaille de bronze dans l’épreuve de démonstration de sauts acrobatiques aux Jeux d’Albertville, en 1992.

Miha Fontaine a skié avec une réplique des gants que son père portait aux Jeux de Nagano. « Je les ai pris juste avant de partir, dans le garage. Ils datent de 1998, mais ils sont encore neufs », a expliqué le skieur de 18 ans, l’un des plus jeunes athlètes de l’équipe canadienne aux Jeux.

PHOTO BEN STANSALL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Miha Fontaine

Tu portes ces gants pour te porter chance ? lui a demandé La Presse. « Non, c’est vraiment parce qu’ils sont plus chauds que les nouveaux gants. C’est pour ça que je les mets », a-t-il répondu en riant.

Le jeune athlète a tout de même dit qu’il était honoré de suivre les traces de son père. Ce dernier est actuellement entraîneur de l’équipe québécoise de sauteurs.

« C’est fantastique de poursuivre l’héritage de ma famille en ski. Je manque de mots pour décrire ce que ça me fait. » Il exposera son dossard et sa médaille aux côtés de ceux de son père dès qu’il sera de retour à la maison.

Vers d’autres médailles ?

Les trois sauteurs ne pourront pas étirer leurs célébrations bien longtemps. Les qualifications pour les épreuves individuelles de sauts acrobatiques auront lieu le 13 février pour les femmes et le 15 pour les hommes.

Marion Thénault, qui est passée de la gymnastique aux sauts acrobatiques en 2017, compte bien profiter de l’expérience et de la confiance qu’elle a acquises pendant l’épreuve par équipes.

« Quand ç’a été mon tour de descendre en qualifications, j’ai réalisé que j’étais aux Jeux olympiques. J’ai eu un gros wow d’émotions. J’ai réussi à faire un bon saut. Ç’a brisé la glace », a-t-elle expliqué.

« J’ai fait seulement deux sauts jusqu’à maintenant, mais ça me donne de l’expérience. Je vais savoir ce qui m’attend pour l’individuel. Je pense que ça me donne un petit avantage », a-t-elle ajouté.

Lewis Irving a aussi dit vouloir poursuivre sur cet élan olympique. « Ça nous motive beaucoup, mais il va falloir prendre un petit pas de recul, retourner à zéro, se calmer un peu, laisser les émotions redescendre. Dans deux jours, le travail recommence », a-t-il dit.