(Bet Shemesh) La police israélienne a annoncé mardi enquêter sur des violences sexuelles, dont des viols et mutilations, soupçonnés d’avoir été commis sur des femmes par des combattants du Hamas le 7 octobre, une investigation qui promet d’être longue et délicate.

Ce jour-là, des commandos du Hamas se sont infiltrés dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, aux mains du mouvement islamiste palestinien, menant des attaques contre des civils d’une ampleur et d’une violence sans précédent depuis la création d’Israël en 1948. Environ 1200 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon les autorités.  

David Katz, l’un des chefs de l’unité de police criminelle Lahav 443, a annoncé « travailler sur plusieurs cas » d’agressions sexuelles et collecter des indices médico-légaux auprès de survivants, des images de vidéosurveillance et des informations données lors d’interrogatoires de combattants palestiniens arrêtés après le massacre.  

« Cette enquête […] est la plus importante de notre histoire », a estimé le commissaire en chef d’Israël Yaakov Shabtai.

Selon des spécialistes du droit interrogés par l’AFP, les attaques du 7 octobre sont susceptibles de relever des crimes de guerre qui, tels que définis dans le statut de Rome de 1998 ayant institué la Cour pénale internationale (CPI), incluent le viol.

La police a présenté à la presse internationale quelques documents servant de base à cette enquête qui prendra « plusieurs mois », selon M. Katz.

Une photo prise sur le site du rave de Reim (sud), visée par une des attaques, montre le corps d’une femme avec le bas du corps dénudé, allongée au sol sur le dos, les jambes écartées et présentant des traces de brûlure à la taille et aux membres.

Une autre photo montre une femme nue, jambes écartées, sa culotte baissée.

La police a encore montré l’audition filmée d’une survivante du massacre du rave.

La jeune femme, « S. », raconte avoir vu une femme être violée par plusieurs hommes : « ils la tenaient par les cheveux. Un homme lui a tiré dans la tête alors qu’il la violait », dit-elle.  

ADN, photos

« La grande majorité des victimes des viols et autres agressions sexuelles du 7 octobre, dont des mutilations génitales, ont été assassinées et ne pourront jamais témoigner », affirme Cochav Elkayam Levy, présidente de la commission parlementaire sur les crimes commis contre les femmes le 7 octobre.

Dean Elsdunne, porte-parole de la police israélienne, assure que des examens médico-légaux ont été pratiqués dans « la zone de combat » même, sur « des corps récupérés » et ensuite emmenés à la base militaire de Shura, dans le centre d’Israël.  

« Nous savons […] d’après les corps que nous avons vus sur le terrain, qu’il y a eu des viols et des agressions sexuelles », a-t-il déclaré aux journalistes.

« Nous avons rassemblé des indices visuels, des preuves ADN, nous avons pris des photos détaillées des corps », lorsqu’ils sont arrivés à Shura, même si tous n’ont pas pu faire l’objet d’une autopsie et de recherche des causes de la mort.

Sur les 1200 corps recensés, « des centaines » étaient dans un état très dégradé, selon la police. Dès la première semaine, des témoignages des secouristes de Zaka, parmi les tout premiers sur les lieux, mentionnaient des viols.  

Au centre d’identification des corps de Shura, le docteur Alon Oz, chargé des dépouilles des « centaines de soldats » qui figurent aussi parmi les victimes du 7 octobre, a déclaré avoir vu « des femmes brûlées avec les mains et les pieds entravés ».

« J’ai vu des [impacts de] tirs sur les parties intimes […] une tête manquante et des membres manquants », dit-il.

« Pelvis brisés »

Une autre intervenante, chargée de la toilette mortuaire et ayant demandé à être identifiée uniquement comme Sherry, a indiqué que certaines soldates avaient des « sous-vêtements pleins de sang ».

« D’autres personnes dans l’équipe ont constaté des bassins, des jambes et des pelvis brisés », a-t-elle ajouté.

Lorsque les combattants du Hamas ont fait exploser le poste-frontière d’Erez entre Israël et la bande de Gaza, ils sont rapidement arrivés dans une base militaire israélienne dédiée à la surveillance de la frontière, une fonction uniquement assurée par des soldates.

Plusieurs femmes y ont été enlevées, selon des témoignages de survivantes.

L’une d’elles est rapidement apparue dans une vidéo diffusée par le Hamas, tirée par les cheveux de l’arrière d’un véhicule dans Gaza, des blessures au niveau des chevilles et le pantalon maculé de rouge à l’arrière.  

À ce stade, l’enquêteur David Katz dit ne pas pouvoir établir que le Hamas avait donné des instructions pour violer des femmes, mais, assure-t-il, « rien n’a été commis au hasard ».

Les parents d’otages, dont au moins 80 sur 240 sont des femmes et des filles selon un décompte de l’AFP, tremblent à l’idée que des violences sexuelles puissent être commises sur leur proche pendant leur détention.  

Les images devenues virales de l’Israélo-Allemande Shany Louk, 22 ans, apparue le haut du corps dénudé et malmenée par des hommes à l’arrière d’un pick-up à Gaza, ont créé un climat d’angoisse. La mort de la jeune femme, qui participait au rave, a été confirmée par les autorités israéliennes en octobre.  

Dans les hôpitaux susceptibles d’accueillir des otages libérés, un protocole a déjà été mis en place. Il a été conçu par des associations féministes et d’aide aux victimes qui ont sensibilisé tout le personnel à une prise en charge attentive.