(Paris) Pour la première fois dans l’histoire des Jeux d’été, la cérémonie d’ouverture se déroulera non seulement hors d’un stade, mais aussi sur l’eau, avec un défilé sur la Seine dans Paris, un vrai défi avec près de 600 000 spectateurs attendus.

Le conseil d’administration du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris a annoncé lundi la validation de ce projet un peu fou, révélé cet été par le président Emmanuel Macron lors des JO de Tokyo. Il ne faisait guère plus de doute depuis cette sortie présidentielle que la Seine serait ce théâtre improbable d’une cérémonie pour le coup originale, et totalement inédite.

« Une première inédite, avant-gardiste », a déclaré Tony Estanguet, qui veut rendre la cérémonie « populaire et accessible au plus grand nombre », avec pour la première fois un accès gratuit pour une partie du public que les organisateurs espèrent à près de 600 000 personnes. « Une rupture », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse lundi soir, aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo. Celle-ci s’est félicitée qu’on « redécouvre la Seine », de surcroît « assainie » pour l’occasion.

PHOTO TOBY MELVILLE, ARCHIVES REUTERS

Plus de 160 bateaux accueillant les sportives et sportifs des plus de 200 délégations défileront sur le fleuve sur près de 6 km entre le pont d’Austerlitz et le pont d’Iéna en plein centre de Paris selon le plan prévu. La fin de la cérémonie se tiendra sur l’esplanade du Trocadéro.

Un défilé de 6 km sur la Seine

Les quais bas, les plus près de la Seine, seront aménagés en tribunes, tout comme une partie des ponts traversés, ce qui permettra une billetterie déclinable en gamme tarifaire. La partie haute des quais sera réservée au public sans billet, là encore, une première. Certaines péniches pourront aussi être utilisées pour recevoir du public.  

« Cela va permettre au peuple de regarder en vrai cette cérémonie », s’est réjouie Brigitte Henriques, présidente du comité olympique français.

Pour essayer de comprendre l’ampleur d’un tel projet, il suffit de se pencher sur les chiffres : 206 délégations, plus de 10 500 athlètes qui devront défiler sur plus de 160 bateaux sur 6 km, entre le pont d’Austerlitz et le pont d’Iena, le tout en près de 3 h.

Cela nécessite une logistique millimétrée, « avec des questionnements que nous avons évidemment sur beaucoup de sujets, météo, transport, spectacle », explique Thierry Reboul, le directeur des cérémonies de Paris-2024, chef d’orchestre de cet ambitieux projet.

La Seine permet aussi aux équipes de Paris-2024 d’envisager une partie artistique elle aussi extrêmement originale. Des artistes suspendus, des attractions sportives sur les ponts traversées, des jeux de lumière sur l’eau… « On fourmille d’idées », reconnaît Thierry Reboul.

À l’issue de ce défilé fluvial, les sportifs et les officiels, y compris les chefs d’État, se rejoindront en contrebas de l’esplanade du Trocadéro pour les discours et la fin de la cérémonie.  

Interrogé lundi soir sur le fait de savoir où serait allumée et où sera la flamme olympique dans le cadre de ce dispositif, Tony Estanguet a répondu : « cela ne fait pas partie des sujets qu’on a expertisés, on vous donne rendez l’année prochaine ».

Interrogé aussi sur son côut – sachant que le Cojo a actuellement un budget de 3,9 milliards d’euros (97 % d’argent privé) –, Tony Estanguet a indiqué que le coût des cérémonies sera « finalisé » en 2022. La cérémonie d’ouverture est la plus marquante, mais il y en a encore trois autres, celle de la clôture et les deux cérémonies des paralympiques.

Le chemin ne fut pas si simple pour arriver à la concrétisation de ce projet. Et si l’idée d’une telle cérémonie a germé assez tôt dans l’esprit des organisateurs, juste après l’obtention des JO en 2017, il a fallu surmonter quelques réticences.

Les principales sont d’ailleurs venues des forces de l’ordre qui ont assez vite souligné le défi sécuritaire d’un tel projet.

« Cela a soulevé très vite de nombreuses questions : comment filtrer les gens, comment sécuriser les lieux tout en permettant un accès libre ? Et si un bateau chavire, que fait-on ? » détaille une source policière proche des négociations.

Près d’une cinquantaine de réunions avec toutes les autorités impliquées, du ministère de l’Intérieur aux institutions fluviales de la Seine en passant par la mairie de Paris ont été nécessaires.  

« Sécurité garantie pour tout le monde »

Lors des dernières réunions sur le sujet, les forces de l’ordre avaient plutôt refroidi les ardeurs des organisateurs en voulant limiter le public à près de 250 000 personnes. Il semble donc que le bras de fer ait été remporté par les organisateurs et la Mairie de Paris.

« C’est important pour nous de conditionner la faisabilité de cette cérémonie d’ouverture en ville au fait que la sécurité soit garantie pour tout le monde », a résumé Tony Estanguet.  

Le premier ministre Jean Castex avait annoncé à l’issue d’un comité interministériel consacré aux JO en Seine–Saint-Denis il y a près d’un mois avoir demandé au ministère de l’Intérieur de formuler des propositions sur la sécurité de l’évènement « d’ici la fin de l’année ».

Les organisateurs vont « poursuivre les travaux engagés, en particulier sur les questions budgétaires, la sécurité et les conséquences sur la Ville et sur l’écosystème du fleuve », précise Paris-2024.   

La cadre est en tout cas posé et devrait sans nul doute marquer les esprits.

La cérémonie sur la Seine en chiffres

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 qui se déroulera sur la Seine sera une première hors d’un stade. Voici les principaux chiffres de cette cérémonie annoncée comme « révolutionnaire » par les organisateurs des JO.

– Nombre de spectateurs : « au moins 600 000 spectateurs », voici le nombre annoncé, fruit d’un consensus après de longues discussions entre les organisateurs et les autorités publiques, soit bien plus que les 80 000 places que contiennent le Stade de France. Ils pourront observer le passage des bateaux depuis les ponts et les quais du fleuve. Les accès depuis les quais hauts seront gratuits et depuis les quais bas payants. Ce nombre de 600 000 pourra évoluer en fonction du contexte sachant que les organisateurs ont à cœur de « l’optimiser ». Le nombre de billets payants n’a pas été précisé.

– Longueur du parcours : 6 kilomètres entre le pont d’Austerlitz et le pont d’Iéna, de quoi montrer à la télévision les plus beaux sites parisiens : Notre-Dame, Le Louvre, le pont Alexandre III… 80 écrans géants seront installés tout le long du parcours.

– Nombre de bateaux : environ 160 bateaux flotteront sur la Seine pour transporter les délégations des pays qui participent aux JO.

– Nombre d’athlètes : 10 500 sportifs et sportives venus du monde entier pour 15 jours de compétition du 26 juillet au 11 août 2024. Habituellement, tous les sportifs ne défilent pas le jour de la cérémonie d’ouverture, notamment ceux qui ont des épreuves dès le lendemain.

– Nombre de chefs d’État attendus : environ 120 chefs d’État, souverains ou chefs de gouvernement des pays présents.

– Téléspectateurs : environ un milliard de téléspectateurs attendus pour 3 h 15 de cérémonie programmée dont le déroulé sera calé au millimètre et préparé pendant des mois. Le directeur artistique n’est pas encore connu et sera choisi « courant 2022 ».

– Coût de la cérémonie : aucun chiffre n’a été avancé à ce stade