(Jérusalem) La trêve entamée vendredi entre Israël et le Hamas pourrait être prolongée de quelques jours, permettant des échanges supplémentaires d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens, mais elle semble ne pas pouvoir durer longtemps.

Les combats ont fait une pause, mais un cessez-le-feu durable semble hors de portée.

Le 7 octobre, quelque 1200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées et 240 prises en otage, selon les autorités israéliennes, lors de l’attaque du mouvement islamiste palestinien sur Israël, la plus violente de l’histoire du pays.

En réponse, Israël a bombardé massivement la bande de Gaza puis lancé une offensive terrestre, qui ont fait plus de 15 000 morts, essentiellement des civils, selon le gouvernement du Hamas.

Combien d’otages ont été libérés ?

Depuis le début de la trêve, 60 Israéliens et binationaux ont été libérés.

S’y ajoutent hors accord, c’est-à-dire sans contrepartie de prisonniers palestiniens, un total de 23 étrangers libérés (19 Thaïlandais, un Philippin, trois Russes).

Cinq otages avaient été libérés avant la trêve.  

Combien d’otages reste-t-il ?

Ni les autorités israéliennes ni le Hamas n’ont jamais fourni de liste d’otages. Quelque 240 personnes ont été emmenées à Gaza, selon les autorités.

Mardi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, Majed Al Ansari, a confirmé ne pas pouvoir chiffrer précisément le nombre d’otages toujours détenus.

Selon les calculs de l’AFP, environ 130 restent retenus à Gaza, dont au moins 36 femmes et mineurs. Mais Bassem Naïm, cadre du Hamas, rappelle que la branche armée du mouvement « a déjà annoncé que 60 otages étaient morts ».

Les dépouilles des otages décédés pourraient aussi constituer un enjeu de négociations futures.

Qui détient les otages ?

Le Hamas est en mesure de libérer d’autres otages « qu’il retient avec d’autres mouvements de la résistance et d’autres parties », a indiqué mercredi une source proche du mouvement.

Elle confirme ainsi qu’outre le Djihad islamique qui en détient aussi, d’autres organisations palestiniennes, mais aussi des groupes criminels font sans doute partie de l’équation.

Les autorités israéliennes sont muettes sur le sujet.  

Combien de prisonniers palestiniens libérés ?

L’accord de trêve stipule que pour un otage libéré, trois prisonniers palestiniens sortent des prisons israéliennes.

Au total 180 prisonniers – femmes et jeunes de 19 ans ou moins – étaient déjà retournés chez eux mercredi, en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est occupées.

Quels enjeux pour la bande de Gaza ?

Chaque jour de trêve permet au Hamas de se réorganiser après des semaines de bombardements intensifs et une opération israélienne au sol qui l’a considérablement affaibli.

Le mouvement n’a reconnu la perte que d’une poignée de commandants. Mais un responsable israélien a affirmé à l’AFP que l’armée avait « éliminé des centaines de terroristes et la plupart des commandants de bataillon ».

Chaque prolongation permet aussi la libération de détenus supplémentaires, une victoire dont Le Hamas est aujourd’hui auréolé.

« Cette trêve règle des besoins humanitaires, mais aussi tactiques sur le terrain », a indiqué à l’AFP mercredi un porte-parole du Djihad islamique.  

Quels enjeux pour Israël ?

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et l’état-major répètent que l’opération militaire n’est pas terminée. « On continue jusqu’à la fin, jusqu’à la victoire. Rien ne nous arrêtera », a-t-il déclaré dimanche.  

Mais l’opinion publique israélienne reste mobilisée pour faire libérer tous les otages.

Les objectifs d’Israël sont clairement énoncés : détruire la direction politique et militaire du Hamas, créer un nouveau cadre de sécurité durable pour Israël et libérer tous les otages.

Combien de temps la trêve peut-elle durer ?

Les médiateurs-Qatar, Égypte et États-Unis-s’activent pour que les armes restent silencieuses et que s’améliore la situation humanitaire à Gaza, qualifiée de « monumentale » par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu dans la nuit de mercredi à jeudi en Israël, espérant « voir cette pause prolongée ».

Mardi à Doha, Majed Al Ansari a indiqué pouvoir « dire avec un certain degré de certitude » qu’une vingtaine d’otages seraient libérés « dans les 48 heures ».

Au-delà, il ne devrait plus rester parmi les otages ni enfants ni femmes civiles. Les hommes âgés jusqu’à 40 ans, s’ils ont fait leur service militaire, sont réservistes comme tous les Israéliens, qu’ils aient été ou non en faction le 7 octobre.

Ils sont donc considérés à Gaza comme des militaires, ce qui change la donne des discussions. Il resterait à ce jour, selon l’AFP, au moins 11 soldats, dont quatre femmes et une quarantaine d’hommes en âge d’être réservistes.

Quelles sont les précédentes affaires d’otages ?

La plus emblématique affaire d’otage remonte en 2011, lorsque le soldat Gilad Shalit était libéré après 5 ans enfermé à Gaza, contre 1027 prisonniers palestiniens. Parmi eux, Yahya Sinouar, aujourd’hui chef du Hamas considéré comme l’architecte du 7 octobre.

Et après ?

Une reprise des combats ferait de nouveau peser le risque d’une extension du conflit dans la région, impliquant notamment la milice chiite libanaise pro-iranienne Hezbollah, qui a tiré plusieurs roquettes sur la frontière nord d’Israël après le 7 octobre sans pour autant ouvrir un véritable second front.  

Un cessez-le-feu solide permettrait éventuellement, à l’inverse, une reprise des discussions entre Israël et l’Arabie saoudite pour une normalisation de leurs relations.