(Paris) Voir Bergame et partir. Thibaut Pinot, idole du cyclisme français, pousse ses derniers coups de pédale cette semaine en Italie avant de raccrocher définitivement son vélo en laissant la trace d’un coureur sans nul autre pareil.

Après avoir pris la 36e place du Tour d’Emilie samedi, le grimpeur de Groupama-FDJ va participer lundi à la Coppa Bernocchi et mardi aux Trois vallées varésines en guise d’ultimes courses de préparation au Tour de Lombardie, cinquième Monument de la saison et dernier grand rendez-vous de l’année, samedi entre Côme et Bergame.

Pour le Franc-Comtois de 33 ans, la classique des feuilles mortes constitue le dernier rendez-vous tout court. Et la course, un toboggan sublime dans un cadre enchanteur, est bien l’endroit rêvé pour son crépuscule.

Car Pinot est un amoureux de l’Italie et c’est au Tour de Lombardie qu’il a remporté ce qu’il considère comme son plus grand succès – avant même ses trois victoires d’étape sur le Tour de France – lorsqu’il avait battu Vincenzo Nibali sur ses terres en 2018.

« La Lombardie restera sûrement la plus belle victoire de ma carrière. Et c’est la plus belle course de l’année. Donc finir là-bas, c’est top », dit-il.

Pour ses adieux, son équipe Groupama-FDJ a préparé « quelques petites choses », selon le gérant Marc Madiot, alors que Matthieu Ladagnous, équipier de Pinot, épingle lui aussi son dernier dossard lundi après dix-huit ans dans la maison.

Une « curva Pinot »

Les supporters de Thibaut Pinot, réunis notamment au sein du Collectif Ultras Pinot, feront le déplacement samedi et se regrouperont dans une « curva Pinot » comme ils l’avaient fait sur le dernier Tour de France en installant un virage Pinot volcanique lors de l’étape des Vosges.

« Je ne pensais pas que ce serait aussi fort au Tour. Peut-être que ce sera pareil à la Lombardie. Je me laisse porter par l’instant présent. C’est une page de la vie de l’équipe qui se tourne, une époque qui se termine », souligne Marc Madiot, submergé par l’émotion en juillet.

Longtemps seul en tête lors de son « jubilé » extatique sur le Tour de France, Pinot risque d’avoir du mal à renouveler l’exploit en Lombardie où la concurrence sera rude avec notamment Remco Evenepoel, Primoz Roglic et Tadej Pogacar qui visera une troisième victoire d’affilée dans cette classique montagneuse.

D’autant que la tournée d’adieu du Franc-Comtois a été difficile cet été avec un abandon sur chute au Tour de Poitou-Charentes et un abandon sur maladie au Tour du Luxembourg.

« Ça a été compliqué ces dernières semaines, j’ai eu une chute, puis un virus intestinal qui m’a bien affaibli. C’est dur de retrouver la forme, mais j’espère que ça va le faire pour la dernière semaine », a-t-il déclaré samedi au départ du Tour d’Émilie.

Dès dimanche, Pinot tournera la page de 14 saisons professionnelles pour un avenir qu’il voit d’abord loin du cyclisme et de l’effervescence du peloton, à laquelle il préfère la quiétude de sa ferme à Mélisey, en Haute-Saône.

Il laissera la trace d’un grimpeur romantique, généreux dans l’effort et les émotions, qui aura marqué son sport autant par ses victoires – 33 – que par ses échecs, notamment son abandon crève-cœur dans le Tour de France 2019 qu’il était bien placé pour gagner.