Michael Woods s’était donné un maximum de chances pour briller au Grand Prix cycliste de Montréal, où il s’était annoncé comme vainqueur potentiel, dimanche.

Sous le déluge, le grimpeur d’Ottawa est demeuré le plus longtemps possible à l’abri dans une tente avant de rallier la ligne de départ, où les 159 autres coureurs étaient déjà réunis vers 10 h 10.

« Il me reste quatre minutes », a-t-il lâché à La Presse, l’air concentré avant de clipper ses pédales pour rejoindre le peloton. Peut-être se rappelait-il l’épreuve sur route des Mondiaux de 2019, où il avait abandonné, frigorifié.

Malgré cette précaution et l’initiative de sa formation Israel-Premier Tech (IPT) en première moitié de course, Woods n’a pas été en mesure de concrétiser son souhait.

Le Canadien était pourtant au bon endroit à l’amorce du 18e et dernier tour du circuit de 12,3 km, bien au chaud dans le groupe de tête d’une vingtaine de cyclistes.

Mais quand le futur vainqueur Adam Yates a attaqué dans la voie Camillien-Houde, Woods était disparu des écrans radars. Il a franchi l’arrivée au 15rang, à 55 secondes du Britannique.

L’air maussade, il s’est réfugié sous une tente pour se changer avant de recevoir son prix de meilleur Canadien, un « titre » dont il pouvait difficilement se satisfaire. Il n’a d’ailleurs pas participé à la conférence de presse des lauréats.

« Je suis vraiment déçu du résultat et je m’attendais à mieux », a confirmé Woods dans une déclaration transmise en soirée par IPT.

« Malheureusement, je n’avais tout simplement pas les jambes dans le dernier tour. Je me sentais bien, même avec le mauvais temps au début, mais je n’avais pas les jambes à la fin. »

Pas la meilleure forme

Woods a eu une pensée pour son coéquipier Daryl Impey, le premier à se mettre au charbon derrière l’échappé Florian Vermeersch. Le Sud-Africain de 38 ans s’est rangé après 11 tours, rejoignant le box de l’équipe en pleurs.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Florian Vermeersch en échappée

Guillaume Boivin et Hugo Houle ont pris la relève à tour de rôle. De leur propre aveu, les deux Québécois n’étaient pas dans leur forme des grands jours.

Boivin a été le premier à abandonner, opérant carrément un demi-tour après la 13ascension de Camillien-Houde.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Guillaume Boivin

« Je ne pouvais pas vraiment faire mieux », s’est désolé Boivin, victime d’une chute au Renewi Tour, en Belgique, le 26 août. « C’est sûr que c’est décevant. »

Le Longueuillois a salué la force de Florian Vermeersch, resté seul à l’avant tandis que plusieurs attaquants ont tenté de le rejoindre en vain. Cette première portion d’épreuve sous les averses a laissé des traces.

Non, je ne suis pas satisfait. Ce n’était pas une grande course de ma part. J’ai couvert les échappées au début pour essayer qu’on soit représentés [en tête de course] et qu’on ne soit pas dans le trouble. Je n’avais pas de grandes jambes. J’ai fait du mieux que je pouvais avec les jambes que j’avais.

Guillaume Boivin

Boivin avait rejoint les siens dans la zone VIP quand Houle est passé devant lui en saluant la foule, avant de rentrer dans les puits avec deux tours à faire.

« On s’est bien battus, mais pour ma part, après cinq heures, j’avais des crampes, a expliqué le natif de Sainte-Perpétue. J’avais vraiment atteint ma limite. Je suis un peu déçu, mais je ne peux pas faire mieux aujourd’hui. »

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Hugo Houle, la veille de la course

La prestation collective d’Israel-Premier Tech à Québec vendredi, où Corbin Strong a fini deuxième, et à Montréal dimanche était cependant matière à réjouissance, à ses yeux.

« On a bien couru en équipe, on a montré qu’on était là. Un podium à Québec, c’est excellent. On espérait plus aujourd’hui, mais ça ne marche pas tous les jours. Je suis fier de la façon dont Israel-Premier Tech a couru. On nous a vus à l’avant. On progresse, et c’est bon pour le futur. »

Un ennui mécanique pour Julien

Composée dans la controverse après l’appel de deux laissés-pour-compte, l’équipe nationale canadienne a également vécu une course difficile, aucun de ses sept partants ne réussissant à rallier l’arrivée.

Matisse Julien, 20 ans, a été l’un des rares à se faire voir en début de course, mais une panne de dérailleur arrière a condamné sa tentative de revenir sur Vermeersch au moment où deux contre-attaquants s’apprêtaient à le rejoindre.

« C’est dommage, parce que je pense que j’étais dans ma meilleure journée depuis le mois de juin », s’est désolé le Lavallois, gagnant d’étape à la Ronde de l’Oise et au Tour de Beauce.

« Avoir su ce matin que j’étais dans une aussi bonne journée, je l’aurais peut-être joué différemment et je serais resté dans le peloton un peu plus longtemps. Mais parfois, ça ne va pas de ton côté. »

Malheureusement, Julien ne pourra pas se reprendre puisqu’il disputait sa dernière compétition de la saison. Le porte-couleurs d’Ecoflo Chronos rejoindra l’an prochain Robin Plamondon avec l’équipe française CIC U Nantes Atlantique, où il bénéficiera d’un calendrier plus costaud.