En subissant une huitième défaite en onze matchs, dont une en surtemps, le Canadien s’approche de sa fiche à pareille date l’an dernier. Avec sa fiche de 22-27-8, Montréal a seulement deux points de plus qu’après 55 matchs la saison précédente. Il a même remporté un match de moins, mais atteint la prolongation ou les tirs de barrage quatre fois de plus.

Le CH ne progresse donc pas seraient tentés de conclure plusieurs. Pas nécessairement. Dans les deux ou trois premières années d’une reconstruction, la progression au classement n’est pas synonyme de croissance de l’équipe. Il faut plutôt s’attarder aux progrès des membres du noyau d’avenir.

Que Josh Anderson connaisse une saison misérable avec seulement sept buts, que Jake Evans nous confirme qu’il est un centre de quatrième trio, que Jake Allen ait remporté un seul match depuis le 18 décembre et accordé 28 buts à ses sept plus récents départs, que Brendan Gallagher peine à suivre le rythme et que Tanner Pearson nous montre que sa valeur est presque nulle importe peu.

À la limite, la régression des défenseurs Jordan Harris, Johnathan Kovacevic, Justin Barron et, dans une certaine mesure, Arber Xhekaj, n’est pas dramatique parce qu’ils ne sont pas considérés par la direction dans le noyau restreint de six ou sept joueurs qui feront gagner l’équipe dans quelques années.

Qui peut-on inclure dans ce noyau et ont-ils progressé ? Il faut évidemment commencer par le premier trio, constitué de trois jeunes joueurs de moins de 25 ans.

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Nick Suzuki

Pour plusieurs, Suzuki représentait un deuxième centre, un troisième pour ses détracteurs les plus féroces. Ses 19 points à ses 11 plus récents matchs l’ont fait grimper au 32e rang des compteurs de la LNH avec 53 points en 55 matchs, à quatre points de Brayden Point et du 21e rang. Suzuki a un point de plus que Mika Zibanejad et deux de moins que Sidney Crosby. Il produit à un rythme de 79 points sur une saison complète.

En quelques semaines seulement, Juraj Slafkovsky s’est transformé de timide jeune joueur en formidable attaquant de puissance. Il a obtenu 12 points à ses 8 derniers matchs, 22 points à ses 24 dernières rencontres. Il n’a pas encore 20 ans !

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Cole Caufield

Cole Caufield, 23 ans depuis janvier, marque moins souvent que l’an dernier, mais il offre dans les dernières semaines un jeu plus complet et produit à un rythme légèrement supérieur à l’an dernier au chapitre des points. Il est en route vers une saison de 67 points, mais à sa cadence actuelle, il pourrait aisément atteindre les 70 points.

Malheureusement, l’autre jeune pièce maîtresse à l’attaque, Kirby Dach, 23 ans, a subi une blessure dès la deuxième rencontre. Ses 16 points à ses 18 derniers matchs avec le CH, incluant le premier de la saison à Toronto, son solide camp d’entraînement et son efficacité en défensive et en protection de rondelle laissent entrevoir de belles choses en santé, s’il le demeure. On entretiendra néanmoins des doutes jusqu’à sa première saison complète.

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Alex Newhook

Alex Newhook, 23 ans, a montré certains flashs dans une saison interrompue par les blessures. En 28 parties, il produit à un rythme de 23 buts et 44 points. Il y a une progression en ce sens, et Newhook peut aspirer à un poste sur un top 6 à la lumière de ces résultats, sans pour autant être considéré comme un joueur de premier plan, du moins pour l’instant.

Il manquerait au Canadien au moins trois solides joueurs d’attaque pour constituer un top 9 solide, en acceptant le fait que le neuvième soit un joueur limite quatrième trio.

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Tij Iginla

L’un de ces attaquants sera peut-être repêché dans le top 10 l’an prochain, un Cayden Lindstrom, ce géant de 6 pieds 4 pouces et 215 livres, 47 points, dont 27 buts, en 32 matchs à Medecine Hat, dans la Ligue junior de l’Ouest. Peut-être le spectaculaire Russe Ivan Demidov, 57 points en 28 matchs MHL, la ligue junior de Russie, ou un Tij Iginla, fils de Jarome, 65 points, point 37 buts, en 51 matchs à Kelowna, dans l’Ouest également. Mais les recruteurs du Canadien peuvent aussi se tourner vers un défenseur, évidemment.

Joshua Roy ? L’échantillon est encore trop mince pour lui confirmer une place dans le top 9 à long terme, même s’il montre certaines promesses. Owen Beck ? Il produit à un rythme fou depuis son arrivée à Saginaw, avec 30 points en 18 matchs, mais on ne lui voit pas un potentiel offensif dans la LNH. À suivre. Filip Mesar et Sean Farrell auront du travail à faire pour prouver qu’ils peuvent aider le CH à long terme.

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Joshua Roy

Il ne faut pas écarter l’idée d’un autre échange semblable à celui de Dach ou de Newhook, avec un Zegras, Turcotte ou autre. Zegras néanmoins coûterait au moins un choix dans le top dix. À moins de faire une gymnastique incroyable comme dans le cas de Dach. Pas impossible.

En défense, Kaiden Guhle demeure le seul jeune de la formation actuelle à qui on peut prédire une place dans le top 3 à long terme. Son rendement offensif a légèrement baissé, mais son jeu dans l’ensemble a progressé, à la droite au sein de la première paire avec Mike Matheson. Il joue désormais rarement moins de 21 minutes par match. Matheson, d’ailleurs, aura deux autres bonnes saisons à donner au Canadien avant l’expiration de son contrat. C’est une valeur sûre importante.

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Kaiden Guhle

Le défenseur droitier David Reinbacher sera l’une des clefs de l’avenir, espère la direction. Il n’a pas été repêché au cinquième rang pour rien. Il a connu une saison plus difficile en Suisse, marquée par des blessures, des performances collectives minables de son club et des changements d’entraîneur, mais son potentiel demeure intact. On devrait le voir à Laval dans les prochaines semaines.

Sinon, c’est l’incertitude. Justin Barron a montré par moments qu’il pouvait appartenir à un top 4 de la LNH, mais il manque de constance. Il a seulement 22 ans, mais ne sera pas le prochain Alex Pietrangelo. Il est en compétition directe avec Logan Mailloux, troisième compteur chez les défenseurs de la Ligue américaine avec 35 points en 48 matchs, à seulement 20 ans, mais qu’il faut éviter de confondre avec Brent Burns.

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Lane Hutson

Lane Hutson ? Le grand mystère. Outrageusement dominant dans la NCAA avec 85 points en 67 matchs depuis deux ans. Mais pas explosif pour un joueur de 5 pieds 8 pouces. Pourrait devenir le prochain Adam Fox ou Marc-André Bergeron, un spécialiste offensif dans la Ligue nationale entre 2003 et 2013. Les avis sont partagés et on ne le saura pas avant ses premiers coups de patin à Montréal en fin de saison. Si le premier scénario se concrétise, le CH fera des pas de géant.

Jayden Struble constitue une agréable surprise. Au sein d’une équipe prétendante, il est davantage à sa place au sein d’une troisième paire. On souhaite évidemment chez le Canadien voir Arber Xhekaj améliorer son jeu défensif, surtout ses décisions avec et sans la rondelle, de façon à avoir une place régulière au sein d’une troisième paire. Il constitue un pacificateur d’une rare efficacité. Il a été opposé presque systématiquement au rugueux Tom Wilson samedi. Wilson a été doux comme un agneau…

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Jordan Harris

Jordan Harris et Johnathan Kovacevic devront se battre ces prochaines années pour conserver leur poste. On verra comment s’adaptera Adam Engström au jeu nord-américain.

Il faudra peut-être ajouter un défenseur de premier plan dans la fin vingtaine en cours de route, dans un échange ou sur le marché des joueurs autonomes.

Devant le filet, malgré quelques matchs plus difficiles récemment, Samuel Montembeault prouve qu’il peut être un gardien numéro un adéquat. Cayden Primeau semble appartenir à la LNH.

Voici donc le portrait de la situation. On a une certaine fondation, en cette deuxième année de reconstruction, mais tous les murs ne sont pas montés, ni le toit d’ailleurs. La plupart du matériel a été acheté, mais il faut le poser. On est encore loin de la décoration intérieure.

Montréal détient deux choix de premier tour en 2024, dont un fort probablement dans le top 10, deux choix de premier tour en 2025, et huit choix de deuxième et troisième tours lors des deux prochaines cuvées.

La direction n’a pas voulu prononcer le mot en « P » (playoffs) lors de son tournoi de golf annuel. Si on le fait l’an prochain, ça sera du bout des lèvres. L’année du grand décollage est attendue en 2025-2026. Soyez prévenus…

Le Canadien progresse-t-il ? (2)

Au plan collectif, le Canadien s’est amélioré dans quelques aspects du jeu, entre autres en supériorité numérique et lors des mises en jeu. Le rendement en infériorité numérique constitue encore une grande lacune.

Buts marqués en moyenne par match

  • 2023-2024 : 2,78 (27e)
  • 2022-2023 : 2,77 (26e)

Buts accordés en moyenne par match

  • 2023-2024 : 3,53 (29e)
  • 2022-2023 : 3,72 (29e)

Rendement en supériorité numérique

  • 2023-2024 : 20,1 % (18e)
  • 2022-2023 : 16,1 % (29e)

Rendement en infériorité numérique

  • 2023-2024 : 74 % (31e)
  • 2022-2023 : 72,7 % (29e)

Mises au jeu

  • 2023-2024 : 52,6 % (6e)
  • 2022-2023 : 48,5 % (25e)