(Tel-Aviv) En déplacement au Proche-Orient, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a plaidé jeudi pour la reconduction de la trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, tout en appelant les autorités israéliennes à créer des zones « sûres » pour les civils palestiniens en cas de reprise des combats.

Pour sa troisième visite depuis le début de la guerre Israël-Hamas, le chef de la diplomatie américaine a mené d’intenses consultations avec des responsables israéliens et palestiniens, plaidant pour la reconduction de la trêve à Gaza tout en réaffirmant le « droit d’Israël à se défendre », mais dans « le respect du droit humanitaire international ».

Antony Blinken a appelé Israël à créer des zones « sûres » pour les civils dans le sud et le centre de la bande de Gaza en cas de reprise des combats entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Lors d’entretiens avec le premier ministre Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, il a jugé « impératif de tenir compte des besoins humanitaires et de protection des civils dans le sud de la bande de Gaza avant d’y mener des opérations militaires », selon un compte-rendu du département d’État.

« Des plans de protection humanitaire des civils doivent être mis en place afin de minimiser les morts de Palestiniens innocents », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à Tel-Aviv.

« Cela signifie prendre des mesures plus efficaces pour protéger la vie des civils, notamment en désignant clairement et précisément des zones et lieux dans le sud et le centre de Gaza où ils peuvent être en sécurité et à l’abri de la ligne de feu », a-t-il ajouté.

Les États-Unis, allié indéfectible d’Israël, craignent qu’une reprise des combats et surtout leur extension dans le sud de la bande de Gaza ne prennent au piège des centaines de milliers de civils qui y sont déplacés, comme cela s’est passé dans le nord, un scénario que M. Blinken a dit ne pas vouloir voir « répéter ».

En privé, des diplomates américains ne cachent pas que la succession de visites de M. Blinken en Israël vise en partie à maintenir la pression sur l’allié israélien, sans pour autant lui dicter la conduite de la guerre.

« Huitième jour »

Le chef de la diplomatie américaine a également exhorté la justice israélienne à traduire « les colons extrémistes qui commettent des actes de violence contre les Palestiniens en Cisjordanie », alors que les violences se sont multipliées depuis le début de la guerre dans ce territoire palestinien occupé par Israël.

Le chef de la diplomatie américaine s’est d’ailleurs rendu en convoi blindé à Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour y rencontrer le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

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Antony Blinken et Mahmoud Abbas

Les deux responsables ont « discuté du besoin urgent de mesures visant à améliorer la sécurité et la liberté pour les Palestiniens en Cisjordanie », selon un communiqué du département d’État, qui précise que M. Blinken a réaffirmé l’engagement des États-Unis pour des « mesures tangibles » envers un État palestinien.

Le président Abbas a « souligné le besoin d’urgent d’en arriver à un cessez-le-feu complet dans la bande de Gaza », a plaidé pour « l’acheminement d’aide humanitaire supplémentaire », et rappelé que ce territoire était une « partie intégrale de l’État de Palestine », a indiqué l’agence officielle Wafa.  

La trêve entre Israël et le Hamas, accompagnée d’un échange d’otages du mouvement islamiste palestinien contre des détenus palestiniens, « donne des résultats », a-t-il plaidé.

« Clairement, nous voulons voir ce processus continuer à avancer. Nous voulons un huitième jour et au-delà », a-t-il dit alors que la trêve reconduite depuis le 24 novembre doit théoriquement prendre fin vendredi à 7 h (0 h heure de l’Est).

Cette trêve négociée pied à pied, heure par heure, sous l’égide de l’Égypte et du Qatar, a offert un répit à la population de Gaza pilonnée sans relâche depuis l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Outre la libération d’otages, elle a permis d’accélérer l’envoi d’aide humanitaire cruciale à Gaza, a fait valoir M. Blinken, qui s’est également entretenu avec le président israélien, Isaac Herzog, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et le chef de l’opposition Yaïr Lapid.

Il devait encore se rendre vendredi à Dubaï pour participer à la COP28 et y poursuivre en marge ses consultations sur le conflit à Gaza avec des dirigeants arabes.