Des troupes israéliennes et des combattants du Hamas se sont affrontés dans la bande de Gaza dimanche, un des premiers épisodes du genre depuis le déclenchement du conflit, tandis que l’offensive terrestre annoncée par Israël depuis plusieurs jours tarde à se concrétiser. Des appels se multiplient pour réclamer d’abord la libération des otages détenus dans l’enclave où de l’aide humanitaire a été acheminée pour le deuxième jour d’affilée.

Ce qu’il faut savoir 

  • Un convoi de 14 camions d’aide humanitaire est entré à Gaza dimanche, le deuxième en autant de jours.
  • Un soldat israélien a été tué dans un kibboutz proche de Gaza où son unité préparait l’imminente offensive terrestre.
  • Des appels se multiplient pour exiger la libération des otages détenus par le Hamas.
  • Le président français, Emmanuel Macron, rendra visite au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lundi, a indiqué le bureau de ce dernier.
  • Le bilan des victimes dans la bande de Gaza s’élèverait maintenant à 4651 morts et plus de 14 000 blessés, selon le ministère de la Santé palestinien.

Le Hamas a affirmé que ses combattants avaient détruit deux bulldozers et un char de l’armée israélienne lors d’une embuscade à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, obligeant les troupes israéliennes à battre en retraite sans leurs véhicules, selon ce qu’a rapporté CNN.

L’armée israélienne a confirmé que ses forces opéraient à l’intérieur de Gaza lors de l’incident, et qu’un de ses chars avait répliqué à des tirs le visant.

Au 16e jour des hostilités depuis l’attaque du Hamas, le nord de la bande de Gaza a de nouveau essuyé des tirs ininterrompus de l’armée israélienne, le responsable d’un hôpital gazaoui qualifiant les 24 dernières heures de « sanglantes ».

Inquiets pour le sort de leurs enfants, des parents palestiniens écrivent maintenant leurs noms sur leurs jambes au cas où ils seraient victimes de l’une de ces frappes, a noté un correspondant de CNN sur le terrain.

PHOTO HATEM MOUSSA, ASSOCIATED PRESS

Des Palestiniens fouillent les décombres d’édifices pris pour cibles par des raids de l’armée israélienne à Deir al-Balah.

Les raids les plus meurtriers ont eu lieu à Deir al-Balah, où 80 personnes, dont des femmes et des enfants, ont péri et plusieurs immeubles ont été détruits, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Nous dormions chez nous, nous avons été réveillés quand les vitres ont explosé et des briques sont tombées. Nous nous en sommes sortis miraculeusement », a témoigné à Rafah une survivante, Oum Ahmad, à l’Agence France-Presse.

La libération des otages réclamée

En marge de ces frappes, un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés lorsque leur tank a été la cible d’un missile antichar tiré par le Hamas, a indiqué l’armée israélienne dimanche.

La troupe prenait part à une opération dans le kibboutz Kissufim, à l’est de la bande de Gaza, visant à préparer l’offensive terrestre par l’armée israélienne sur l’enclave qui, plus de deux semaines après le début du conflit, ne s’est toujours pas matérialisée.

Les États-Unis feraient pression sur l’État hébreu afin de retarder l’invasion dans l’espoir de permettre la libération de plus d’otages du Hamas et l’arrivée d’autre aide humanitaire dans l’enclave.

Au surlendemain de la libération de deux otages américaines, des voix se sont élevées pour s’assurer que les otages soient d’abord évacués, un enjeu de plus en plus chaud pour l’État hébreu.

Surtout compte tenu des déclarations d’un porte-parole de la branche armée du Hamas selon qui le groupe aurait aussi offert de libérer deux citoyens israéliens « pour des raisons humanitaires, sans rien espérer en retour », mais qu’« Israël a refusé ». Des allégations qu’a niées le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

Actuellement, 212 personnes, dont plusieurs ressortissants étrangers, seraient détenues à Gaza par le Hamas, selon ce qu’a indiqué un porte-parole de l’armée israélienne.

PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des soldats israéliens sont en position dans le kibboutz de Be’eri, limitrophe de la bande de Gaza.

Face à la menace d’une offensive terrestre sanglante pour les deux parties, des familles de ces détenus ont rencontré dimanche le président israélien, Isaac Herzog, durant près de deux heures à sa résidence de Jérusalem. Devant, une foule a entamé des chants mortuaires.

« Ne nous oubliez pas », a crié une femme devant une mer de drapeaux israéliens et de pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Ramenez-les à la maison », a rapporté le quotidien The Guardian.

De l’aide humanitaire de plus

Pas moins de 500 à 600 citoyens américains seraient par ailleurs bloqués dans la bande de Gaza, a révélé le secrétaire d’État, Antony Blinken, en accusant le Hamas d’être derrière cette opération. « Encore une fois, [le Hamas] démontre son manque de considération total pour tous les citoyens coincés à Gaza », a-t-il déclaré sur les ondes du réseau CBS.

Pendant ce temps, un convoi de 14 camions remplis de vivres destinés aux civils est entré dans la bande de Gaza dimanche, un deuxième en deux jours et pas le dernier, à en croire les dirigeants américains et israéliens.

« Une autre lueur d’espoir pour les millions [de personnes] ayant des besoins criants d’aide humanitaire. Mais ils ont besoin de plus, beaucoup plus », a indiqué le coordinateur des Nations unies pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, dans une déclaration publiée sur le réseau social X.

Tant le président américain Joe Biden que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ont « affirmé » que l’aide humanitaire continuerait d’affluer dans la bande de Gaza, selon un compte rendu d’un appel entre les deux hommes d’État publié par la Maison-Blanche dimanche.

PHOTO CALLUM PATON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des bénévoles de Croissant rouge du Qatar et de l’Égypte vident un avion-cargo transportant des denrées destinées à la bande de Gaza, à l’aéroport el-Arish, dans le Sinaï.

Tout en réitérant son soutien à Israël et « à son droit de se défendre contre le terrorisme », le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a également « appelé au respect du droit humanitaire international, y compris en matière de protection des civils », lors d’un appel avec le président Joe Biden et plusieurs autres dirigeants occidentaux.

Mais Israël ne fournira pas d’aide humanitaire à Gaza et s’assurera qu’aucune livraison non supervisée ne sera acheminée à ses citoyens, a toutefois prévenu Tel-Aviv, selon ce qu’a rapporté le média israélien Haaretz.

Macron en visite

Sur le plan diplomatique, ce sera au tour de son vis-à-vis français, Emmanuel Macron, de se rendre en Israël, a fait savoir le bureau de Benyamin Nétanyahou, dimanche.

Sur d’autres fronts, des avions israéliens ont frappé deux aéroports en Syrie et une mosquée en Cisjordanie qui auraient été utilisés par des militants du Hamas et leurs alliés. Tsahal a également poursuivi ses échanges de tirs maintenant quotidiens avec le Hezbollah à sa frontière avec le Liban, faisant craindre un élargissement du conflit.

Le Canada a indiqué pour sa part qu’il mettrait fin sous peu aux vols d’évacuation en provenance d’Israël, invoquant la baisse de la demande et l’offre croissante d’options commerciales.

Avec l’Agence France-Presse, Associated Press, CNN, The Guardian, NBC, Haaretz, The Globe and Mail