« Tout le monde m’appelait Céline là-bas. C’est un drôle de surnom, mais c’est vraiment resté. Et maintenant, quand les filles du Paris FC m’écrivent, c’est “la Céline”. »

La « C’line », même, si on se fie à la façon dont Evelyne Viens nous raconte l’anecdote.

Et elle en rajoute.

« En m’écoutant parler, une des filles m’a dit qu’elle pourrait fermer ses yeux et se sentir au Québec et voir des caribous. Elle m’a appelée le Caribou depuis ce temps-là. »

Pourquoi s’attarder à ces échos parisiens cocasses ? C’est que la joueuse de soccer de L’Ancienne-Lorette a vécu un passage remarquable avec le Paris FC, en première division française, la saison dernière.

Ses 11 buts en 14 apparitions entre octobre et mars ont en outre fait ouvrir les yeux d’Équipe Canada, qui l’a sélectionnée une première fois en février, en plus de l’inclure pour le tournoi olympique des Jeux de Tokyo.

Et la voici maintenant qui s’entraîne avec la légendaire Christine Sinclair en vue de ces Jeux.

Que s’est-il donc passé à Paris pour qu’elle vive un tel déclic ?

« Ç’a été facile de m’intégrer », se souvient-elle lorsque nous la joignons à Seattle quelques heures avant son départ pour le camp d’entraînement du Canada, à Los Angeles.

« Je parlais français. Le style de jeu m’a aidée à me développer. La coach avait de très, très hauts standards, donc j’ai appris à performer avec ça. »

La communication et la confiance de son entraîneur, donc, comme facteurs importants de ses succès.

« C’est vraiment plus simple pour moi de parler en français qu’en anglais. J’ai toujours mieux performé quand je me sentais bien avec mes coéquipières. Quand j’avais des questions, j’allais leur parler. Elles ne comprenaient pas tout le temps mes expressions québécoises, mais je me sentais bien dans le groupe. Même l’entraîneur, j’allais la voir. »

L’amour est dans le pré jusqu’à Orly

« Je n’étais jamais allée en Europe avant d’arriver à Paris », révèle Evelyne Viens.

Elle séjournait à Orly, en banlieue parisienne, en colocation avec trois autres joueuses de l’équipe.

« Une fille était suisse d’origine brésilienne, une autre était franco-allemande, et il y avait une fille des États-Unis qui était avec moi au New Jersey. Je pense qu’on a eu tous les chocs culturels possibles. »

Pas d’air climatisé. Un petit frigo qu’elles devaient se partager à quatre. Mais des amitiés qui resteront, dont celle avec Claire Savin, la Franco-Allemande dont elle fait mention.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @A2MSPORTCONSULT

Claire Savin

« Je lui ai fait découvrir L’amour est dans le pré. Elle a bien aimé ! Ça lui a même donné le goût d’aller au Québec. »

« On s’écrit souvent, ajoute la Québécoise. On s’entendait bien. Si j’avais des questions, j’allais la voir. Elle m’a vraiment aidée et j’ai vraiment eu du plaisir avec elle. »

On se doute bien que des souvenirs de Paris, elle en a aussi accumulé sur le terrain. Elle raconte que son dernier match, contre le rival de Bordeaux, a bien « bouclé la boucle ».

« Je suis rentrée comme remplaçante à la fin du match. On perdait 2-1. J’ai marqué deux buts. » Et le Paris FC l’a emporté 3-2.

Viens était satisfaite de « finir ça en beauté » et de pouvoir « en profiter avec l’équipe ».

Evelyne Viens, olympienne

Son regard se tourne maintenant vers le tournoi olympique. Et elle accueille la pression de représenter le Canada chaleureusement.

« Ce n’est pas tout le monde qui fait les Jeux olympiques. Je veux vraiment en profiter. D’avoir la chance d’avoir cette pression-là… je ne l’aurai plus souvent dans l’avenir. Des gros moments comme ça, ça n’arrive pas régulièrement. »

Il faut quand même apprécier chaque moment parce que les Jeux, ça arrive tous les quatre ans et ça ne veut pas dire que ça va arriver pour moi tous les quatre ans.

Evelyne Viens

Dans la foulée, Evelyne Viens a une pensée pour sa famille qui devra vivre son parcours à distance, comme depuis le début de la pandémie.

« Quand je vais terminer les Jeux, je vais en profiter avec les personnes que j’aime autour de moi. »

« Ma famille n’est jamais venue me voir jouer un match professionnel, se désole-t-elle. Je pense souvent à eux. J’aimerais ça qu’ils en profitent un peu plus, mais je sais qu’ils seront devant leur télévision. »