(Ghajar) L’armée israélienne a mené jeudi des frappes sur le sud du Liban après un tir de missile antichar non revendiqué effectué selon elle à partir de ce territoire.

Ce nouvel incident entre les deux pays, techniquement en état de guerre après plusieurs conflits, s’est produit dans la zone frontalière entre le Liban et le territoire du Golan syrien, occupé et annexé par Israël.  

« Un tir a été effectué depuis le territoire libanais et a explosé à côté de la frontière en territoire israélien », a indiqué l’armée israélienne, avant de préciser qu’il s’agissait d’un missile antichar.

En riposte, l’armée a annoncé avoir frappé « la zone à partir de laquelle le tir a été effectué », ajoutant que les auteurs du tir n’avaient pas été identifiés.

Au Liban, l’agence de presse officielle Ani a fait état de « plus de 15 obus d’artillerie » de calibre 155 mm tirés par Israël aux alentours de la localité de Kfar Chouba, à la frontière.

Cet incident survient trois mois après la plus importante confrontation de ces dernières années entre les deux pays, déclenchée par des tirs de roquettes depuis le Liban vers Israël début avril.  

Il survient également après une vaste opération militaire israélienne qui a pris fin mercredi dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Mur de béton

Plus tôt jeudi, le Hezbollah libanais avait dénoncé la décision israélienne de construire un mur autour du village de Ghajar, situé à cheval entre la partie du Golan syrien occupée par Israël et le Liban.

Après le retrait israélien du sud du Liban en 2000, qui a mis fin à 22 ans d’occupation, l’ONU a tracé une « ligne bleue » fixant la frontière entre les deux pays.

Cette ligne place la partie nord de Ghajar au Liban et la partie sud dans la section du Golan occupée et annexée par Israël.

Dans un communiqué, la puissante formation chiite libanaise a dénoncé la mise en place par Israël « d’une clôture de barbelés et la construction d’un mur de béton autour de toute la localité », qui désormais « sépare ce village de son environnement naturel et historique au sein du territoire libanais ».

« Ce développement majeur constitue une occupation totale de la partie libanaise de la localité de Ghajar par la force des armes et l’imposition d’un fait accompli », a ajouté le Hezbollah, appelant les autorités et les Libanais à « prendre des mesures pour empêcher la consolidation de cette occupation ».

La diplomatie libanaise a dénoncé mardi la tentative d’Israël d’annexer la partie nord de Ghajar, soulignant de « graves atteintes à la stabilité et au statu quo », une « violation flagrante de la résolution 1701 du Conseil de sécurité » de l’ONU, adoptée après la guerre ayant opposé en 2006 Israël au Hezbollah.  

Né après l’invasion israélienne du Liban en 1982, le Hezbollah pro-iranien est la seule formation libanaise à avoir conservé son armement depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), au nom de la « résistance » contre Israël.

Fin mai, il a organisé ses plus importantes manœuvres depuis des années dans le sud du Liban, dévoilant des armes lourdes et simulant des attaques contre le territoire israélien, selon des correspondants de l’AFP sur place.

Quelque 200 combattants encagoulés avaient en outre simulé l’ouverture d’une brèche dans le mur en béton érigé par Israël à la frontière et feint de s’y engouffrer.  

Fin juin, le Hezbollah a annoncé avoir abattu un drone israélien qui avait pénétré dans l’espace aérien du Liban, près de la frontière dans le sud du pays, une première depuis près de deux ans.

Jeudi, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée dans le sud du Liban pour veiller au maintien de la trêve entre les deux pays, a exhorté les parties « à faire preuve de retenue et à éviter toute action susceptible de provoquer une nouvelle escalade ».