(Jabbet ad-Dhib) Les autorités israéliennes ont détruit dimanche une école d’un village du sud de la Cisjordanie occupée, s’appuyant sur une décision judiciaire pour la qualifier d’« illégale » et « dangereuse », une démolition aussitôt dénoncée par la représentation locale de l’Union européenne, à l’origine de son financement.

Selon des correspondants de l’AFP, des bulldozers sont intervenus à l’aube pour détruire cette petite école primaire située à Jabbet Ad-Dhib, dans la région de Bethléem, après expiration d’un ultimatum de deux mois de la justice israélienne.

De mêmes sources, au moment de la démolition, ordonnée par la cour du district de Jérusalem selon la partie israélienne, la modeste structure était vide et le matériel avait été déplacé.

Des heurts ont éclaté entre des villageois, qui ont jeté des pierres et mis le feu à des pneus, et les forces de sécurité israéliennes, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.

PHOTO HAZEM BADER, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des heurts ont éclaté entre des villageois et les forces de sécurité israéliennes.

L’école, qui accueille 45 enfants, avait déjà été détruite en 2019 puis reconstruite, a affirmé Ahmed Nasser, un responsable du ministère palestinien de l’Éducation contacté par l’AFP. Il a déclaré qu’une tente serait érigée lundi afin d’accueillir les élèves, avec la fourniture de services de base comme l’eau et l’électricité.

Dans un communiqué, le Cogat, organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a affirmé que la structure avait été « construite illégalement sans permis ». Il a ajouté qu’elle constituait « un danger pour ses occupants », en s’appuyant notamment sur les conclusions d’un ingénieur quant au risque d’effondrement de l’édifice.

« Droit à l’éducation »

Ahmed Nasser a rejeté cet argument et souligné l’importance de l’existence de telles écoles dans des villages reculés de Cisjordanie occupée.

Elle permet de prévenir « le déplacement et l’éviction forcée (de population, NDLR), dans la mesure où Israël veut confisquer ces terres », a-t-il affirmé. « La présence de population le leur empêche ».

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L’école, qui accueille 45 enfants, avait déjà été détruite en 2019 puis reconstruite.

À l’origine de la requête en justice, Regavim, une ONG israélienne pro-colonisation, a au contraire estimé que cette construction entrait dans le cadre d’une politique palestinienne visant à « construire une structure sur une terre vierge, proclamer qu’il s’agit d’une école, puis faire de sa démolition une affaire humanitaire ».

La représentation de l’UE pour les Territoires palestiniens s’est pour sa part dite « consternée » par la démolition, une pratique « illégale au regard du droit international », et a exhorté les autorités israéliennes à « respecter le droit des enfants à l’éducation ».

« Israël devrait cesser toutes les démolitions et évictions, qui ne font qu’accroître la souffrance de la population palestinienne et aviver les tensions existantes », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Environ 490 000 colons juifs y habitent aussi dans des colonies considérées par l’ONU comme illégales au regard du droit international.