(Nations unies) Le Conseil de sécurité de l’ONU a de nouveau exposé ses divisions mercredi sur le dossier israélo-palestinien, rejetant deux projets concurrents de résolutions russe et américain sur la guerre entre Israël et le Hamas.

Le texte élaboré par les États-Unis prônait « une expansion rapide de l’aide » pour répondre « aux terribles besoins humanitaires urgents des Palestiniens à Gaza », a expliqué l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield.

Il affirmait également « le droit de tous les États à l’autodéfense » et plaidait pour des « pauses humanitaires ».

L’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre et les représailles menées par l’armée israélienne dans la bande de Gaza ont fait jusqu’ici plus de 1400 morts en Israël, selon les autorités, et plus de 6500 dans le territoire palestinien, selon le mouvement islamiste, majoritairement des civils des deux côtés.

La résolution américaine a été bloquée par les vétos russe et chinois, recueillant 10 voix pour, 3 contre (Russie, Chine et Émirats arabes unis) et 2 abstentions.

L’ambassadeur chinois Jun Zhang a décrit un document « largement déséquilibré, confondant le bien et le mal », tandis que le Russe Vassili Nebenzia condamnait un texte principalement « destiné à consolider la position américaine dans la région ». La Russie avait auparavant dénoncé l’absence dans le texte américain d’un appel clair à un « cessez-le-feu ».

« Bien que le vote d’aujourd’hui soit un revers, nous ne sommes pas découragés », a assuré Linda Thomas-Greenfield, accusant à l’inverse la Russie de « mauvaise foi », avec sa résolution visant davantage à « diviser le Conseil qu’à répondre aux besoins des Israéliens et des Palestiniens ».

PHOTO DAVID DEE DELGADO, REUTERS

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield

Ce deuxième texte, préparé par la Russie et qui appelait à un « cessez-le-feu humanitaire » immédiat et condamnait les « attaques abominables du Hamas », a lui aussi été rejeté, recueillant seulement 4 voix pour (Russie, Chine, Émirats arabes unis, Gabon), deux contre (États-Unis et Royaume-Uni) et 9 abstentions.

Le Royaume-Uni ne pouvait soutenir un texte « qui une nouvelle fois ne reconnaissait pas le droit d’Israël à se défendre », a déclaré l’ambassadrice britannique Barbara Woodward.

En moins de deux semaines, le Conseil a rejeté quatre projets de résolution, exposant au grand jour ses divisions et provoquant la frustration d’un certain nombre de diplomates devant cette incapacité à agir du Conseil au 19e jour de la guerre entre Israël et le Hamas.

Selon une source diplomatique, la France avait d’ailleurs tenté, en vain, juste avant les votes de convaincre Russie et États-Unis de retirer leurs textes.

Au nom des 10 pays non permanents du Conseil, Malte va maintenant s’atteler à une nouvelle proposition. « Nous avons un devoir et une obligation d’agir », a plaidé son ambassadrice Vanessa Frazier.

La semaine dernière, un premier texte russe n’avait pas été adopté, recueillant cinq voix en sa faveur, alors qu’au moins neuf voix sont nécessaires (sans veto d’un des cinq membres permanents).

Les États-Unis avaient eux mis leur veto à une résolution du Brésil, qui avait récolté 12 voix en sa faveur.

Face à la division affichée du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale de l’ONU, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, se saisira de la question jeudi et vendredi.

Au nom du groupe arabe, la Jordanie a proposé un texte qui appelle en particulier « à un » cessez-le-feu immédiat « et un accès humanitaire » sans entrave « à la bande de Gaza.

Les 193 États membres se prononceront sur ce texte « vendredi après-midi et nous espérons un succès pour permettre à l’Assemblée générale d’agir pendant que le Conseil de sécurité est paralysé », a déclaré mercredi l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour.