Les espoirs d’une trêve dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste Hamas semblent ravivés, au moment où le premier bateau d’aide humanitaire a fini samedi de décharger sa cargaison dans le territoire palestinien menacé de famine.

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Les bombardements israéliens se sont poursuivis samedi dans la bande de Gaza où 36 membres d’une même famille ont été tués dans le camp de réfugiés de Nuseirat (centre), d’après le ministère de la Santé du Hamas.

« Ils ont bombardé la maison alors que nous étions dedans », a raconté à l’AFP Mohammad al-Tabatibi, 19 ans, près des corps alignés de ses proches dans l’hôpital Al-Aqsa de Deir al-Balah.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens transportent une victime extraite des décombres d’une maison familiale touchée par un bombardement israélien dans le camp de réfugiés de Nusseirat, le 16 mars.

Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a dit examiner les « circonstances des faits », affirmant toutefois avoir « ciblé deux agents terroristes du bataillon “Nuseirat” » du Hamas.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de sources officielles israéliennes.

D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 32 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste palestinien qu’il considère comme terroriste, à l’instar des États-Unis et de l’Union européenne (UE). Son armée a lancé une offensive ayant fait 31 553 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Promouvoir le calme »

Samedi, des familles d’otages se sont rassemblées à Tel-Aviv pour demander une nouvelle fois la libération de leurs proches retenus à Gaza. « Partout où nous allons […] nous parlons de vous, nous chantons pour vous et nous prions pour vous », ont-elles scandé.

Après plus de cinq mois de guerre, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, pays médiateurs, tentent d’arracher un accord sur une trêve et un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007 et exigeait jusqu’ici d’Israël un cessez-le-feu définitif avant tout accord, s’est dit vendredi prêt à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages-femmes, enfants, personnes âgées et malades-pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens contre chaque otage libéré.

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Le secrétaire d’État américain Antony Blinken en discussion avec son homologue de Bahreïn, Abdullatif bin Rashid al-Zayani

Le mouvement demande également le « retrait de l’armée de toutes les villes et zones peuplées », le « retour des déplacés » et l’entrée d’au moins 500 camions d’aide humanitaire par jour à Gaza, a indiqué un de ses cadres à l’AFP.

En escale samedi à Manama, la capitale de Bahreïn, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, « s’est engagé à poursuivre la coordination » avec les « partenaires régionaux et internationaux » pour « promouvoir le calme pendant le mois sacré du ramadan » qui a commencé lundi, selon le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a pour sa part annoncé qu’une délégation israélienne devait se rendre au Qatar dans le cadre des négociations. Il a précisé samedi que les cabinets de guerre et de sécurité se réuniraient dimanche pour déterminer sa position avant qu’elle ne s’y rendre.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, un ténor d’extrême droite, s’est opposé samedi à l’envoi de cette délégation.

« Nétanyahou doit ordonner à […] l’armée d’entrer immédiatement à Rafah et d’intensifier la pression militaire jusqu’à ce que le Hamas soit détruit », a-t-il écrit sur X, en référence à une offensive - qui pourrait avoir lieu à défaut d’accord de trêve ou après - dans cette ville du sud de la bande de Gaza, et dont les « plans d’action » ont été approuvés vendredi par le premier ministre.

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé a exhorté samedi Israël à renoncer à un assaut sur Rafah « au nom de l’humanité ».

Environ 1,5 million de Palestiniens sont massés dans cette ville, selon l’ONU.

Autre bateau prêt

L’ONU redoute une famine généralisée dans le territoire palestinien. De l’aide humanitaire est acheminée par voie terrestre et entre dans le sud de la bande de Gaza après avoir été inspectée par Israël, mais reste très insuffisante au regard des besoins des 2,4 millions d’habitants.

Parti de Chypre, un bateau de l’ONG espagnole Open Arms transportant 200 tonnes de vivres de l’organisation World Kitchen Central (WCK) est arrivé vendredi sur la côte de Gaza, où il a fini samedi de décharger sa cargaison, qui doit être acheminée dans le nord de la bande de Gaza, où la situation humanitaire est particulièrement catastrophique.

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Un policier utilise un chien renifleur pour inspecter le cargo chargé d’aide humanitaire destinée Gaza, le 16 mars, dans le port de Larnaca, à Chypre.

Le porte-parole du ministère chypriote des Affaires étrangères, Theodoros Gotsis, a déclaré samedi qu’un deuxième bateau d’aide était prêt et qu’il allait partir pour Gaza ce week-end. Mais, selon WCK, les prévisions météo font état de mauvais temps entre dimanche et la fin de la semaine prochaine, ce qui pourrait retarder son départ.

Ailleurs, les efforts internationaux se multiplient pour tenter d’acheminer davantage d’aide, notamment par parachutage, via un pont aérien d’aide depuis la Jordanie.

Mais l’ONU, l’UE, les États-Unis et d’autres pays insistent sur le fait que l’acheminement d’aide par les airs ou la mer ne peut se substituer aux routes terrestres.