Le chef du mouvement palestinien Hamas doit se rendre mercredi en Égypte pour parler d’une trêve dans le conflit avec Israël à Gaza, une question sur laquelle a discuté âprement mardi le Conseil de sécurité de l’ONU où un vote a été de nouveau reporté.

Ce qu’il faut savoir

  • Le chef du Hamas sera en Égypte mercredi pour discuter d’un cessez-le-feu ;
  • Le vote du Conseil de sécurité, déjà repoussé plusieurs fois, a été reporté une nouvelle fois, à mercredi ;
  • Le secrétaire américain à la Défense a annoncé lundi la création d’une coalition face aux attaques de missiles et de drones des rebelles houthis du Yémen contre les navires transitant par la mer Rouge ;
  • Le Hamas a fait état de 19 667 morts dans les bombardements israéliens, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents.

À lire

Sur le terrain, l’armée israélienne a poursuivi mardi ses bombardements et ses opérations au sol dans la bande de Gaza, malgré les pressions internationales pour épargner les civils du territoire palestinien assiégé.

L’inquiétude d’une extension du conflit, déclenché le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas en Israël, va par ailleurs en grandissant, notamment à cause des attaques menées par les rebelles houthis du Yémen, qui comme le mouvement islamiste palestinien sont soutenus par l’Iran, contre le trafic maritime international en mer Rouge.  

Dans ce contexte, une source au sein du Hamas a annoncé la visite d’Ismaïl Haniyeh en Égypte mercredi, à la tête d’une délégation « de haut niveau » du mouvement palestinien.

Il doit avoir des discussions avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, « sur l’arrêt de l’agression et de la guerre pour préparer un accord de libération de prisonniers (palestiniens), la fin du siège imposé à la bande de Gaza », a indiqué cette source.

Vote repoussé à l’ONU

Peu de temps auparavant, le premier ministre Benyamin Nétanyahou avait, lui, annoncé avoir envoyé tout récemment « deux fois le chef du Mossad en Europe pour promouvoir un processus de libération (des) otages » encore retenus dans la bande de Gaza après avoir été enlevés le 7 octobre par le Hamas ou des groupes affiliés.

De son côté, l’organisation palestinienne Djihad islamique, alliée du Hamas, a diffusé mardi une vidéo de deux otages israéliens en vie et réclamant au gouvernement israélien d’accentuer les efforts en faveur de leur libération.

À New York, au siège des Nations unies, la question d’une « suspension » des combats – à défaut d’un cessez-le-feu, une éventualité que refuse Israël, qui pense qu’elle laisserait le contrôle de la bande de Gaza au Hamas – est au cœur d’âpres négociations sur une résolution qui devait être soumise au vote du Conseil de sécurité lundi.

Le vote du Conseil de sécurité, déjà repoussé plusieurs fois, a été reporté une nouvelle fois, à mercredi, pour permettre la poursuite des négociations, selon des sources diplomatiques.

Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, après l’attaque menée par le mouvement palestinien sur le sol israélien le 7 octobre qui a fait environ 1140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir des derniers chiffres officiels israéliens.

Quelque 250 personnes ont été prises en otages lors de cette attaque, dont 129 sont toujours à Gaza, selon les autorités israéliennes.

L’armée israélienne a annoncé la mort de 132 soldats dans la bande de Gaza depuis le début de ses opérations au sol le 27 octobre.

Dans le territoire palestinien, 19 667 personnes, en majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Rafah, 19 décembre 2023

Une trêve, mise en place du 24 novembre au 1er décembre, avait permis la libération de 105 otages à Gaza, dont 80 en échange de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

« Ligotés »

Sur le terrain, des frappes ont de nouveau visé Rafah et Khan Younès, dans le sud, ainsi que le centre de Gaza, selon des correspondants de l’AFP.

Mardi, 20 Palestiniens, dont quatre enfants, et un journaliste et sa famille, ont été tués dans un bombardement à Rafah, selon le Hamas.  

L’armée israélienne a par ailleurs annoncé mardi avoir découvert des explosifs dans un centre médical de Choujaiya, dans la banlieue de la ville de Gaza, détruit des tunnels du Hamas et tué des cadres du mouvement, lors de récentes opérations.

À Khan Younès, « nous étendons nos opérations et nous les approfondissons », a aussi déclaré mardi Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne.  

La guerre a plongé la bande de Gaza, soumise par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, dans une profonde crise humanitaire, mis hors service la plupart des hôpitaux, entraîné des destructions considérables et le déplacement de 85 % de la population, soit 1,9 million de personnes selon l’ONU.

PHOTO MOHAMMED ABED, AGENCE FRANCE-PRESSE

Rafah, 19 décembre 2023

L’hôpital al-Ahli Arab, un des derniers encore en service dans le nord de la bande de Gaza, a cessé de fonctionner mardi après avoir été pris d’assaut par l’armée israélienne, a indiqué son directeur, selon qui quatre personnes blessées lundi par des tirs israéliens dans cet hôpital de la ville de Gaza ont succombé.

« Ils nous ont bandé les yeux et ligotés […] Nous sommes restés ligotés pendant plus de neuf heures dans le froid », a déclaré à l’AFPTV un infirmier, Mohamad Araj, après avoir été déplacé, avec des blessés vers Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.  

Interrogée, l’armée israélienne n’a pas réagi dans l’immédiat à ces allégations.

« Pas d’endroit sûr »

PHOTO FATIMA SHBAIR, ASSOCIATED PRESS

La ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 décembre 2023

À Rafah, ville frontalière avec l’Égypte qui abrite des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui les combats plus au nord, des rescapés fouillaient au matin les décombres d’un immeuble effondré.

« Il n’y a pas d’endroit sûr. Aucun. Nous sommes des déplacés de la ville de Gaza. Nous sommes venus ici, nos maisons ont été détruites mais partout à Gaza, il y a des bombardements », a raconté à l’AFP Djihad Zorob, sa petite fille sur les genoux.

« Aujourd’hui, les Palestiniens sont contraints de se réfugier dans des zones de plus en plus petites […] tandis que les opérations militaires continuent de s’approcher de plus en plus », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Volker Türk, évoquant « un véritable enfer ».

L’armée israélienne a aussi indiqué avoir ciblé mardi des positions du Hezbollah, l’allié islamiste du Hamas au Liban, après avoir intercepté des tirs en provenance du pays voisin. Deux réservistes ont été légèrement blessés après des tirs contre une position israélienne près de la frontière, a-t-elle rapporté dans un communiqué.

« Approche plus ciblée »

Face au lourd bilan humain, les appels à l’apaisement se multiplient.

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a appelé mardi l’armée israélienne à « une approche plus chirurgicale, clinique et ciblée » contre le Hamas, l’exhortant à « minimiser les pertes civiles ».

En visite lundi à Tel-Aviv, le secrétaire américain à la Défense avait plaidé aussi pour l’acheminement de « davantage d’aide humanitaire dans la bande de Gaza », tout en assurant que les États-Unis allaient continuer à fournir « l’équipement » militaire nécessaire à l’armée israélienne.

Même si des camions d’aide et de marchandises sont encore entrés dans le territoire mardi par les points de passage de Rafah, via l’Égypte, et de Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, ces ravitaillements sont très loin de répondre aux besoins les plus élémentaires de la population.

« Les mesures limitées d’Israël, notamment l’autorisation de faire entrer plus de carburant, de nourriture et de gaz pour cuisiner, et l’ouverture de Kerem Shalom/Karem Abu Salem pour l’entrée de l’aide humanitaire, sont positives, mais loin d’être suffisantes », a lancé mardi devant le Conseil de sécurité des Nations unies l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland.