(Téhéran) L’Iran s’est montré lundi « optimiste » quant à une reprise des discussions sur le nucléaire iranien après l’examen d’un projet de compromis soumis par l’Union européenne et destiné à débloquer les négociations lancées en avril 2021 à Vienne et au point mort depuis mars.

« Nous restons optimistes sur le processus de négociation qui nous permettra d’aboutir à un résultat logique et raisonnable », a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans sa conférence de presse hebdomadaire.

Cette déclaration intervient après que le chef de la diplomatie européenne et coordinateur pour le dossier du nucléaire iranien, Josep Borrell, a soumis mardi dernier un projet de compromis et a appelé les parties engagées dans les pourparlers à Vienne à l’accepter pour éviter une « dangereuse crise ».

« Après l’examen du texte proposé [par M. Borrell], il est possible que dans un proche avenir nous puissions parvenir à une conclusion concernant le calendrier des négociations », a indiqué M. Kanani.  

« Nous assisterons probablement à un nouveau cycle de négociations. Mais […] cela dépend entièrement de la volonté de l’autre côté, en particulier du côté américain », a-t-il poursuivi.  

Mercredi, au lendemain de la présentation du projet européen, Téhéran avait appelé les États-Unis à montrer « dans la pratique » leur volonté de relancer l’accord nucléaire.

Washington « doit montrer qu’il est prêt à un accord raisonnable, logique et durable », a renchéri lundi M. Kanani.

Les pourparlers à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances pour relancer l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015 sont au point mort depuis mars après plus d’un an de discussion.  

Fin juin, le Qatar a organisé des pourparlers indirects entre l’Iran et les États-Unis-qui se sont désengagés de l’accord en 2018-dans l’espoir de remettre le processus de Vienne sur les rails mais ces discussions ont été interrompues après deux jours sans aucune avancée.

« Centaines » de nouvelles centrifugeuses

Selon M. Borrell, le texte proposé « aborde tous les éléments essentiels et comprend des compromis durement gagnés par toutes les parties ». Il aborde « en détail » la levée des sanctions imposées à l’Iran et les mesures nucléaires nécessaires pour rétablir le pacte nucléaire de 2015 dit JCPOA.

Conclu par l’Iran et six puissances (Russie, États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), le JCPOA vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran, accusé de chercher à se doter de l’arme atomique malgré ses démentis, en échange d’une levée progressive des sanctions internationales qui frappent l’économie iranienne.

Mais à la suite du retrait unilatéral en 2018 des États-Unis sous l’impulsion de Donald Trump et du rétablissement des sanctions américaines, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.

L’Iran a ainsi dépassé le taux d’enrichissement d’uranium de 3,67 % fixé par le JCPOA, montant à 20 % début 2021. Puis il a franchi le seuil inédit de 60 %, se rapprochant des 90 % nécessaires à la confection d’une bombe.

Lundi soir, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a déclaré à la télévision d’État que l’organisation avait commencé à alimenter en gaz des « centaines » de nouvelles centrifugeuses, y compris les centrifugeuses avancées IR-6.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) « a déjà été informée de cette action », a-t-il ajouté, sans préciser quel sera le taux d’enrichissement.

L’AIEA a rapporté en juillet que Téhéran avait commencé à « alimenter la cascade de centrifugeuses » avancées dans une usine d’enrichissement d’uranium récemment modifiée en vue d’une plus grande efficacité.