« Cher basketball,

À partir du moment

Où j’ai commencé à rouler les chaussettes de mon père

Et réussi des lancers gagnants imaginaires

Dans le Great Western Forum

Je savais une chose : 

J’étais tombé amoureux de toi. »

— Kobe Bryant (Dear Basketball, 2015)

Kobe Byrant était un homme de la Renaissance. Un touche-à-tout. Un athlète. Un artiste. Un surdoué. Un autodidacte trilingue, capable d’inscrire 50 points un soir et d’écrire un poème le lendemain.

Son palmarès ? Unique.

Cinq championnats de la NBA. Deux médailles d’or aux Jeux olympiques. Onze sélections dans la première équipe d’étoiles. Mais aussi un Oscar. Celui du meilleur court métrage d’animation, pour un film – magnifique – réalisé à partir de son poème Dear Basketball.

Son parcours ? Atypique.

Né aux États-Unis, Kobe Bryant a grandi en Italie. Il y a suivi son père, un basketteur professionnel. Le jeune garçon a appris la langue du pays. La culture locale. Les bases du soccer. Mais il y a surtout cultivé sa passion pour le basketball, notamment grâce à des vidéos de la NBA que son grand-père lui envoyait par la poste.

« Comme garçon de six ans

Profondément amoureux de toi

Je n’ai jamais vu le bout du tunnel

Je n’ai vu que moi

En sortir en courant. »

Kobe Bryant est revenu aux États-Unis pendant son adolescence. Sa passion pour le basketball n’a fait que grandir. Rapidement, il s’est imposé comme le meilleur joueur de son âge au pays. Tellement qu’il a fait le saut directement de son école secondaire, en Pennsylvanie, aux Lakers de Los Angeles, dans la NBA. À 18 ans. Un an plus tard, il devient une vedette en remportant le concours de dunks au match des Étoiles. Sa carrière est lancée.

Malgré ses débuts précoces dans la NBA – la plupart des joueurs passent par l’université –, Kobe Bryant ne se laissait intimider par rien. Pas même par l’autre grande star des Lakers, Shaquille O’Neal, avec qui il entretenait une relation difficile. Ensemble, les deux hommes remportent trois championnats consécutifs, de 2000 à 2002.

Kobe devient le roi de Los Angeles… et de Hollywood. Sony lui fait signer un contrat de disque. Les commanditaires se l’arrachent. Ses exploits sont racontés dans le Sports Illustrated et sa vie privée, dans tous les magazines people des États-Unis. Des accusations de viol, en 2003, viennent toutefois ternir son image parfaite. Bryant reconnaît son adultère et plaide une relation consentante. Mais ses commanditaires l’abandonnent. Des partisans aussi. L’affaire a finalement été réglée à l’amiable.

PHOTO MARK RALSTON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Kobe Bryant a remporté cinq championnats de la NBA et deux médailles d’or olympiques.

Cet épisode mis de côté, Kobe Bryant est revenu encore plus fort. De 2005 à 2008, il termine chaque saison en tête des pointeurs. En 2006, il réussit un match de 81 points – le deuxième total de l’histoire. Il est aussi un tireur prolifique. Son prénom est d’ailleurs associé à une expression populaire chez les jeunes qui parviennent à lancer de loin un objet dans un récipient.

La retraite de Kobe Bryant, en 2016, est hautement médiatisée. Chaque match ressemble à un concert d’adieu d’une rock star. « Les héros vont et viennent. Les légendes sont éternelles », dira-t-il.

Pour l’humilité, on repassera. Mais pour l’ambition, il n’a pas son pareil. Après sa carrière de basketteur, Kobe Bryant rêve de s’imposer dans d’autres domaines. Les arts. Les affaires. Avec succès. Il écrit un best-seller, The Mamba Mentality : How I Play. Il transpose son poème Dear Basketball en court métrage d’animation. Cela lui vaudra un Oscar. Une récompense dont il était fier, car elle faisait le pont entre deux de ses passions : le basketball et les arts.

En parallèle, peu avant sa retraite, il est revenu en couple avec sa femme. Les amoureux élevaient ensemble leurs quatre filles. Gianna Maria, 13 ans, partageait l’amour de son père pour le basketball. Kobe l’appelait Mambacita, un dérivé de son propre surnom, Black Mamba.

PHOTO LENNY IGNELZI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Kobe Bryant et sa fille Gianna Maria en 2014

La petite Gigi avait un entraînement dimanche à l’extérieur de Los Angeles. Kobe l’accompagnait. Pour gagner du temps, ils ont décidé de voler en hélicoptère.

Celui qui s’est écrasé dimanche dans les montagnes au nord de la ville.

Les deux sont morts sur le coup. En allant jouer au basketball. Leur amour le plus cher.

« Nous savons tous les deux

Peu importe ce que je ferai ensuite

Je serai toujours ce garçon

Avec les chaussettes roulées

La poubelle au coin

Cinq secondes au cadran

Le ballon dans mes mains

5… 4… 3… 2… 1…

Je t’aimerai toujours,

Kobe. »