Alors que les besoins sont « immenses », la levée de certaines restrictions autour de l’entrée de carburant et d’aide humanitaire « n’est pas la façon de protéger la population », selon Oxfam-Québec.

Le gouvernement israélien a annoncé vendredi qu’il autoriserait l’entrée quotidienne de deux camions-citernes de carburant dans la bande de Gaza, répondant à une demande de Washington.

Ce qu’il faut savoir

• Israël va autoriser le passage de deux camions-citernes de carburant par jour vers la bande de Gaza.

• L’État hébreu affirme qu’il ne mettra plus de limites aux demandes d’aide humanitaire.

• Le Hamas estime que 24 personnes sont mortes à l’hôpital al-Chifa en raison du manque d’électricité.

• Chypre annonce une entente prochaine sur l’ouverture d’un corridor humanitaire vers la bande de Gaza.

Plus tard dans la même journée, un porte-parole du gouvernement hébreu a indiqué qu’Israël ne mettrait plus de limites aux demandes d’aide humanitaire formulées par l’ONU, faisant ainsi écho à une pression internationale de plus en plus forte.

« Chaque liste que nous recevrons de l’ONU sera livrée, a déclaré le colonel Erad Goren. Nous allons l’examiner et [tout] entrera dans la bande de Gaza, c’est donc à l’ONU de nous fournir ces listes. Et s’il faut 400 camions, demain il y en aura 400. Nous ne limitons pas cette question. Il n’y a aucune limite. »

  • Des Palestiniens fouillent les décombres du lieu d’une frappe israélienne contre le camp de réfugiés de Nuseirat, dans la bande de Gaza.

    PHOTO MARWAN SALEH, ASSOCIATED PRESS

    Des Palestiniens fouillent les décombres du lieu d’une frappe israélienne contre le camp de réfugiés de Nuseirat, dans la bande de Gaza.

  • Vue du sud d’Israël, une fusée éclairante perce un nuage de fumée au-dessus de la ville de Gaza.

    PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS

    Vue du sud d’Israël, une fusée éclairante perce un nuage de fumée au-dessus de la ville de Gaza.

  • Des proches d’un soldat de Tsahal dont la dépouille aurait été trouvée près de l’hôpital al-Chifa sont rassemblés pour ses funérailles à Modi’in, en Israël.

    PHOTO OHAD ZWIGENBERG, ASSOCIATED PRESS

    Des proches d’un soldat de Tsahal dont la dépouille aurait été trouvée près de l’hôpital al-Chifa sont rassemblés pour ses funérailles à Modi’in, en Israël.

  • Un soldat israélien se tient debout sur un tank stationné près de la frontière avec la bande de Gaza.

    PHOTO AMIR COHEN, REUTERS

    Un soldat israélien se tient debout sur un tank stationné près de la frontière avec la bande de Gaza.

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Vendredi matin, les organismes humanitaires de l’ONU avaient annoncé avoir de nouveau suspendu leurs livraisons de nourriture et de produits de première nécessité à l’intérieur du territoire palestinien. Pourquoi ? Parce que les camions autorisés à faire la navette entre l’Égypte et la bande de Gaza en passant par le point d’entrée de Rafah n’avaient plus de carburant pour rouler.

« Les camions chargés d’aide humanitaire qui arrivent au point d’entrée de Rafah ne peuvent traverser dans la bande de Gaza et y circuler librement. Ils transfèrent leurs chargements, une fois inspectés pour être certain qu’on ne passe pas d’armement, à d’autres camions autorisés à entrer dans ce territoire. Ce sont ces derniers camions qui n’ont pas de carburant », résume François Audet, directeur général de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires, organisme associé à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.

« Si effectivement Israël permettait l’acheminement d’essence en quantité limitée, c’est une bonne nouvelle malgré tout. Il faut espérer l’entrée de vivres et d’eau potable. Il faut aussi que cette alimentation en essence permette d’alimenter les génératrices des cliniques, des centres de santé et des moyens de communication. »

Dans la nuit de vendredi à samedi, une première livraison de carburant est arrivée dans la bande de Gaza après le feu vert de Tel-Aviv afin de redémarrer les générateurs d’électricité des hôpitaux et des réseaux de télécommunications dans le territoire assiégé.

Pas assez

Pour Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec, la décision d’Israël d’autoriser le passage de deux camions-citernes demeure une goutte d’eau dans un océan de besoins.

« Ce sont des négociations à la petite pièce alors que les besoins sont immenses, dit-elle. On ne peut pas gérer la situation à Gaza où il y a de plus en plus de risques réels et avérés sur la population chaque minute avec le manque d’eau, d’électricité, de médicaments, etc. »

Quand on autorise un camion d’aide ou de carburant par-ci, par-là, ce n’est absolument pas la façon de protéger la population.

Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec

Selon Mme Vaugrante, environ 1,6 million de personnes déplacées de la bande de Gaza sont menacées par le manque de carburant, de nourriture et de produits de première nécessité.

24 morts à l’hôpital al-Chifa

De son côté, le regroupement islamiste Hamas, qui gère la bande de Gaza et est responsable des attaques du 7 octobre où 1200 Israéliens ont été tués, a déclaré que 24 malades de l’hôpital al-Chifa sont morts en raison du manque d’électricité.

PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, REUTERS

Un blindé israélien se déplace en périphérie de Gaza.

Depuis le milieu de la semaine, des militaires israéliens fouillent chaque recoin de ce vaste complexe hospitalier au centre de Gaza à la recherche de caches et de tunnels sous le contrôle du Hamas.

Le Hamas estime maintenant à 12 000 le nombre de Palestiniens morts depuis le début des répliques d’Israël, un chiffre impossible à vérifier de façon indépendante.

Au cours de la journée, sept Palestiniens auraient été tués par des soldats de Tsahal en Cisjordanie, soit cinq à Jénine et deux à Hébron.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une frappe contre trois immeubles de Khan Younès a encore fait 26 morts et 23 blessés graves, selon le directeur de l’hôpital Nasser de cette ville du centre de la bande de Gaza.

Un corridor à partir de Chypre ?

Par ailleurs, Chypre et Israël seraient sur le point de conclure un accord pour ouvrir un couloir d’aide humanitaire entre l’île méditerranéenne et la bande de Gaza, a annoncé le président chypriote Nikos Christodoulides.

PHOTO IBRAHEEM ABU MUSTAFA, REUTERS

Des Palestiniens sont rassemblés devant une boulangerie de Khan Younès dans l’espoir d’acheter du pain.

Selon le plan, l’aide serait collectée, inspectée et stockée dans l’île, puis envoyée dans la bande de Gaza à bord de navires contrôlés quotidiennement par un comité mixte comprenant Israël. Le convoi serait accompagné par des navires de guerre jusqu’à un point désigné sur la côte de la bande de Gaza, puis vers une zone sûre et neutre.

Canadiens en attente

Aucun mouvement n’a par ailleurs été enregistré du côté des Canadiens en attente de sortir de la bande de Gaza, vendredi. Tôt jeudi, l’Autorité générale des passages et des frontières de la bande de Gaza n’avait pas encore mis à jour sa liste quotidienne des titulaires de passeports étrangers approuvés et autorisés à quitter la bande de Gaza pour entrer en Égypte.

PHOTO FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Des Palestiniens et des détenteurs de la double nationalité sont rassemblés du côté égyptien de la frontière avec la bande de Gaza.

Le gouvernement canadien a annoncé qu’en date de mercredi après-midi, il était en contact avec 386 personnes toujours présentes dans le territoire assiégé. Jusqu’à présent, 367 Canadiens, résidents permanents et leurs proches ont pu s’échapper par le poste-frontière de Rafah.

Cinq États s’adressent à la CPI

Cinq États (Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie, Comores et Djibouti) ayant signé le traité créant la Cour pénale internationale (CPI) ont demandé à cet organisme de faire enquête sur ce qui se passe en Palestine, a annoncé le commissaire Karim Khan. « En recevant la saisine, mon Bureau confirme qu’il mène actuellement une enquête sur la situation », a dit ce dernier.

La CPI est chargée de faire enquête sur les pires atrocités commises dans le monde. Ses enquêteurs ne sont cependant pas entrés dans la bande de Gaza à ce jour ni en Israël, qui n’est pas signataire du traité.

La Maison-Blanche blâme Elon Musk

À Washington, la Maison-Blanche a fortement réagi à des propos tenus mercredi par le milliardaire Elon Musk sur le réseau X, dont il est propriétaire. Le milliardaire avait répondu à une publication affirmant que les personnes juives encourageaient la « haine contre les Blancs », en écrivant : « Tu as dit l’exacte vérité. »

« Il est inacceptable de répéter le mensonge hideux derrière l’acte d’antisémitisme le plus meurtrier de l’histoire américaine, et encore moins un mois après le jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l’Holocauste », a répliqué Andrew Bates, porte-parole de la Maison-Blanche, vendredi matin.

Avec l’Agence France-Presse, Associated Press, Reuters, Le Monde et La Presse Canadienne

Précision : Une version précédente de ce texte prénommait la directrice générale d’Oxfam-Québec Brigitte au lieu de Béatrice Vaugrante. Nos excuses.