(Najaf) Sept manifestants ont été tués par balles mercredi soir dans la ville de Najaf, dans le sud de l’Irak, après que des partisans du leader chiite Moqtada Sadr ont déferlé sur un campement de manifestants opposés au gouvernement, ont indiqué des sources médicales.

Des dizaines d’autres manifestants ont été blessés, ont ajouté ces sources, précisant que les manifestants tués, avaient été touchés par des balles à la tête ou au torse.  

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La manifestation de mercredi à Najaf, avant les assassinats, qui ont eu lieu à la nuit tombée.

Depuis que Moqtada Sadr a apporté son soutien au premier ministre désigné Mohammed Allawi, fracturant la révolte populaire née en octobre, ses partisans et les manifestants antipouvoir aux côtés desquels ils défilaient depuis des mois se sont affrontés à plusieurs reprises dans différentes villes, sans toutefois recourir à des armes.

Campement incendié, manifestants attaqués

À Najaf, mercredi en fin d’après-midi, des sadristes avaient déferlé sur le campement de manifestants qui, depuis début octobre, réclament une refonte du système politique et rejettent M. Allawi et d'autres politiciens associés à l'élite gouvernante actuelle.

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Le leader chiite Moqtada Sadr, photographié le 29 octobre 2019 alors qu'il se joignait à une manifestation anti-gouvernementale à Najaf. Il a désormais changé d'avis et appuie le premier ministre désigné Mohammed Allawi, fracturant la révolte populaire née en octobre.

Des heurts ont ensuite éclaté en soirée entre les deux camps, avant que les forces de sécurité ne s’interposent, alors que des tentes où dorment les manifestants étaient en feu.

M. Allawi, qui ne prendra ses fonctions qu’une fois que son cabinet obtienne la confiance du Parlement sous moins d’un mois, a aussitôt appelé sur Twitter le gouvernement démissionnaire à « jouer son rôle qui est de protéger les manifestants ».

Les « casquettes bleues », bras armé de Moqtada Sadr

En soirée, à Diwaniya, une autre ville du sud, des centaines de manifestants étaient dans les rues, scandant des slogans hostiles aux partisans de Moqtada Sadr, qui ont adopté la « casquette bleue » comme signe de ralliement, a rapporté un correspondant de l’AFP.

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Des adeptes de l'ayatollah chiite Moqtada Sadr, reconnaissables aux casquettes bleues qu'ils portent en guise d'uniforme, contrôlent un conducteur à un point de contrôle improvisé à la place Tahir de Baghdad, mardi dernier.

Alors que les « casquettes bleues » sont sous le feu des critiques des manifestants depuis plusieurs jours, Sadr les avait appelés mardi à appuyer les forces de l’ordre qui tentent de faire rouvrir « pacifiquement » écoles et administrations fermées durant des semaines par un mouvement de désobéissance civile.

« Le devoir des casquettes bleues […] n’est pas de me défendre et de réprimer les voix qui scandent des slogans qui me sont hostiles », avait-il écrit.