Pour Hugo Houle, la fin est « déjà actée ».

Si tout se passe comme prévu, le cycliste se retirera à la conclusion de la course sur route des Championnats du monde de Montréal, le 27 septembre 2026, date de son 36anniversaire de naissance.

« Ça va être ma dernière course. Il faut juste que je me rende là ! Le plan, c’est ça. »

Assis sur son vélo, samedi après-midi, Houle venait de prendre la pose pour ce qui se voulait le « coup d’envoi » de l’évènement qui se tiendra du 20 au 27 septembre 2026.

La prise de photo officielle s’est déroulée sur l’avenue du Parc, là où sera vraisemblablement tracée la ligne d’arrivée des épreuves de course sur route.

« Ça me rappelle que ça s’en vient vite », a raconté le représentant d’Israel-Premier Tech, qui s’apprêtait à faire un tour du circuit du Grand Prix cycliste de Montréal, dont la 12édition sera présentée ce dimanche (départ à 10 h 15).

« Les années passent vite », a ajouté Houle, sous l’oreille attentive de la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest.

Il faut essayer de profiter de chacune qui reste. C’est trois ans, mais en même temps, ça fait déjà longtemps que je suis sur le circuit. Être expatrié, c’est quand même difficile. Le sport est de plus en plus exigeant. Je veux donc faire trois belles années à fond. Et l’occasion [des Mondiaux] était trop belle pour passer à côté.

Hugo Houle

À 34 ans, son coéquipier Guillaume Boivin, lui, n’était pas prêt à s’imposer une telle échéance.

« J’aime ce qu’on fait et ça n’a jamais été aussi bien que ces trois dernières années. Aussi longtemps que je peux prendre du plaisir et évoluer à un niveau élevé, je vais continuer », a-t-il dit.

Coup d’envoi

En plus des deux cyclistes québécois et de la ministre, ils étaient nombreux à entourer la mairesse de Montréal, Valérie Plante, derrière le ruban blanc et arc-en-ciel tenu par les deux champions québécois U15, Sandrine Veilleux et Charles-Alexandre Veilleux.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Sandrine Veilleux et Charles-Alexandre Veilleux, champions québécois U15, tenaient le ruban blanc et arc-en-ciel derrière lequel posaient nombre de personnalités politiques et du monde cycliste.

Politiciens, représentants des fédérations, les anciens coureurs Karol-Ann Canuel, Steve Bauer et Antoine Duchesne ont été réunis par l’organisation présidée par Sébastien Arsenault.

Julian Alaphilippe (2020 et 2021) et Michał Kwiatkowski (2014), les deux ex-champions mondiaux présents pour les Grands Prix, ont repoussé leur séance d’entraînement de quelques minutes pour se joindre au groupe.

Kwiatkowski a résolument l’intention d’être de la partie. « Je ne suis certainement plus jeune, j’aurai alors 35 ans, mais c’est l’un des plus beaux circuits parmi toutes les courses que j’ai faites », a assuré le Polonais d’Ineos, vainqueur d’étape au dernier Tour de France.

Ce serait spectaculaire de courir ici et peu de villes dans le monde peuvent fournir un aussi beau circuit, avec le parc et la montée. Ce seront des Championnats du monde fantastiques.

Michał Kwiatkowski

Sans être identique à celui du Grand Prix, qui aura lieu deux semaines plus tôt à sa date habituelle, le circuit des épreuves sur route élites féminine et masculine sera sensiblement le même. Le mont Royal composera donc son cœur, avec l’incontournable voie Camillien-Houde et la côte de Polytechnique comme principales difficultés.

Ce tracé est lui-même inspiré des Mondiaux de 1974, les premiers présentés à l’extérieur de l’Europe. Le Belge Eddy Merckx y avait décroché son troisième et dernier maillot arc-en-ciel. Dans une courte vidéo dévoilée samedi, le plus grand cycliste de l’histoire a assuré qu’il conservait un « souvenir extraordinaire » de ce titre « très spécial ».

Rien n’est encore déterminé, mais l’épreuve masculine pourrait comprendre une portion en ligne avec un passage près du Stade olympique, à l’occasion du 50anniversaire des Jeux olympiques de Montréal, et un saut de puce sur la Rive-Sud avec une traversée des ponts Jacques-Cartier et Samuel-De Champlain, a affirmé Sébastien Arsenault.

Investissements publics

Selon Arsenault, « 75 % » du budget de 40 millions de dollars, annoncé en 2019, est assumé par les trois ordres de gouvernement et leurs agences. Le fédéral a dévoilé un investissement de 13 millions, le provincial de 7 millions et la Ville de Montréal de 3,9 millions.

En tout et pour tout, le PDG de Montréal 2026 calcule avoir réuni 32 millions en incluant les services. Il a donc invité les représentants de Québec inc. à se joindre à la fête.

« J’ai le budget pour livrer des évènements d’un point de vue sportif et sécuritaire, c’est tout », a prévenu Arsenault, qui souhaiterait faire davantage de promotion à l’international et bonifier l’évènement sur le plan festif.

Pour la mairesse Valérie Plante, la contribution de Montréal s’inscrit en droite ligne avec sa volonté de positionner la ville comme destination cycliste, tant localement qu’internationalement.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Sébastien Arsenault et Valérie Plante

« On a toujours aimé le vélo et on le démontre au quotidien quand on voit le nombre de citoyens qui se déplacent à vélo, soit pour se détendre, soit pour s’entraîner, ou encore pour aller travailler ou se rendre à l’école », a rappelé Mme Plante.

C’est définitivement une grande fierté pour nous. C’est pour cette raison qu’on n’a jamais cessé d’investir parce que notre administration croit fondamentalement que le vélo est bon pour la santé.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

D’ici les Mondiaux de 2026, la mairesse a promis de « continuer à investir massivement » pour conserver le « positionnement » de Montréal « comme une ville de vélo en Amérique du Nord ». Quant à la qualité déficiente du revêtement de la voie Camillien-Houde, Mme Plante a assuré que ce n’était « pas un enjeu ». « Quand il y a des événements comme les Mondiaux ou le Grands Prix cycliste de [dimanche], toute la question de la chaussée est vue et revue pour s’assurer que ce soit sécuritaire », a-t-elle affirmé.

La ministre Charest s’est pour sa part réjouie pour les jeunes cyclistes comme Sandrine Veilleux et Charles-Alexandre Veilleux (sans lien de parenté).

« J’espère que ça va servir à inspirer, et insuffler ce goût du dépassement de soi et à relever des défis, a déclaré la médaillée olympique en patinage de vitesse. Vous avez de très beaux modèles à côté de vous. Parlez-leur et essayez d’apprendre de leur parcours. Pour moi, cet évènement aura vraiment un legs extraordinaire. »

Le choix de Marion Rousse

Marion Rousse avait correctement prédit la victoire d’Arnaud De Lie vendredi à Québec. La directrice du Tour de France Femmes, qui a aimé sa première expérience d’analyste pour TVA Sports, a réfléchi quelques secondes avant de dévoiler son choix pour Montréal. « Mattias Skjelmose », a répondu l’ancienne championne de France. « Il a une grosse cote [lire : il n’est pas l’hyper favori], mais je le vois bien gagner sur ce parcours. »

Vérification faite sur les sites de paris sportifs : le Danois de Lidl-Trek, 10e à Québec et récent vainqueur de la Classique du Maryland, est le préféré des pronostiqueurs avec une cote de 4,25 contre 1. À 34 contre 1, le Canadien Michael Woods (Israel-Premier Tech) est une option intéressante, comme De Lie à 50 contre 1…