« Chaque athlète a son histoire et je pense que c’est ça qu’on doit célébrer. »

On parle souvent de podiums, de médailles et de résultats pendant les Jeux olympiques. La nageuse Katerine Savard, rencontrée dans les corridors du Centre d’excellence Sports Rousseau lors de la Classique Kevin Raphael le 7 août, a tenu à rappeler qu’une présence aux Olympiques est déjà, en soi, une grandiose réalisation sportive.

Médaille ou pas.

« Tous les athlètes qui ont réussi à se rendre là… La médaille, c’est juste le bonbon, a-t-elle fait valoir avec ardeur en entrevue avec La Presse. […] C’est moi qui avais la médaille en 2016. Mais est-ce que j’étais meilleure que quelqu’un qui n’en avait pas ? Non. C’est ce qu’on réalise. »

Je trouve qu’on est trop fiers du décompte des médailles. Mais on était 370 athlètes là-bas, je crois ? C’est de ça qu’on devrait être fiers.

Katerine Savard

« Je lisais quelque chose sur une de mes amies, une plongeuse, et ça disait qu’elle aurait mérité de terminer sa carrière à la hauteur de ce qu’elle est, poursuit-elle. Mais elle l’a fait, sa carrière ! Même si elle n’a pas de médaille ! Ce n’est pas le but ultime. Tout ce qu’elle a parcouru, c’est ça qu’il faudrait féliciter. »

L’équipe canadienne de natation a connu beaucoup de succès au Japon. Quand on la questionne sur l’ambiance qui a dû régner au sein du groupe, Savard préfère encore revenir sur l’ensemble du travail, qui a permis aux nageuses d’atteindre les Jeux dans un premier temps, puis d’y livrer des performances impressionnantes dans un deuxième temps.

« Juste le fait qu’on se soit rendues là, que tout le monde ait un parcours différent, une histoire, qu’on ait surmonté des moments plus difficiles… Je pense que c’est ça qui nous tient plus attachées [les unes aux autres] que les médailles », soutient-elle.

Contente, triste, fière…

De retour au Québec depuis le 3 août, Katerine Savard ressentait encore tout un amalgame d’émotions au moment de l’entretien.

« Je suis contente de ce que j’ai vécu, triste que ce soit déjà fini, un peu déçue de certaines choses, heureuse et fière en même temps », a-t-elle résumé.

PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Katerine Savard

Je me dois d’être fière de ce que j’ai fait. Ç’a été difficile dans les dernières années, je suis contente du parcours que j’ai eu jusque-là.

Katerine Savard

Et avec raison. À 28 ans, la native de Québec est l’une des meilleures nageuses au pays et ne compte plus les évènements internationaux auxquels elle a participé. Du nombre, trois Jeux olympiques.

À Tokyo, elle a pris part au 100 m papillon. Sa dernière participation olympique à cette épreuve remontait aux Jeux de Londres, en 2012, où elle avait pris le 16rang. Quatre ans plus tard, en 2016, après une mauvaise performance aux Essais canadiens, elle avait décidé de mettre de côté cette épreuve.

« Ça faisait cinq ans que j’avais peur de le faire [le 100 m papillon], a-t-elle mentionné. Mentalement, c’est une épreuve qui me faisait beaucoup de peine. Je sais que c’était mental, pas physique, mais j’avais beaucoup de difficultés à le faire. Et là, ç’a débouché tout d’un coup. Je ne pensais pas du tout me rendre en demi-finale, neuf ans plus tard [depuis les Jeux de Londres, en 2012]. C’est un feeling spécial. »

Dans cinq ou dix ans, quand Savard se remémorera les Jeux de Tokyo, elle se souviendra certainement de cette réussite.

Et des tests de dépistage, aussi…

« Hier, j’étais en train d’emballer mon uniforme de Tokyo et je me disais : « Mon Dieu, on a des masques avec les anneaux olympiques », a raconté la sympathique athlète en riant. C’est quelque chose qu’on ne revivra jamais. »

Pour la suite, on verra

En bonne athlète, la nageuse a déjà repris l’entraînement à l’heure où vous lisez ces lignes. Le 25 août, elle se rendra en Italie afin de prendre part à la Ligue internationale de natation.

Et ensuite ? Paris 2024 ?

« On me le demande beaucoup, mais on dirait que je n’ai pas envie de répondre à ça parce que moi-même, je ne le sais pas, a-t-elle laissé entendre. Dans ma tête, en ce moment, il n’était pas question que je me rende jusqu’en 2024. Mais j’ai l’impression que je me mets beaucoup de pression sur moi-même. Je me dis beaucoup : “il faut que je fasse ça”. Mais on dirait que j’ai plus envie d’y aller en me disant : “si j’ai du plaisir à le faire, on verra, si je ne suis plus capable de le faire, on verra”. »

« Là, pour l’instant, je m’en vais en Italie », a-t-elle conclu.