(Jérusalem) Le mouvement islamiste palestinien Hamas donne lundi sa réponse à une proposition de trêve dans la guerre avec Israël à Gaza, assiégé et menacé de famine, associée à une libération d’otages.

Une réunion tripartite doit avoir lieu au Caire entre l’Égypte, le Qatar et le Hamas dont la délégation sera conduite par Khalil al-Hayya, membre de la branche politique du mouvement pour la bande de Gaza et très impliqué dans les négociations, a indiqué à l’AFP un haut responsable du Hamas sous couvert d’anonymat.

« L’atmosphère est positive, sauf nouveaux obstacles posés par Israël », a indiqué à l’AFP un responsable du mouvement islamiste qui a requis l’anonymat. « Aucun problème majeur n’est soulevé dans les observations et demandes que soumettra le Hamas au sujet du contenu de la proposition » lors de cette réunion, a-t-il ajouté.

Il s’agit d’une proposition élaborée par l’Égypte et amendée par Israël. Elle avait été présentée en réponse au Hamas qui, mi-avril, insistait sur un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, une hypothèse qu’Israël refuse d’envisager.

Les détails de la proposition israélienne n’ont pas filtré, mais d’après le site d’information américain Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de « l’établissement d’un calme durable » à Gaza.  

La rencontre au Caire intervient près de sept mois après le début de la guerre, déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.

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Une jeune fille verse de l’eau dans un camp de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 avril.

L’Égypte, le Qatar et les États-Unis tentent, jusqu’ici en vain, de convaincre les deux belligérants de cesser les combats. Fin novembre, une trêve d’une semaine avait toutefois permis la libération de 80 otages retenus par le Hamas contre 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

« Catastrophe »

La pression interne sur le gouvernement du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ne cesse de s’accentuer, à l’image d’une nouvelle manifestation, samedi soir, qui a rassemblé à Tel-Aviv des milliers de personnes pour exiger la libération des otages enlevés le 7 octobre.

Ce jour-là, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur Israël, entraînant la mort de 1170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.  

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son offensive à Gaza a fait 34 454 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan dimanche du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu cette semaine en Israël, où il s’était rendu pour la dernière fois en mars, ainsi qu’en Jordanie, a annoncé le Département d’État américain dimanche.

M. Blinken arrive lundi en Arabie saoudite, où se tient une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF) au sujet du conflit.

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Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken

Lors de ce sommet de deux jours rassemblant de hauts dirigeants arabes et occidentaux à Riyad, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane, a affirmé que « la situation à Gaza est manifestement une catastrophe à tous points de vue, humanitaire, mais aussi un échec total du système politique existant à faire face à la crise ».

Invité à l’évènement, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé Washington à empêcher l’offensive terrestre qu’Israël affirme préparer contre la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, déjà régulièrement bombardée, et où s’entassent un million et demi de Palestiniens, principalement des déplacés.

« L’Amérique est le seul pays capable d’empêcher Israël de commettre ce crime », a déclaré M. Abbas, selon lequel une telle opération, annoncée par les responsables israéliens, serait « le plus grand désastre de l’histoire du peuple palestinien ».

« S’il y a un accord (de trêve), nous suspendrons l’opération à Rafah », a cependant déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, samedi à la chaîne israélienne N12.

Dans la nuit de dimanche à lundi, trois frappes israéliennes nocturnes à Rafah ont tué 16 personnes, ont indiqué des sources hospitalières à l’AFP. Deux autres frappes ont fait sept morts à Gaza-ville (centre), d’après l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.

L’armée israélienne a indiqué dimanche avoir frappé « des dizaines de cibles terroristes » dans le centre de Gaza. Et tout au long de la journée de samedi, la marine israélienne a visé des cibles du Hamas et fourni un appui au troupes déployées dans le centre du territoire, a indiqué l’armée dimanche.

Jetée en construction

Outre les destructions et le lourd bilan humain, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où vivent 2,4 millions de personnes. Strictement contrôlée par Israël, l’aide humanitaire entre au compte-gouttes.

« Nous devons nous débrouiller avec ce que nous recevons comme aide et conserves », déplore à Rafah Mohamad Sarhan, un déplacé de 48 ans, exprimant le souhait de voir « la guerre s’arrêter et nos souffrances cesser ».

Face aux retards et blocages d’Israël concernant la livraison par voie terrestre d’aide humanitaire à Gaza, le président des États-Unis Joe Biden avait annoncé début mars la construction d’un port artificiel.

La jetée en construction à Gaza devrait permettre d’ici « deux à trois semaines » d’acheminer davantage d’aide, mais « rien ne peut remplacer les routes terrestres et les camions qui entrent » à Gaza, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby dimanche lors d’une interview à la chaîne ABC.

Lors d’un échange téléphonique dimanche, MM. Biden et Nétanyahou ont, dans ce domaine, « discuté d’une augmentation de l’acheminement de l’aide humanitaire » à Gaza, « notamment via des préparatifs pour l’ouverture cette semaine de nouveaux points de passage dans le nord » du territoire côtier, selon un communiqué de la Maison-Blanche.  

Joe Biden a insisté « sur la nécessité de progrès durables et amplifiés en totale coordination avec les organisations humanitaires ».

L’armée israélienne a indiqué samedi que 25 000 camions d’aide humanitaire étaient entrés dans Gaza depuis le 7 octobre. Le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), avance, lui, le chiffre de 23 000 camions.

En mer Rouge, les forces américaines ont abattu dimanche cinq drones aériens qui présentaient une « menace imminente » pour la navigation marchande, d’après le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

Les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent de larges pans du Yémen et soutiennent le Hamas, mènent depuis novembre des attaques contre des navires qu’ils estiment liés à Israël.